ÉDITORIAL Quand l'eau en bouteille vire au vinaigre...
Comment Nestlé Waters a-t-elle pu avoir recours à des traitements illégaux pour purifier ses eaux minérales sans en avertir ses clients ?
Ce n'est pas le premier scandale de l'industrie alimentaire. On se souvient il y a plusieurs mois des pizzas surgelées. Mais encore une fois, tout cela est bien inquiétant. D'autant que c'est la question de la confiance dans les industriels de l'alimentation qui est au coeur du sujet. Cette absence de transparence pour le consommateur interpelle aussi. Comment Nestlé Waters a-t-elle pu avoir recours à des traitements illégaux pour purifier ses eaux minérales sans en avertir ses clients ? Même si cela pourrait être inoffensif pour la santé, la réglementation est claire. Une eau qualifiée de minérale naturelle ou de source ne peut pas avoir été désinfectée, sauf à lui donner une autre appellation. Le scandale a pris de l’ampleur depuis les révélations de nos confrères du journal Le Monde et de Radio France ces derniers jours. Comme quoi, en France, la presse a encore un joli rôle à jouer... Dans la foulée, la justice s'est saisie de l'affaire. Mais le mal est fait. La filière de l'eau risque d'en pâtir très longtemps. Il suffit de voir comment le scandale des pizzas contaminées pèse encore aujourd'hui. Les ventes se sont écroulées dans les supermarchés. Les usines, pour certaines, ont même fermé. Ironie de l'histoire, la marque Nestlé est entrée en négociation exclusive en fin d'année dernière avec le numéro un des pizzas surgelées en Italie Italpizza pour lui céder l'une de ses usines en France... Pour revenir à notre sujet de l'eau, l'autre préoccupation concerne quand même l’État français. Comme l'expliquait Valérie Berrebi, la directrice de la communication de Nestlé Waters dans nos colonnes hier soir : "En 2021, Nestlé Waters a pris la décision de porter ce sujet devant les autorités et soumettre à leur décision les options possibles. Ainsi, Nestlé Waters a obtenu de la part des autorités la confirmation de la conformité du niveau de microfiltration utilisé et a retiré les traitements non-conformes à la réglementation applicable en France (les traitements ultraviolets et les filtres au charbon actif)." L'industriel de l'eau a pris les devants, évité probablement des sanctions. Et obtenu des autorités françaises une forme de dérogation des règles en vigueur. Pour quelles raisons ? Pourquoi cet avantage ? "Aujourd’hui, les marques d’eau minérale naturelle Perrier, Vittel, Hépar et Contrex sont pleinement conformes au cadre réglementaire applicable en France", poursuit la communicante de la marque. Qu'elle ne se réjouisse pas trop quand même. Dans l'inconscient collectif, pas sûr que l'autorisation accordée suffise à convaincre les Français de continuer longtemps à boire de l'eau en bouteille...