Depuis 1956, année de création de l'exploitation installée à Castillon-du-Gard, la passion de l'agriculture se transmet de génération en génération chez les Crivellaro. Ils en sont à la quatrième, incarnée par Nancy, 30 ans et Thomas, 23 ans. "Petite, Nancy m'accompagnait dans les terres, elle adorait ça. Je la voyais gérer le personnel", se souvient Magali, la maman. Quant au frère, dès l'âge de 2 ans, il partait en vadrouille au volant de son petit tracteur. "C'était parfois difficile de le retrouver", poursuit-elle, amusée.

Tout logiquement, Nancy et Thomas ont suivi un cursus scolaire agricole, la première se tournant vers les vignes et le vin, le deuxième vers la grande culture (vergers, céréales). Leur sœur aînée, si elle ne rechigne pas à donner un coup de main sur l'exploitation, a pris un autre chemin, celui de la santé. Il y a cinq ans, Nancy rejoint l'entreprise familiale créée par son arrière-grand-père paternel, Antoine, qui a passé le flambeau à Jean-Pierre en 1971, lui-même l'a transmis à son fils Serge en 1989. Chaque génération y apporte sa touche personnelle, d'abord les vignes, puis les abricotiers, les cerisiers et les plants d'asperges.

"Nous avons découvert les baies de Goji, ça nous a plu, on trouvait ça plutôt original."

Nancy Crivellaro

Le vignoble - en appellation Côtes-du-Rhône bio - situé au sud de la Vallée du Rhône s'étend sur 100 hectares. Les Crivellaro font partie de la cave coopérative de Saint-Hilaire d'Ozilhan. Nous vous le disions plus haut, chaque génération apporte sa touche personnelle. "On s'est d'abord intéressés au safran, mais aussi à la grenade. Et puis, nous avons découvert les baies de Goji. Ça nous a plu, on trouvait ça plutôt original", indique Nancy. C'est ainsi qu'a démarré cette aventure.

"Ma belle-fille ne veut pas que j'en mange !" À l'autre bout du fil, Jean-Pierre, hilare. Les baies de Goji sont notamment réputées pour leurs bienfaits antioxydants et énergisants. À 80 ans, l'homme continue de se rendre dans l'exploitation pour prêter main forte. "Je suis très fier de la succession", ajoute-t-il plus sérieusement. Et pourtant, lorsque Nancy a présenté sa trouvaille à son grand-père et ses parents, chacun s'est montré surpris. "Nous étions un peu réticents parce que nous ne savions pas ce que ça allait donner", explique Magali.

1,5 tonne de fruits rouges a été cueillie à la main et toujours en famille

La jeune femme non plus d'ailleurs, mais à force de recherches - elle est aujourd'hui accompagnée d'une équipe de l'Institut national de la recherche agronomique (INRA) - elle a mené son projet jusqu'au bout. Trois ans après la plantation des arbustes de variété française bio sur 2,5 hectares, des expérimentations sont toujours en cours en matière d'apports organiques, de taille aussi, etc. Ce qui n'empêche pas la récolte. Entre juillet et la mi-novembre, 1,5 tonne de fruits rouges a été cueillie à la main et toujours en famille. Un rendement satisfaisant pour Nancy même si elle espère à terme atteindre les 2 ou 3 tonnes par hectare.

Après la cueillette, une partie de la production est vendue en fruits frais lors de la période estivale, l'autre part au séchage à 60°C, "parce que nous voulons que nos fruits restent moelleux", complète Nancy. Mélangées au fromage blanc, dans une salade, dans un cake ou tout simplement à picorer, les baies de Goji se dégustent de toutes les manières. Son frère, Thomas, lui aussi affilié à l'exploitation familiale, s'est lancé dans la culture de lentilles et de pois chiches.