ÉDITORIAL Macron ou le déni de démocratie ?
Le président de la République hésite à tenir compte du message des Français. Ces derniers ne souhaitent pourtant plus lui laisser la gestion des affaires nationales. Ils lui ont dit très clairement aux Européennes, puis dernièrement, lors des Législatives. Pourquoi s'obstiner ?
Après la dissolution, et les Législatives dans la foulée, le chef de l'État sort du bois. Dans l'entre-deux-tours, comprenant qu'il était la source du problème, il avait décidé de se mettre en réserve. Son retour, Emmanuel Macron l'aborde non pas pour offrir une solution face aux résultats des urnes. Mais pour donner son avis sur le vote des Français. Pour lui, personne ne l'a emporté, comme il le dit dans sa lettre aux Français publiée dans la presse. Mieux, aucune force politique n'a de majorité suffisante pour gouverner. Il ne suffit pas d'être président de la République pour faire ce constat. Force est de constater par contre que la France, désormais coupée en trois, n'a pas beaucoup d'alternatives pour dégager une force de gouvernement. Enfin, dans la tête d'Emmanuel Macron, il y en a une. « Seules les forces républicaines représentent une majorité absolue. » Ah bon ? Mais si LFI et le RN ne sont pas des mouvements républicains, pourquoi ont-ils eu le droit de se présenter aux élections ces dernières semaines ? Le locataire de l'Élysée définit ce qu'il entend comme forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines : l'État de droit, le parlementarisme, une orientation européenne et la défense de l'indépendance française. « C'est à la lumière de ces principes que je déciderai de la nomination du Premier ministre », fait-il savoir. Garant des institutions, certes, le président semble peut-être prendre un risque démocratique cette fois. En effet, il y a bien une alliance qui est arrivée en tête de ces élections : le Nouveau Front populaire. D'ailleurs, si les troupes du président sont de retour en nombre à l'Assemblée nationale, c'est aussi grâce au désistement républicain des partis de Gauche. Il est bien difficile aujourd'hui de vouloir les écarter de Matignon. Et d'ailleurs, n'est-ce pas une habitude depuis bien longtemps en situation de cohabitation ? Appeler aux responsabilités ceux qui sont les plus nombreux au Parlement ? Enfin, alors qu'Emmanuel Macron écrit noir sur blanc : « Ces élections, marquées par une demande claire de changement et de partage du pouvoir », il hésite à tenir compte du message des Français. Ces derniers ne souhaitent pourtant plus lui laisser la gestion des affaires nationales. Ils lui ont dit très clairement aux Européennes, puis dernièrement, lors des Législatives. Pourquoi s'obstiner ? Après un septennat, il serait donc sage que la Macronie jetée par la fenêtre, ne tente pas de rentrer à nouveau dans le jeu, par une porte dérobée...