ARLES EN FERIA Fernando Adrian, seul triomphateur en clôture

Fernando Adrian sort en triomphe (Photo Anthony Maurin)
Corrida de clôture de Virgen Maria pour Miguel Angel Perera (salut et vuelta), Paco Ureña (silence et silence) et Fernando Adrian (oreille et deux oreilles).
Cartel de piétons 100 % Espagnol mais devant des toros Français ! C’est fou quand on y pense. Trois figuras se laissent tenter par le challenge de la course de clôture devant des toros locaux (qui ne le sont pas car élevés en Espagne par un Français). Deux ou trois toros intéressants après trois ou quatre autres sans relief et manquant parfois de force ou de moral.
Miguel Angel Perera, maestro glacial à la puissance folle et à l’incroyable pouvoir sur le toro est l’homme parfait pour ouvrir le bal. Il tombe sur un Virgen Maria sans allant ni classe mais essaie de le toréer avec rondeur sans pour autant y parvenir. L’Espagnol essaie avec un peu plus de poder mais le toro fade et sans intérêt endort la chose. Déçu, le maestro revient en piste pour saluer et annonce qu’il fera mieux au tour d’après.
Nous y voilà. Avec son deuxième duel, le natif Puebla del Prior, celui qui a ouvert à six reprises la grande porte madrilène et qui s’est séparé de son apoderado en fin d’année dernière, a tout à gagner. On retrouve le Perera qui a envie. Il entame les genoux plantés en terre, enchaîne les séries et propose un toreo qu’on lui connaît et qu’on aime voir. Un début ébouriffant, un milieu de qualité et un final répétitif mais bien fait, par luquecinas, encore. Hélas, c’est à l’épée qu’il perd son oreille… Silence.
Paco Ureña a une sensibilité rare, touchante, émouvante. Son engagement est aussi total, constant. L’aficion arlésienne l’apprécie même s’il n’est pas une locomotive pour la taquilla, il l’est pour l’aficionado. Il fait dans le tragique, le toro compliqué et l’engagement total. Devant son premier Virgen Maria, il ne pourra pas faire grand-chose d’autre que de rester à gauche et de faire passer et repasser le cornu de la sorte. Ureña ouvre son panel mais le toro est trop faible pour le suivre. Il essaie encore et encore, les tendidos sont là mais ne poussent pas. On dirait que la digestion fut longuette ! Silence.
Avec son autre toro de Virgen Maria, Paco Ureña suivra la même trajectoire. Il écoutera le silence à l’issue de son duel mais le toro était un peu plus agréable à voir que le précédent. Lors du tercio de varas, des plus tonitruants, le toro fait chuter la cavalerie provocant émotion et sensation dans les arènes. Le toro est sorti avec du pétard, il a poussé mais va-t-il tenir. Dès la première série à la muleta, Paco Ureña décide de baisser un peu la main… erreur, le toro prend le pli, s’endort et s’éteint laissant le maestro essayer une énième fois de réveiller les gradins. Sans succès. Silence.
Enfin, nouvelle présentation arlésienne avec la venue de Fernando Adrian qui a, lui aussi comme Perera, changé d’herbage cet hiver. Un triptyque, donc, des plus intéressants et sur lequel l’empresa Ludo Organisation a bien fait de miser. On savait qu’il pouvait casser les arènes, en tout cas, il aura marqué de son aura le public qui a fait le déplacement ou qui regardait la course sur OneToro. Le Madrilène tombe sur le meilleur lot et va se régaler en régalant les tendidos. Une oreille pour commencer en toréant simplement, justement, dans les terrains adéquats et sans forcer le trait ou le destin. Sérieux, appliqué, mais convaincu de son succès, le matador de toros fait voir ce qu’il a dans le ventre. Et ça plaît à l’aficion. Oreille de bienvenue mais oreille moins exagérée que certaines de cette feria.
Dernier toro du cycle pascal, dernière chance pour Adrian de faire chavirer les antiques gradins et de se payer une sortie a hombros. S’il peut le faire, il sera le seul mais il lui manque un trophée. Alors il met les bouchées double, entame au capote avec brio et douceur, poursuit à la faena avec les genoux en terre puis, tout à coup, le temps s’arrête et la douceur revient en piste et les dessins qu’il trace sur le sable, notamment à gauche, apportent une bouffée d’air frais alors que la feria s’achève. Petit à petit, Adrian se met dans les cornes, dévore le terrain du toro, le domine et le tue de manière rapide et efficace. Deux oreilles et une présentation réussie pour lui !