DÉPARTEMENT Christophe Serre, le discret incisif
Qui se cache derrière le conseiller départemental de Pont-Saint-Esprit qui, sans le vouloir, a bien failli faire capoter le budget 2019 ?
Sourcils épais et petite moustache fournie, Christophe Serre est assez discret. Président du groupe Socialistes et Apparentés, l’élu de Pont-Saint-Esprit n’est pas adepte des éclats de voix ni des sorties tonitruantes. Le quinquagénaire est calme et réservé. Mais méfions-nous de l’eau qui dort… L’homme n’est pas effacé pour autant.
Passe d'armes avec la Droite
L’opposition l’a appris à ses dépens, ce mardi, lors du vote du budget 2019. Christophe Serre a répondu aux critiques de la Droite, qui invitait la Gauche à s’inspirer des politiques conduites à la Ville de Nîmes et à Nîmes métropole. Son discours gribouillé sous les yeux, l’édile se rappelle au bon souvenir de ses adversaires : « Il est facile pour Nîmes de baisser les impôts quand la participation au budget des pompiers a diminué de manière considérable… Et, contrairement à Nîmes métropole, le Département n’a pas eu à gérer des emprunts toxiques ! » Aïe… Même le président socialiste Denis Bouad n’avait « pas pensé » à celle-là !
Un genou à terre, l’opposition n’a pas dit son dernier mot. En majorité relative, les présidents du Bon Sens Républicains et ceux du groupe Centristes et Indépendants lancent un ultimatum : ils réclament des excuses ou ne s’abstiendront pas sur le budget, condition sine qua non pour le valider.
D’environ un milliard d’euros, l’exercice, rappelons-le, sert entre autre à financer le RSA pour les personnes au chômage ou l’allocation pour les personnes âgées en perte d’autonomie. Il permet aussi de financer des actions d’insertion pour les personnes éloignées de l’emploi et permet de prendre en charge les mineurs placées par décision de justice. D’où la notion de responsabilité dans le nom de responsable politique.
Animal politique
« M.Serre a agressé nos deux groupes alors que nous, nous avons toujours été cordiaux ! », rétorque, après une suspension de séance, le président centriste, Thierry Procida. « C’est inadmissible et ce n’est pas la première fois ! », enfonce son homologue de Droite, Laurent Burgoa. « Il n’y a pas une place à prendre comme président du groupe Socialistes et Apparentés », ira même jusqu’à souffler l’élu Républicain, Richard Tibérino.
Aussi discret qu’il puisse-t-il être, le maire de Saint-Paulet-de-Caisson n’en reste pas moins un animal politique. Élu maire en 1995, le jeune élu part à l’assaut du canton de Pont-Saint-Esprit en 1998. Il affronte à l’époque un certain Gilbert Baumet, ancien député et sénateur du Gard. Proche du sénateur Simon Sutour et de son protégé, Fabrice Verdier, Christophe Serre parvient à arracher le canton et fait son entrée en 2011 au Département.
Le sens des responsabilités
Vice-président à l’Autonomie des personnes âgées et handicapées, le socialiste pilote l’une des plus importantes directions de la collectivité. Alors, pas question de faire capoter le budget : « Nous aussi, nous avons parfois entendu des choses qui pouvaient nous offusquer. Si le mot le plus important est le mot excuse, pour faire voter le budget 2019, c’est platement que j’exprime mes excuses. » (une réponse formulée sous les attaques du Rassemblement National, NDLR).
Son humilité n’est pas donnée à tous les élus, dont certains ont encore du mal avec cette majorité relative qui réduit leur champ d’action. Président de groupe depuis un an, le Saint-Paulétois a repris le flambeau d’Olivier Gaillard, élu député. Une place qui lui correspond assez bien finalement. Dans l’ombre de Denis Bouad, le discret Christophe Serre est la courroie de transmission entre le président et les élus de son groupe. Un homme de confiance pour l’exécutif.
D’ailleurs, au soir de sa réélection, en 2015, le conseiller départemental s’était rangé derrière Denis Bouad pour présider le Département. Alors, un changement de président de groupe ? « Ce n’est pas à l’ordre du jour », rassure Denis Bouad, plus fidèle en amitié qu’en politique.
Coralie Mollaret