AU PALAIS « Elles se prostituaient de 8 à 23 heures. Pour vous ce n’était peut-être pas très long, mais pour elles oui ! »

Alors qu’ils assuraient leur sécurité, leur ravitaillement en nourriture ou en préservatifs et récoltaient l’argent de leurs passes, Hakim et Chokri réfutent tout proxénétisme sur Jennyfer et Mélodie, entre mai et août 2021, à Nîmes.
Air mi-patibulaire, mi-simplet, polo bleu clair et moustache grisonnante, Hakim jure avoir seulement effectué quelques courses pour les deux prostituées pour leur « rendre service » et sans jamais avoir touché le moindre centime. « C’est Chokri qui en tirait profit », charge-t-il son co-prévenu au tribunal judiciaire de Nîmes, ce mardi 30 août.
Polo et barbe noire, ce dernier refuse d’endosser toute la responsabilité. « Quand j’ai connu Jennyfer, elle se prostituait déjà pendant que son mari était en Bretagne. Comme elle avait déjà été agressée, elle m’a demandé d’être présent pour sa sécurité. Puis, quand son mari a appris ce qu’elle faisait, il l’a mise à la porte et elle est revenue me voir », se défausse à son tour le « cerveau » présumé de ce modeste réseau de prostitution.
« Elle avait la clef de sa chambre »
Le président lui rappelle que Jennyfer, la seule victime présente à l’audience, déclare que c’est lui qui gardait l’argent. « Non pas du tout. Elle me remettait l’argent pour ne pas se faire agresser, mais ensuite elle le récupérait en me laissant un billet pour service rendu, assure Chokri, avec aplomb. Elle était libre de ses mouvements. Moi je rentrais chez moi tous les soirs m’occuper de ma fille. Elle avait la clef de sa chambre. »
Le 17 août, lorsque les policiers les interpellent tous dans la chambre d’un hôtel de la périphérie de Nîmes, ils trouvent pourtant environ 400 euros en liquide et la carte bancaire de Jennyfer dans les poches de Chokri. À la barre, Jennyfer, cheveux blond clair, piercing à la tempe gauche et à la lèvre, petit short noir, charge Chokri, alias « le Parigot ». « Au départ, c’était mon dealer, puis il m’a proposé de me prostituer en me promettant de me trouver un appartement. Je faisais 5 à 6 passes par jour, mais je n’ai pas touché un euro, sur la tête de mes enfants ! Il a abusé de ma naïveté en disant qu’il me payait en cocaïne, déclare-t-elle. Je n’avais pas le droit de sortir, j’étais nourrie une fois par jour, il avait ma carte bancaire avec laquelle il payait l’inscription sur les sites et les hôtels. C’est Hakim qui récupérait l’argent pour le Parigot, qui restait planqué. »
« Ils me tasaient par méchanceté, par plaisir »
C’est lorsque Mélodie a rejoint le petit groupe que les choses ont commencé à s’envenimer. « Les choses se sont dégradées car j’ai découvert que Mélodie et Chokri avaient une relation intime. Elle faisait ce qu’elle voulait et avait le droit à 150 euros, tandis qu’ils me tasaient par méchanceté, par plaisir ou me barbouillaient de sauce tomate dans les cheveux, pour me rabaisser », raconte Jennyfer.
Le président renchérit, se tournant vers le prévenu. « Elle était fragile, par sa toxicomanie ou sa détresse psychologique. La preuve, c’est que lorsque son ex-mari lui conseillé de partir, elle a répondu qu’elle avait trop peur pour cela », pointe Jean-Michel Perez. Mais Chokri persiste à nier toute emprise. « Elle restait car elle prenait beaucoup d’argent, ce qui lui permettait de consommer sa coke. Et c’est elle qui a ramené le taser ! Elle aussi s’amusait à réveiller ceux qui s’endormaient avec, pour rigoler, prétend-il. On était dans un délire, tous défoncés. Je veux bien assumer, mais de là à noircir le tableau en parlant de séquestration alors que ça a à peine duré quelques semaines... »
« Si elles étaient libres, pourquoi ne vont-elles pas elles-mêmes chercher à manger ? »
Mais l’avocate de Jennyfer n’en démord pas. « Il maintenait une telle pression que l’autre victime, Mélodie, a un temps retiré sa plainte. Mais si elles étaient libres, pourquoi ne vont-elles pas elles-mêmes chercher à manger ou acheter leurs préservatifs ? questionne Marine Santimaria. Ma cliente a subi des choses sordides sous la coupe de ces deux-là. Mais c’est bien lui l’organisateur, obligeant ses filles à se prostituer de 8 heures à 23 heures. Alors pour vous ce n’était peut-être pas très long, mais pour elles oui ! »
L’avocat de Chokri tente de montrer une autre image de ce dossier. « En réalité, il est difficile de savoir ce qui s’est vraiment passé : Hakim n’est pas le benêt qu’il veut nous faire croire, un vulgaire homme de main. Les deux victimes ont souffert, bien entendu, mais elles réclament plus de 60 000 euros, c’est au-delà du raisonnable, décrit Julien Dumas Lairolle. Quant à mon client, s’il est vraiment le dealer et le cerveau de ce petit réseau, pourquoi n’a-t-on trouvé que 900 euros dans son appartement ? On veut lui faire porter un costume un peu trop grand pour lui ! » Faisant le tri entre les rôles des deux prévenus, le tribunal condamne Hakim à 18 mois, dont 6 avec sursis et Chokri a deux ans d’emprisonnement et une interdiction de se présenter dans le Gard pendant 5 ans.
Pierre Havez
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