ÉDITO Municipales 2020 : Une pincée de médiocrité, de la tambouille politique... Ça ne suffira pas pour la liste Richard
Des heures et des heures d'échange pour... ne rien dire. Le communiqué de presse diffusé allègrement à la presse locale (sauf à Objectif Gard, devinez pourquoi) par la liste Une ville nommée désir n'a apporté aucune réponse sur la vision pour Nîmes en pleine crise liée au coronavirus. Et rien non plus sur les bonnes raisons de se rapprocher de la liste de Gauche la plus légitime après le vote des Nîmois le 15 mars dernier. Non, il a été question ici d'une pincée de médiocrité afin de renvoyer la patate chaude au communiste Vincent Bouget.
Alors donc ce lundi soir, la liste de Daniel Richard s'est retrouvée vers 18 heures après plusieurs semaines de confinement. Dans un jardinet, sous les arbres, là où ça fleure bon la verdure. N'imaginez pas que tout ce beau monde a turbiné et mis sur la table des mesures concrètes et efficaces pour accompagner Nîmes dans l'une des plus graves crises depuis des décennies. La discussion a tourné autour des alliances possibles de second tour. Du genre "Est-ce que nous devons fusionner ou pas avec Vincent Bouget, arrivé en première position des listes de Gauche avec plus de 15% des voix ?" "Ou partir en solo pour un deuxième tour de figuration mais assurer nos arrières avec quelques sièges dans l'opposition ?"
Parmi la docte assemblée, on trouvait là le Parti socialiste représenté à lui tout seul (et la poignée de militants qui ont voté pour lui) par le disc jockey Jérôme Puech, encore aujourd'hui agent du Département du Gard, vidéaste à ses heures perdues et ancien candidat au rassemblement de la Gauche à Nîmes, Karine Voinchet de La France insoumise, Sibylle Jannekeyn pour Europe Écologie Les Verts qui espérait secrètement surfer sur la vague des écologistes pendant les élections européennes et qui a pris le bouillon. Sans oublier Alain Fabre-Pujol qui depuis des années tente d'exister dans le paysage politique local et voit à chaque fois le train passer devant lui et le laisser à quai.
Un aréopage au sein duquel trônait Daniel Richard. La tête de liste "Une ville nommée désir" qui a obtenu un score intéressant de plus de 12% des voix au premier tour sur sa seule personnalité et ses idées révolutionnaires pour Nîmes. Un score, finalement décevant, tant l'espoir qu'il avait fait naître aurait dû lui permettre de se hisser plus haut.
Des textos au coeur des échanges
Les cinq représentants d'eux-même ou de leur mouvement ont renvoyé la balle vers 22 heures à Vincent Bouget. Comme l'indiquent nos confrères de Midi Libre, qui ont diffusé le communiqué de presse : "Revenant sur le texto envoyé par le communiste Vincent Bouget, la liste de Daniel Richard déclare : "Vincent Bouget nous disait que les résultats du 15 mars le plaçaient en situation de responsabilité, sans pour autant nous faire de propositions formelles. Le confinement a évidemment interrompu le processus qui devait nous amener au second tour. Depuis que le Gouvernement a pris la décision d'organiser ce second tour le 28 juin prochain, Vincent Bouget n'a pas repris contact avec notre liste et ne nous a transmis aucune proposition, comme c'est l'usage. Nous attendons ces propositions."
En réalité, les textos auxquels fait référence la camarilla nîmoise du premier tour, notre rédaction a pu les consulter. Vincent Bouget appelait de ses vœux à l'adresse de Mme Jannekeyn et de M. Richard le 16 mars au matin à "un rassemblement pour les Nîmois sur des bases politiques claires, de Gauche, écologistes, résolument opposées à la politique gouvernementale, pour battre M.M.Fournier et Lachaud. Cette démarche de rassemblement initiée depuis plusieurs mois reste notre boussole."
Sans réponse, sans aucune agressivité, il a relancé deux heures après, toujours par texto, rappelant qu'il était "disponible pour échanger, sous des formes appropriées à la situation, pour connaître vos intentions de second tour." La réponse tant attendue est enfin arrivée via Daniel Richard, lequel a immédiatement coupé court à toute possibilité d'union immédiate "au vu du contexte de crise sanitaire", suggérant d'attendre les décisions du Gouvernement.
Depuis, elles sont arrivées. Et elles n'ont pas dû faire beaucoup plaisir... Voulant certainement rejouer les deux tours à l'automne voire - encore mieux - dans un an, les colistiers défaits devront finalement en terminer dans quatre semaines en tenant compte des scores du premier tour.
"Brainstorming" sous les oliviers
Du côté des communistes, on s'étonne donc que la liste Une ville nommée désir soit "dans l'attente d'un retour formel alors que depuis le 16 mars, les bases sont sur la table." Sans compter qu'à l'issue de ce "brainstorming" sous les oliviers, les principaux intéressés n'ont pas été destinataire d'une communication finale. "Quatre heures pour dire que c'est à nous de dire, c'est un peu osé", nous glisse un militant communiste colistier de la liste de Vincent Bouget qui rajoute : "Et puis je pensais que M. Richard ne voulait pas siéger dans l'opposition. Pourquoi désormais vouloir maintenir sa liste pour le second tour ?" Vincent Bouget de son côté fait savoir qu'aucune décision ne sera prise immédiatement. "Des réunions sont prévues et nous allons échanger entre nous pour décider."
Difficile donc d'imaginer à ce stade une fusion de listes en toute simplicité. D'autant que les équipes de Vincent Bouget "profondément de Gauche", veulent "un accord programmatique et des réponses concrètes pour répondre à l'urgence de la crise sanitaire pour les Nîmois." Et rajoute comme un pied de nez à la situation : "Et puis honnêtement, aujourd'hui pour siéger dans l'opposition, on n'a besoin de personne."
Siéger dans l'opposition face à un Jean-Paul Fournier, maire sortant et largement en tête avec plus de 34% des voix le 15 mars dernier. Probablement. Sauf si d'autres accords en coulisse, que nous confirmons, se produisent avant mardi prochain, date définitive du dépôt de liste. Rappelons que jusque-là, Daniel Richard n'a fermé aucune porte. Perdu pour perdu, il pourrait très bien proposer ses services, ses compétences et son approche écologiste pertinente à d'autres. Et s'échapper seul de cette tambouille politique ?
Abdel Samari