ARLES EN FERIA Trois sorties a hombros pour les cavaliers

Andy Cartagena, Léa Vicens et Guillermo Hermoso de Mendoza sortent a hombros (Photo Anthony Maurin)
Corrida de rejon de Fermin Bohorquez pour Andy Cartagena (deux oreilles et salut), Léa Vicens (salut et deux oreilles) et Guillermo Hermoso de Mendoza (deux oreilles et oreille).
Traditionnelle corrida de rejon avec un cartel que l’aficion locale n’avait pas vu depuis longtemps, jamais même ! Une ancienne gloire, une Française qui a fait sa place et un héritier qui veut perpétuer la mémoire familiale, le tout devant des toros idoines pour l’occasion.
Le soleil a tapé fort ce matin pour cette course attendue. On aura assisté à deux parties inégales pour une corrida équestre qui a attiré 2/3 d’arènes. Comme toujours en pareille situation, les toros choisis, deux de Fermin Bohorquez, ont tous donné du jeu et ont d’ailleurs permis aux trois centaures de sortir en triomphe. Un public chaud venu voir du spectacle avant d’aller manger un morceau en ville et peut-être de revenir aux arènes dans la foulée.
Il revient en grâce suite à quelques triomphes d’importance dans les arènes d’Alicante ou de Santander. Andy Cartagena a visiblement manqué au public arlésien. C’est vrai que la dynastie éponyme a illuminé les tendidos lors de nombreuses ferias ! Andy Cartagena est le neveu de Gines, une véritable figure du rejon à Arles. Les étagères n’oublient pas et sont prêtes à accueillir le torero pour un show d’exception. Il sera dans les meilleurs terrains et saura templer la belle charge du fougueux premier qu’il embarque dans des séries pleines et complètes avant de mettre une belle épée mais après avoir soulevé les gradins avec ses paires de banderilles. Deux oreilles.
Moins inspiré et un peu plus brusque (il l’était aussi au premier mais les fioritures ont fait que les coups d’éperons se voyaient un peu moins), Andy Cartagena restera dans les bons sitios mais brillera moins. Peut-être a-t-il eu du mal à se remettre de ses deux premiers trophées demandés avec force par les tendidos… En tout cas, Andy Cartagena n’oublie pas de profiter des applaudissements à l’adresse de son cheval pour rester en piste, s’avancer et saluer.
Deuxième à s’élancer en piste, la Nîmoise Léa Vicens. Elle a son public. Son toreo plaît, sa tauromachie posée et précise attire les amateurs du genre. Elle aussi est un peu ici comme chez elle. Là encore, les spectateurs sont venus aussi pour elle. Elle recevra une belle ovation avant de commencer à officier. Sa cavalerie bien préparée est un plaisir pour les yeux et le public apprécie sa monte légère et aérienne, moins proche des cornes que Cartagena mais plus douce et sensible. Hélas, la douceur et la sensibilité paient moins que le spectacle pur et dur. Le public demeure froid, peut-être que l’épée n’a pas plu ? Salut.
Seconde opposition pour la centauresse qui fait toujours partie du groupe spécial et qui s’offre une carrière de poids dans toutes les arènes de France et de Navarre. Comme rien ne lui a été octroyé lors de son premier duel, les tendidos se réveillent et lui font plus qu’une belle ovation alors qu’elle entre en piste. Émue, la Nîmoise se reprend vite et poursuit son travail. Moins précise que tout à l’heure, la cavalière est plutôt versée dans le show. Et ça marche ! Les étagères sont en joie, les erreurs sont oubliées et les deux trophées sont accordés par le palco alors même que la deuxième oreille ne semblait pas prioritaire pour les spectateurs. Deux oreilles donc.
Dernier à s’élancer en piste, le plus jeune, le fils d’une autre gloire du toreo à cheval, Guillermo Hermoso de Mendoza. Comme Léa Vicens, il est habitué aux triomphes mais Arles, en début de saison, peut toujours servir ! Le fils de Pablo a progressé. Vraiment. Son père, toujours à ses côtés, le conseille. Comment voulez-vous ne pas être à la hauteur avec un tel centaure comme mentor ? Encore faut-il avoir l’humilité de l’écouter ! Guillermo semble plus qu’à l’écoute, il a toute son attention attirée par les mots de son père. Les montures, magnifiques et magnifiquement apprêtées, font leur effet. Mais le cavalier et sa précision font tout le reste ! Chaque série se passe est une nouvelle danse, les charges taurines sont éludées avec classe et panache, Guillermo fait les meilleurs choix et coupera logiquement deux belles oreilles après une mort digne d’une séquence pour cinéphile. Croupe au toril, toro au centre de la piste, le cheval s’élance, le jeune cavalier esquisse un léger quiebro que le toro accompagne sur le côté. Le cheval conserve sa vitesse, le cavalier à l’épée en main et sans sourciller la plante en bonne place. Les arènes exultent, le palco suit, deux oreilles logiques.
Dernière opposition de la matinée et Guillermo Hermoso de Mendoza, il aura droit à un ultime trophée. Comme Léa et Andy, Guillermo est moins précis aussi bien sur ses sitios que sur la pose des farpas ou lorsqu’il a les bâtonnets longs ou courts en mains. Cela n’est pas grave, une mort rapide et une petite partie du public levant le mouchoir auront raison du choix de la présidence, une oreille.