FAIT DU JOUR Le centre social de St-Julien-les-Rosiers ferme en juin 2015
Alors que St-Julien-les-Rosiers est sorti de la politique de la ville en juin dernier, le centre social du Kiosque perd 34 000 € de budget pour 2015, l'obligeant à fermer ses portes en juin prochain. Les sept salariés lancent un cri d'alarme.
Le centre social du Kiosque a été créé en 1998 à St-Julien-les-Rosiers afin de rassembler les habitants dans une dynamique solidaire. 16 ans plus tard, le lieu est devenu une petite institution. Hip-hop, séjours citoyens, accompagnement scolaire, friperie, activités diverses, les sept salariés accueillent aujourd'hui 212 familles habitant dans 28 communes. Un chiffre en constante croissance. Pourtant, les budgets ne cessent diminuer. De 268 000€ en 2011 à 230 000 € aujourd'hui, le Kiosque sera à nouveau amputé de 34 000 € l'an prochain.
St-Julien-les-Rosiers n'est plus une commune prioritaire
Avec le nouveau découpage de la politique de la ville annoncé par le gouvernement en juin, 300 communes françaises sur 900 sortent du dispositif et une centaine y entre. Objectif affiché : soutenir les quartiers où la situation sociale est la plus difficile. Dans le bassin, quatre centres sociaux sont menacés à Salindres, St-Julien-des-Rosiers, Cendras, et aux Promelles (Alès)."St-Julien n'est pas une commune pauvre mais la majorité de nos adhérents viennent d'ailleurs, notamment St-Martin-de-Valgalgues, Rousson et Alès. Ça n'a pas été pris en compte", regrette Jean-Yves Lantoine, directeur du Kiosque.
Ainsi, le centre social, déjà en redressement judiciaire depuis 3 ans, perd sa subvention Adulte relais de 18 000 €, et par ricochet son aide pour l'animation globale versée par le Conseil Général (16 000€) . "On défait ce qu'on a construit, il ne faut pas s'étonner de voir la violence s'aggraver", fustige le directeur.
"Fermer plutôt que licencier"
Le Kiosque bénéficie toujours des financements de la CAF, du Conseil Général et de la commune, et pourrait poursuivre son activité en rognant sur l'un de ses budgets. Mais la direction refuse de sacrifier un poste ou la qualité de son service. "Ce n'est pas possible d'en laisser un au bord de la route. Pour nous, ça n'a pas de sens. Ce n'est pas cohérent avec notre projet d'accompagnement qui est construit avec les adhérents", annonce Valérie Aigon, présidente de l'association, devant le personnel qui affiche une cohésion à toute épreuve. "Tous ces scénarios sont en carton. Ils ne correspondent en rien à nos valeurs", insistent en chœur Julien et Alice, tous deux salariés depuis plusieurs années.
Et à Valérie Aigon d'ajouter : "Ce sont les salariés qui feront leur choix : se rattacher à un autre centre (qui impliquerait aussi un licenciement), réduire la masse de travail (qui conduirait à des baisses de salaires), se séparer d'un collaborateur, ou fermer. Une décision définitive et collective sera prise en décembre".
Des actions à venir
Afin d'anticiper, les adhérents ont déjà été informés de la fermeture des lieux. Mais l'équipe veut encore se battre et continue de travailler comme si de rien n'était. "C'est difficile de rester motivé mais on n'a pas le choix. Les jeunes ne sont pas responsables", souligne Julien.
Plusieurs opérations de sensibilisation devraient être menées dans les semaines à venir. "Pour commencer, on va peut-être essayer de démarcher les maires alentours pour qu'ils nous subventionnent au prorata du nombre de leurs habitants inscrits au Kiosque", avance Jean-Yves. Actuellement, seule la commune de St-Julien soutient le Kiosque à hauteur de 15 000 €.
Eloïse Levesque