BEAUCAIRE « Arles, feria tragique », Pierre Mainguy signe son premier polar
Pierre Mainguy ne manque pas d’imagination. Au point d’aller à l’encontre de tous les clichés qui encadrent la photographie d’une Camargue idyllique.
Ce Breton né à Paris, "comme tous les Bretons", s’amuse-t-il, a posé ses valises en Provence en 1982. Sa femme et ses trois enfants l’accompagnaient. L’homme aujourd’hui âgé de 75 ans, se souvient encore de cet hiver en 1985, lors duquel la France a vu déferler une vague de froid historique. Les années se sont écoulées sans que jamais ne s’effacent les sensations, ce Mistral glacial qui pique le corps. C’est dans cette atmosphère que se déroule le roman de Pierre Mainguy. "J’ai voulu offrir une peinture locale tout à fait différente de ce qu’on a l’habitude de voir", ajoute-t-il.
"Je n'avais pas envie de m'embêter avec toutes les technologies d'aujourd'hui"
Celui qui s’est évanoui au deuxième toro de sa première corrida - "ce n’est pas ma culture", commente-t-il aussitôt – a choisi de placer son histoire au cœur de la feria, celle de 1981, lors de laquelle Nimeño II et Paquirri étaient à l’affiche des arènes d’Arles, et un crime a été commis dans l’imaginaire de l’écrivain. "C'est un cadre qui m'est venu comme ça. Pour tout vous dire, j'ai d'abord imaginé la fin et à partir de là, j'ai construit l'histoire. J'ai choisi les années 80 parce que je n'avais pas envie de m'embêter avec toutes les technologies d'aujourd'hui", précise Pierre Mainguy. Et c'est à un journaliste que l'auteur confie l'enquête après une série de meurtres en Provence.
Pierre Mainguy était lui-même journaliste d'abord chez Salut les copains, il a même interviewé Sheila. "Entre autres, j'avais un formidable carnet d'adresses mais je l'ai perdu", dit-il en riant. Puis il a écrit dans la revue de la prévention routière, Au volant, ainsi que dans le magazine Échappement avant de rejoindre la rédaction de Radio Monte Carlo. Une expérience qui au bout de quelques années s'est arrêtée nette, comme un coup de ciseaux sur un ruban magnétique.
"J'ai commencé à écrire à l'âge de 12 ans"
Pierre raccroche son nagra et devient agent de voyages. Mais pas que, il a aussi été expert en marketing touristique à l'Organisation des Nations Unis, puis libraire lorsqu'il s'est installé à Arles avec sa famille, constructeur de maison. Et tandis qu'il multiplie les lignes sur son curriculum vitae, l'homme n'a de cesse de cultiver son goût pour l'écriture. "J'ai commencé à écrire à l'âge de 12 ans. C'était une pièce de théâtre. Et depuis, je n'ai jamais arrêté", raconte le septuagénaire.
De sorte qu'il a accumulé de nombreux carnets sans jamais se décider à les publier. "J'ai eu des enfants jeune, ça a été un choix. Et j'ai toujours privilégié le bonheur de ma famille, je ne voulais pas que mon épouse ni mes enfants manquent de quoi que ce soit. Vivre de l'écriture, n'est pas facile, insiste-t-il. Et puis vous savez, écrire nécessite de s'isoler, ce que je suis incapable de faire. J'ai toujours écrit pour mon plaisir, à ma cadence." Ses enfants devenus grands, Pierre s'est donc lancé. "Arles, feria tragique" a été publié l'an dernier par la maison d'édition italienne installée à Arles, Portaparole. Il a également écrit des contes pour enfants "Tac-o-Tac" illustrés par Tania Hagemeister et dans lesquels il traite du respect de la différence à travers trois drôles d'oiseaux. Avec lui, ç'en fait quatre !
Stéphanie Marin