CENDRAS Ichem part trois mois en Espagne avant de se lancer dans un tour du monde
Atteint d'une insuffisance rénale handicapante, Ichem Bourouf part pour un programme Erasmus de trois mois en Espagne. Une mise en bouche avant ce qui l'attend : récupérer un van et entamer un tour du monde. Parce que le temps presse et l'envie de découverte ne faiblit pas malgré l'épée de Damoclès qui pèse sur sa santé. Direction l'est pour Ichem, dont le rêve est de finir son tour en Islande.
Lidée est "née il y a un an, maintenant. Je suis porté sur le développement personnel, j'ai voulu m'améliorer et devenir la personne que je voulais être." Ichem entame par une année semi-sabbatique, en s'inscrivant à la Mission locale jeunes Alès-Cévennes. "Ça me laissait du temps pour moi, pour méditer et faire mûrir le projet. Je me suis dit que j'aimerais faire un tour du monde pour vivre de nouvelles expériences." Et Ichem a même pu goûter au voyage en voilier, à cette occasion, avec quelques confrères de la Mission locale jeunes au sein du Belem, le trois-mâts qui emmena ensuite la flamme olympique de Grèce à Marseille (relire ici).
Avec un objectif en point de mire, l'Islande. Mais quand on s'intéresse au voyage, on refuse le théorème géométrique qui conseille la ligne droite pour faciliter le parcours. Mieux vaut se perdre, s'égarer, s'écarter pour mieux trouver son chemin. Alors, ce dimanche 8 septembre, Ichem a commencé son périple par trois mois en Espagne, à Séville, à travers le dispositif Erasmus. En rentrant, Ichem ne sait pas encore s'il fera un saut en Allemagne ou à Malte.
Puis, Ichem récupèrera son van et entamera un tour en France. Avant "d'aller vers les pays de mes grands-parents, l'Italie et l'Algérie. Après, se cera à l'instinct, il y a un monde à visiter." Et une existence à remplir, même si celle d'Ichem est déjà partiellement amputée. "Je suis né avec une insuffisance rénale de 50 %, il m'en reste 27 %. Je sais que, dès mes 25 ans, je peux rencontrer des problèmes cardiaques à cause de cela. Et à plus de 30 ans, ce sont des risques cardiaques." Dans le cas d'Ichem, "le dernier stade" de sa maladie, c'est la dialyse. "Mais je n'y tiens pas, tranche-t-il, un peu plus sombre. Le temps qu'il me reste, je le destine à mon rêve."
Dans sa situation, Ichem ne s'en cache pas : il va utiliser sa maigre pension mensuelle d'adulte handicapé pour financer son voyage. Et compter sur ses destinations pour préparer la prochaine : trois mois en Espagne, c'est déjà une bonne orientation pour habituer son oreille aux sonorités latines et se faciliter l'apprentissage ou, au moins, la compréhension de l'italien. Après l'Algérie, Ichem devrait effectuer un petit tour en Égypte et quelques embardées plus bas en Afrique.
"Mes seules dépenses doivent être la nourriture et l'essence"
Ichem Bourouf
Puis, retour pour une petite pause à la maison, avant le grand départ vers l'est. L'Europe, dans un premier temps, puis l'Asie, après s'être assuré de ne pas risquer sa vie ou sa liberté en Russie. Il sera ensuite temps de traverser le Pacifique, d'une façon ou d'une autre - "pourquoi pas en bateau-stop ?" - pour rejoindre l'Amérique et la visiter dans sa hauteur. Avant de traverser un second océan pour rentrer à la maison. Et, finalement, comme récompense de ces efforts, assister à des aurores boréales ou une journée continue d'été en Islande.
"Je n'aurai pas de loyer à payer, mon électricité s'obtiendra par panneaux solaires. Mes seules dépenses doivent être la nourriture et l'essence." Et sans doute quelques réparations sur le véhicule, qu'Ichem devrait parvenir à réaliser seul. "Je ne crains rien, conclut le jeune homme, je vais et je veux faire ce tour le plus possible de mes propres mains." Sa famille et ses amis pourront le suivre à travers un blog... qui sera ouvert à tous.