Publié il y a 1 mois - Mise à jour le 01.08.2024 - François Desmeures - 4 min  - vu 387 fois

CÉVENNES L'expansion du loup, plus que jamais le sujet majeur pour les éleveurs ovins

La rénuion avait lieu, cette année, sur le mont Lozère

- François Desmeures

La journée annuelle des groupements pastoraux du Gard et de la Lozère avait lieu ce jeudi sur le toit du mont Lozère. L'occasion d'un dialogue sans filtre entre éleveurs ovins et services de l'État, en présence de la sous-préfète de Florac. Tandis que la direction départementale des territoires (DDT) de Lozère reconnaît une "explosion" du nombre de loups, les éleveurs souhaitent pouvoir éloigner un specimen, ou le supprimer, sans passer par le circuit administratif. 

La rénuion avait lieu, cette année, sur le mont Lozère • François Desmeures

L'estive fête ses 40 ans cette année. Celle des Hautes terres de l'Hôpital, à partir d'une route forestière qui court depuis le col de Finiels, sur le mont Lozère. Son responsable, Daniel Grasset, présente les lieux, la surface concernée et conte une anecdote qui paraît bien plus ancienne : "En 1984, quand nous sommes montés la première année, il y avait encore une congère qui n'a disparu que le 12 juillet." Ce 1er août, alors que le Gard est sous une chaleur caniculaire, il fait 27° au mont Lozère. 

Daniel Grasset, responsable de l'estive des hautes terres de l'Hôpital sur le mont Lozère, expose la surface de pâturage • François Desmeures

Depuis les premiers six éleveurs, l'estive a grandi. Elle accueille aujourd'hui 1 300 brebis. "On n'ira pas au-delà", poursuit Daniel Grasset. Avant d'entamer les griefs face aux agents et au président du Parc national des Cévennes (et maire du Pont-de-Montvert), une représentante de la direction des territoires (DDT) de Lozère, un autre de celle du Gard, sous le regard de la députée de Lozère et future ex-présidente du Département, Sophie Pantel, et de la sous-préfète de Florac, Valérie Fuscien. 

Présidente de la fédération des groupements pastoraux Gard et Lozère, l'éleveuse de Soudorgues, Christine Gros, a cfait remonter des revendications • François Desmeures

"On signe des mesures agro-environnementales (MAE) qui nous empêchent d'écobuer ou de couper des arbres. Ça ne fait qu'accélérer l'embroussaillement : on perd de l'herbe, les pins commencent à s'installer. On asiste à une déprise agricole", lance Daniel Grasset en préambule. "On demande de respecter les arrêtés. Mais les écobuages ne sont pas interdits", corrige le Parc national des Cévennes. Daniel Grasset explique ces MAE lui servent à payer son berger. Mais rarement dans les délais. "On aimerait, précise Christine Gros, Soudorguaise et présidente de la fédération des groupements pastoraux du Gard et de la Lozère, avoir une envleoppe dédiée au pastoralisme. Et ne pas passer par les MAE pour payer les bergers, ou par le plan Loup. Au moins, on saurait où on va."

En pantalon blanc, la sous-préfète de Lozère, basée à Florac, Valérie Fuscien • François Desmeures

"J'ai touché la semaine dernière les aides du plan loup de 2023, poursuit Daniel Grasset. Il faut avoir de l'avance !" Éleveur à Corbès et syndicaliste Modef, Frédéric Mazer demande "à l'État de cibler un financement sur les groupements pastoraux, plutôt que des briciolages avec des aides ponctuelles, prises ici ou là." "Je suis éleveur, j'ai choisi ce métier pour la liberté, reprend Daniel Grasset. Je ne suis pas formé pour remplir de l'administratif ! Je vais avoir 60 ans et aucun jeune ne reprend." La faute, selon les éleveurs, à l'empilement administratif qui décourage les nouveaux entrants et qui fera sortir de ses gonds Éric Martin, responsable de l'estive de Camprieu au cours de la réunion (relire ici qui est Éric Martin). Mais pas que. 

La future ex-présidente du Département de Lozère et néo-députée, Sophie Pantel • François Desmeures

Car le loup est dans la bergerie... Si Olivier Boulard, de la chambre d'agriculture de Lozère, introduit le débat en rappelant que les Cévennes sont le seul parc national où il est possible de tirer - après signalement et reconnaissance de l'attaque - les tirs de défense restent simples, malgré les ouvertures du nouveau plan national d'action sur le loup. Et, comme le rappellera ensuite la néo-députée Sophie Pantel, le Parc national des Cévennes est aussi le seul dont le coeur est habité. "En ce moment, en Lozère, on a une attaque tous les deux jours", poursuit Olivier Boulard. En deux semaines, sur l'estive de Dourbies, sept brebis ont été tuées au cours de quatre attaques. "On a peur de devenir un parc à loups", argumente la présidente Christine Gros. 

"Le nombre de loups, côté Lozère, il explose"

Agnès Delsol, directrice départementale de la DDT de Lozère

"Le nombre de loups, côté Lozère, je ne peux pas dire autre chose, il explose", reconnaît Agnès Delsol, de la DDT de Lozère. "Et il n'existe qu'une seule brigade loup sur le Massif Central, constate Frédéric Mazer. Or, ce sont principalement les gens des villes qui veulent le retour du loup. Pourquoi ne seraient-ils pas solidaires de notre situation ? C'est donc à l'État de payer les conséquences de sa politique !"

"À l'Unesco, on a démontré quelle est la perte de biodiversité importante que représente la présence du loup et des patous"

Sophie Pantel, députée de Lozère et bientôt ex-présidente du Département

"Cela fait quinze ans qu'on se bat pour faire reconnaître la présence d'une meute, reprend Sophie Pantel. Mais déjà, pour équiper les louvetiers, il a fallu que ce soit le Département qui paient les fusils." Sans compter les vêtements, payés par la commune du Pont-de-Montvert, dont le maire est désormais président du PNC. "Aujourd'hui, le loup n'est plus en voie de disparition, poursuit Sophie Pantel. Et, à l'Unesco, on a démontré quelle est la perte de biodiversité importante que représente la présence du loup et des patous." Alors que "dans les Alpes-Maritimes, ça fait trente ans que leurs mesures de protection ne marchent pas", répond Daniel Grasset au président du PNC, Stéphan Maurin, qui veut lancer une "expérimentation". 

Stéphan Maurin, président du Parc national des Cévennes et maire du Pont-de-Montvert • François Desmeures

Les éleveurs souhaitent la possibilité de tirs de défense renforcés, comme cela se fait autour du PNC, et ont demandé au président du PNC d'en faire la demande. Côté DDT, on regrette que les louvetiers ne soient que 16 sur le département, "mais on manque de volontaires". Et tandis qu'éleveurs et bergers exposent des histoires de souffrance, de découverte de cadavres d'ovins ou de sommeil à même le sol pour protéger les troupeaux, la sous-préfète de Florac promet des échanges plus nombreux entre services de l'État et représentants des éleveurs. Comparée à la journée de l'an dernier (relire ici), le ton est plus cordial, entre une DDT qui reconnaît une hausse importante de population lupine et des éleveurs qui ne parlent pas d'éradication mais de moyens de défense.

Les Gardois ont d'ailleurs reconnu que leurs remontées de 2023, sur les disparités entre les deux départements, ont donné lieu à des améliorations de la part de la DDTM du Gard, qui utilise désormais les mêmes processus que la Lozère pour enregistrer les attajques et y répondre. Il n'empêche, tous font le constat d'une hausse importante de population. "'L'an dernier, j'ai perdu 30 brebis à cause du loup", témoigne un éleveur lozérien. Un choc que la profession tout entière n'est, de toute façon, pas prête à accepter. 

François Desmeures

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