ÉDITORIAL Harcèlement scolaire : allo le rectorat ?
Des parents abandonnés, démunis qui n'ont comme seule solution de déposer une main courante au commissariat le plus proche de chez eux pour appeler à l'aide.
La réaction immédiate à l'actualité brûlante n'est pas toujours bonne conseillère. Mais ce nouveau drame dans les Yvelines où un adolescent de 15 ans s’est donné la mort, début septembre, sous fond de harcèlement scolaire marque une rupture définitive. En cette rentrée scolaire, alors que l'actualité éducative a été marquée par une omniprésence du sujet des codes vestimentaires avec en particulier, une cible : les abayas. Le dossier du harcèlement, priorité du nouveau ministre de l'Éducation nationale est passé au second plan, pour ne pas dire pire. Gabriel Attal sur le perron de son ministère pouvait avoir des regrets ce week-end. Mais ce qu'il allait découvrir allait finir de l'achever. Un courrier du rectorat de Versailles adressé aux parents de ce jeune garçon quelques mois plus tôt leur demandant « d’adopter une attitude constructive et respectueuse », tout en leur rappelant les risques en cas de dénonciation calomnieuse. « Ce courrier est une honte. Une honte », a lâché le représentant actuel du système éducatif français. Il a raison. Des parents abandonnés, démunis qui n'ont comme seule solution de déposer une main courante au commissariat le plus proche de chez eux pour appeler à l'aide. Des policiers déjà bien occupés qui doivent faire le boulot d'autres fonctionnaires ? On marche sur la tête. Désormais, il est urgent que les signaux les plus faibles ne restent plus sans réponse. L’ensemble des rectorats sont invités désormais à réaliser en urgence un audit pour identifier toutes les situations de harcèlement signalées l'année dernière. Pourquoi ça n'a pas été fait avant ? Est-ce que ce sera suffisant ? Certainement pas. Ce sont des moyens humains dont les établissements scolaires ont besoin. De formations efficaces pour l'ensemble du personnel. Afin que les parents trouvent des partenaires éducatifs aptes à entendre un signalement. Ou même tout simplement interroger, comprendre. Adopter les bons gestes. En 2021, dans notre pays, on compte à l'école primaire, 2,6 % des élèves subissant ce qui peut s'apparenter à du harcèlement (enquête Depp 2021) ; au collège, 5,6 % des élèves en sont victimes (enquête Depp 2017) ; au lycée, 1,3 % des élèves (enquête Depp 2018). Derrière ces statistiques, des vies humaines. Nos enfants.