BAGNOLS La grenade, un fruit oublié mais qui a tout pour plaire
Et si le Gard rhodanien devenait à terme aussi connu pour sa grenade que pour son vin ? Le fruit a quelques atouts à faire valoir…
La grenade, le viticulteur bio bagnolais Thomas Saleilles, qui a planté plus d’un millier de grenadiers, y croit : « je me suis installé en 2000 et avec ma femme on a toujours été sensibles à l’alimentation, on a cherché des plantes bonnes pour la santé. » C’est comme ça qu’il est tombé sur la grenade : « je connaissais ce fruit, j’en ai toujours consommé, se souvient-il. Ensuite j’ai lu beaucoup d’articles et tous se rejoignaient sur les propriétés de la grenade. »
De multiples bienfaits
La grenade serait en effet bonne pour lutter contre les maladies cardiovasculaires, le cancer de la prostate, l’infertilité masculine ou encore l’hypertension, même si toutes les études ne sont pas encore terminées. Alors Thomas Saleilles décide d’en planter en 2010, d’autant que « c’est un arbre bien adapté à notre climat » — il existe notamment une variété locale, la « Provence » — et que la peau épaisse de la grenade, qui la protège de tous les parasites, la dispense de tout traitement phytosanitaire.
L’année dernière, il commence à commercialiser son jus de grenade entièrement bio. Du jus uniquement, car « il est meilleur pour la santé vu qu’on presse aussi les cloisons qui se trouvent entre les grains et qui sont pleines de nutriments, et que je n’ai pas besoin de calibrer les fruits », précise-t-il. Il réalise son jus avec une machine qui sépare la peau des graines. Une machine qu’il a lui même conçue, en partant d’un engin existant amélioré. Le jus part ensuite à Lamotte, à quelques kilomètres de Pont, pour être pasteurisé et mis en bouteille.
Un jus frais, léger, pas très sucré et légèrement acide, très agréable, issu d’une dizaine de variétés. Thomas Saleilles vient d’ailleurs d’en planter une trentaine supplémentaires devant chez lui, pour voir lesquelles s’adaptent le mieux et pouvoir à terme faire des assemblages.
« Ici, dans le Gard rhodanien, nous avons des terres très propices à la grenade »
Thomas Saleilles vend sa production directement chez lui, et « de plus en plus. L’année dernière, je n’en avais pas beaucoup et j’ai rapidement tout vendu. Cette année, je n’en aurai pas jusqu’à la nouvelle récolte », à l’automne 2015, prévoit l’agriculteur malgré un prix de vente de 7 euros la bouteille. Il faut dire que la grenade semble connaître un retour en grâce : « il y a une consommation importante en France dans les magasins bio et j’ai beaucoup de clients qui viennent m’en acheter sur les conseils de leur médecin, affirme Thomas Saleilles. C’est un marché déjà important, mais la quasi-totalité de la production vient de l’étranger, de Turquie, d’Espagne, d’Israël. Ici, c’est un fruit qui a été un peu oublié. »
Aujourd’hui, il affirme qu’il y aurait « environ 50 hectares de grenadiers en France, dont 25 à 30 dans le Gard. » Le département serait donc en pointe dans la grenade, et Thomas Saleilles aimerait construire là dessus : « j’aimerais inciter d’autres agriculteurs à se lancer. Ici, dans le Gard rhodanien, nous avons des terres très propices à la grenade. Il s’agit de terres d’alluvions, maraîchères, que la vigne a délaissées et laissées en friche, dans la vallée de la Cèze notamment. On pourrait donc les exploiter sans arracher des vignes. » A terme, il souhaite « d’ici 10, 15 ans que le Gard rhodanien devienne une zone importante de production en France. »
En attendant, le bagnolais et d’autres producteurs méridionaux ont créé en septembre une Fédération des producteurs de grenades du Sud, « nous sommes 16 producteurs plus ou moins gros dans tout le bassin méditerranéen, principalement dans le Gard et les Pyrénées-Orientales. » Plus près, « à Bagnols on est 4 producteurs, et il y en a aussi à Pont. On serait prêts à se fédérer, l’idée serait d’avoir un outil de production en commun », une sorte de cave coopérative de la grenade en somme. Alors Thomas Saleilles « lance un appel à toute personne intéressée par ce projet, des transformateurs, producteurs ou élus. »
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Plus d’informations au 06 82 17 36 81.
Thierry ALLARD