Publié il y a 4 ans - Mise à jour le 03.05.2020 - anthony-maurin - 4 min  - vu 5255 fois

CORONAVIRUS Des locaux vides après le Covid ?

ManiaNîmes étudie les impacts sur la vie de la cité et invite des spécialistes autour d'une table virtuelle.

Au centre avec une écharpe, Olivier Jalaguier, autour, une partie de son équipe (Photo Archives Anthony Maurin).

La question était la suivante : COVID 19 : Quels impacts sur le tourisme, le commerce, la restauration et quelles perspectives pour demain ?

Il est évident que la pandémie suivie du confinement n'ont pas arrangé la situation économique du centre-ville de Nîmes. Moribond, il est aujourd'hui plus que sinistré. Certains commerces ne rouvriront pas, d'autres devront changer de concept mais les plus professionnels pensent déjà à l'après en commentant le présent sans oublier leur passé.

ManiaNîmes, think tank créé par Olivier Jalaguier et proposant des réponses aux maux de la ville en temps normaux ne s'est pas arrêté avec les élections ou le Covid-19. Un think tank sert par définition à servir et ne saurait s'arrêter de penser et de dire ce qu'il pense !

Avec Olivier Jalaguier, des témoignages du tissu économique local, un éclairage de conférenciers spécialistes du commerce, de la restauration, du tourisme et de l’économie. Tous devaient livrer leur vision des perspectives d’avenir du territoire nîmois.

Comprendre la crise et sa sortie

L'épisode actuel va avoir des conséquences économiques, sociales et politiques. " Celles-ci ne pouvaient dès lors laisser insensibles les membres du think tank ManiaNîmes. Car au-delà des drames humains engendrés, ces événements frappent de plein fouet  la majorité des acteurs économiques du territoire nîmois, en tout premier lieu les secteurs tels que le commerce, la restauration, les sites touristiques, l’événementiel… " annonçait Olivier Jalaguier.

Pourquoi parler maintenant ? " Pour faire œuvre de boîte à idées pour le développement économique de l’agglomération nîmoise, stimuler et faire vivre le débat " poursuit Olivier Jalaguier. Autour de la table virtuelle ? Jean-Pierre Mas, Toulousain et spécialiste du voyage, Denis Allegrini, vice-président de l'UMIH30 et restaurateur, Marc Fridman, Toulousain, président du groupe éponyme et président de la fédération d'habillement d'Occitanie, Jean-Marie Chabaud, bâtonnier des avocats de Nîmes et Laurence Richard, vice-présidente des prud’hommes de Nîmes et conseil auprès d'entreprises.

Des chiffres qui font peur mais qui ne demandent qu'à être améliorer

Les sujets abordés ? L'état des lieux de l'économie, les aides aux entreprises et les perspectives d'avenir. Après une vidéo d'une dizaine de minutes mettant en scène des commerçants et artistes locaux, place au débat car ce qui ressort de tout cela, c'est que trop d'information tue l'information.

Pour Jean-Pierre Mas et son secteur, du 1er avril dernier au 31 décembre prochain, la chute du chiffre sera comprise entre 80 et 90 %. Pour Laurence Richard, la fédération du bâtiment a déjà perdu 10 000 salariés depuis le mois de mars dernier. Du côté de Marc Fridman, on parle de -90 % de l'activité et pour Denis Allegrini, qui pense que la restauration fera partie des acteurs majeurs de la relance, on note actuellement 85 % des entreprises fermées. Enfin, le bâtonnier Chabaud a expliqué que " Pour nous, les problèmes ont débuté le 6 janvier avec notre grève. Après la pandémie, on s'attend à une hémorragie dans nos rangs. "

Marc Fridman l'annonce, " après les gilets jaunes l'an dernier, l'achat et l'impossibilité de vendre nos stocks de printemps alors que l'été arrive, nous voulons reporter les soldes à la fin août et interdire les publicités sur les rabais. "

Dans le Gard, le tourisme représente près d'un milliard d'euros de recette. Pour Denis Allegrini, " Dans notre secteur, il est difficile de dire combien d'entreprises vont déposer le bilan mais nous sommes inquiets, nous n'avons pas de vision et nous espérons que les assureurs seront présents à nos côtés... On vend du plaisir, la saisonnalité, ici, est terrible. C'est juste mal tombé. "

Dépôt de bilan, pas un échec

" Penser au dépôt de bilan comme un constat d'échec est une chose un peu fausse. Ces mesures sont nécessaires pour préparer l'avenir et tant que nous sommes en état d'urgence sanitaire, on pourra entrer en procédure de conciliation ainsi qu'en sauvegarde " assure quant à lui le bâtonnier nîmois. " Nous voulons assurer la sécurité sanitaire et le maintien de l'emploi donc tout va dépendre de la reprise d'activité qui aura lieu, pour nous, fin 2021 voire mi 2022 pour arriver aux chiffres de l'année dernière... " lance Jean-Pierre Mas.

Laurence Richard songe que " L'esprit des employeurs est de sauver leur entreprise. Les unions patronales, les chambres consulaire et les réseaux sociaux sans oublier les comptables peuvent vous aider. Il y a de nombreuses aides ! "

Justement, des aides, parlons-en un peu. " Avec le foisonnement des aides, il y a de quoi avoir le tournis " avoue l'avocat Jean-Marie Chabaud. Le tourisme étant identifié comme le secteur prioritaire le plus atteint, il bénéfice d'une batterie de bonnes nouvelles. Une ordonnance permet aux entreprises de conserver les acomptes versés par leurs clients, les prêts garantis par l'État y sont légion, le fonds de solidarité fonctionne bien et différents prêts sont accessibles. L'exonération des charges sociales pour les TPE est acté tout comme le report des loyers et l'indemnisation d'une partie du chiffre perdu se négocie actuellement.

Dans le secteur de l'habillage, Marc Fridman est nuancé. " Notre sujet le plus sensible, outre les stocks, ce sont les loyers mais les gros bailleurs acceptent d'ores et déjà leur annulation. Dans le privé c'est plus compliqué... "

Une nouvelle manière de consommer

Les assureurs semblent être dans le collimateur de Bercy et le ministre en charge de l'économie veut qu'ils mettent la main à la poche. Mais pour demain... Quelles sont les perspectives de chacun ? " Nous n'avons aucune visibilité sur l'été mais après le confinement nous savons que les Français voudront partir en vacances, ils auront envie d'oxygène et l'Occitanie est parfaite pour cela car ils iront soit à la montagne soit à la campagne. Les plages étant fermées et la population y est peut-être trop nombreuse en été... Nous faisons beaucoup de promotion et de publicité " affirme Jean-Pierre Mas.

Une visite guidée par l'Office du Tourisme de Nîmes (Photo Archives Anthony Maurin).

Pour Denis Allegrini, deux enjeux et deux réconforts. " Oui nous n'avons qu'une vision réduite mais à long terme, je suis optimiste car le peuple français est jouissif, on aura besoin de se retrouver. De plus, la Région et le département sont parmi les premiers en France quand on parle de résidences secondaires, c'est une bonne chose. "

Enfin et pour Marc Fridman, " la solidarité mise en place pendant la crise devra perdurer et j'espère qu'elle ira plus loin et que les consommateurs prendront conscience de certaines choses. "

Anthony Maurin

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