BAGNOLS/CÈZE Demain débutera un Ramadan "quasi similaire à l'année dernière"
Le Ramadan débute ce mardi 13 avril et durera pendant un mois jusqu’à l’Aïd le 13 mai. Comme l’année dernière, cette célébration incontournable pour la communauté musulmane sera bousculée par la crise sanitaire. Majoub Mahjoubi, imam de la mosquée de Bagnols et responsable de la communauté musulmane du Gard rhodanien, nous en dit plus sur le déroulement.
Objectif Gard : Comment va se passer le Ramadan cette année ?
Mahjoub Mahjoubi : Le mois du Ramadan, cette année, sera quasi similaire à celui de l’année dernière malheureusement. Il y aura encore une distribution quotidienne de portions alimentaires. Elle commencera dès demain. Il n’y aura pas non plus de rassemblement pour l'importante prière du soir à cause du couvre-feu. Chacun la fera chez soi. On avait espéré une levée des restrictions pour le mois d’avril, mais finalement non.
Donc le repas ce sera chacun chez soi une fois encore ?
Oui, on a deux cuisinières bénévoles de l’association "Agir ensemble" qui vont venir chaque jour aux fourneaux. Le mot d’ordre pour les donateurs, c’est de ne pas amener d’aliments déjà cuits dans les maisons par rapport au protocole sanitaire. Tous les plats sont concoctés sur place. On a mis une liste en place pour ceux qui souhaitent bénéficier de ces repas. À la prière du vendredi, j’ai bien dit que l’accès à cette générosité est ouverte à toute personne dans la nécessité ou dans l’isolement, musulmans ou non. Je leur lance un appel pour qu’elles se rapprochent de la mosquée Attawba, sur l’esplanade du Mont Cotton, on leur trouvera une aide.
Les repas seront distribués à quelle heure ?
Ils seront distribués à partir de 17h30-17h45 jusqu’à 19h. Il y aura tout ce qu’il faut pour les personnes qui viennent chercher à manger. On remercie beaucoup la générosité des musulmans de Bagnols et les commerçants qui donnent des denrées. Tous ramènent des cartons avec des fruits de la viande, des boissons, des fruits, des légumes gratuitement. Tout ça pour que pendant cette crise qui nous sépare, les gens ne se retrouvent pas abandonnés et seuls. Et qu’au moins, ils puissent avoir un repas digne du mois du Ramadan. La même chose sera organisée à la mosquée de Roquemaure, où je suis aussi président.
Petite consolation par rapport à l’année dernière, les lieux de culte ne sont pas totalement fermés…
Oui, la Mosquée sera ouverte pour la prière du matin, mais dans une dizaine de jours, on la fermera car on ne va plus être dans les temps à cause du couvre-feu. Car la prière sera à 5h30 du matin… Les deux seules prières qui resteront, ce sont celles de 14h et de 17h30. Pour tout le reste, la Mosquée est fermée. Il n’y a aucune activité.
Comment gardez-vous le lien avec vos fidèles ?
Je vais faire des cours pendant le mois du Ramadan pour rappeler les fondamentaux du jeûne, appeler les gens à être plus généreux, à s’unir, à montrer plus de compassion… Je répondrais tous les soirs aux questions lors de ce que j’ai appelé les Assises du Ramadan sur les réseaux sociaux à partir de 21h-21h30, après la rupture du jeûne.
Un an après le début de la pandémie, comment sentez-vous vos fidèles ? Les restrictions successives ont-elles eu un impact ?
Il y a eu beaucoup, beaucoup de gens qui se sont retrouvés dans des problèmes notamment conjugaux. J’ai eu énormément d’appels de couples, de femmes, d’hommes. Il y a eu beaucoup de divorces malheureusement. On le sent que les gens sont à bout, surtout ceux qui ont perdu leur travail. Les enfants à la maison, ça n’arrange pas les choses. Il y a aussi beaucoup de désertion de la Mosquée, les gens ne sont pas revenus par peur du virus. Pourtant, on a mis tout un protocole sanitaire en place : distanciation de 1m entre les individus, distributeurs de gel hydroalcoolique, port du masque obligatoire, pas de serrage de main…
J’incite les personnes à se faire vacciner et à éviter les paroles complotistes. […] Je comprends ces mesures surtout que pendant le Ramadan, les gens se mélangent. Mais un an de crise, c’est assez. Imaginez une année de plus… Je demande à toutes les sensibilités religieuses à prier Dieu pour que cette pandémie puisse disparaître.
Propos recueillis par Marie Meunier