FAIT DU JOUR Le futur parc photovoltaïque de Saint-Martin de Valgalgues divise
Plusieurs collectifs étaient présents à l'occasion d'une conférénce de presse ce lundi matin à la ZAC de Lacoste-Lavabreille, à Saint-Martin de Valgalgues. La contestation du futur parc photovoltaïque qui finira d'être installé cet automne était à l'ordre du jour.
Le projet de parc photovoltaïque à Saint-Martin de Valgalgues est acté depuis longtemps. En 2014, une enquête publique a été effectuée à ce sujet. À l'automne 2023, 34 749 panneaux seront installés sur la zone de Lacoste-Lavabreille, selon les chiffres d'Alès Agglomération, s'étendant sur environ 32 hectares, dont neuf pour les installations des cellules. Une bâtisse promettant de couvrir la consommation annuelle d'approximativement 15 000 personnes, sur des friches "inondables, non constructibles et non cultivables", selon les propos de l'Agglo.
Toutefois, cette centrale solaire a encore des opposants. Une conférence de presse était organisée sur les lieux ce lundi matin. Plusieurs collectifs étaient présents pour apporter leur point de vue sur la question. Sébastien Espagne, représentant le collectif CERBA (Collectif citoyen énergies renouvelables du bassin alésien) a tout d'abord pris la parole en précisant qu'une vingtaine de personnes se réunissent depuis des mois pour débattre du projet. Il évoque ne pas être anti-énergie renouvelable, mais pas à n'importe quel prix.
"C'était un verger transformé en projet de ZAC qui n'a jamais vu le jour. L'Agglomération a racheté le secteur à la fin des années 2000. Aujourd'hui, la zone est naturelle avec des espèces parfois protégées", s'exclame-t-il. "Une vraie perle rare" comme le décrivent ces opposants, construite en zone inondable et classée rouge sur le PPRI. De ce fait, "les panneaux seront perchés à cinq mètres de hauteur sur d'importantes structures métalliques dénaturant gravement le sol de la parcelle", selon le communiqué distribué sur place.
Total, l'entreprise qui dérange
Autre point qui dérange les opposants, c'est que le projet soit conduit par Total Énergies. Selon les chiffres évoqués par Sébastien Espagne, Alès Agglomération loue cette parcelle à Total pour la somme de 12 500 euros par mois sur 30 ans, soit 4,5 millions d'euros. Le coût prévu pour l'installation de la centrale serait chiffré à environ 20 millions d'euros. Un bénéfice pour Total estimé à 270 millions d'euros sur la totalité du contrat, une marge colossale pour les détracteurs du projet.
Le communiqué précise que Total Énergies produira à un coût de 60 euros le mégawatt/heure et que certaines communes de l'agglomération renégociant leur contrat d'électricité se sont vues proposer le prix de 420 euros le mégawatt/heure ; sept fois plus que le coût de production. Enfin, dans le dernier point, il est évoqué que la démocratie locale aurait été bafouée. Selon les propos écrits, l'Agglomération du Grand Alès n'aurait pas pris la peine d'évoquer le projet avec les élus et la population locale.
Comme solution, les opposés au projet proposent la création d'une régie intercommunale d'électricité ou d'un pôle de l'électricité. Le représentant du CERBA regrette également le manque de participation citoyenne à la production d'énergies renouvelables. Prenant l'exemple de nos voisins allemands, chez lesquels on trouve 51% de la production énergétique des énergies renouvelables citoyennes. Élément à prendre en compte : d'ici à 2030, 30% des énergies utilisées doivent être issues des énergies renouvelables. Une obligation "qui ne justifie pas le gâchis effectué", explique Sébastien Espagne.
ATTAC attaque Total
Deuxième personne à prendre la parole, la représentante d'ATTAC a été très critique envers Total Énergies, qualifiant l'actionnaire du CAC 40 de "criminel climatique". Elle a rappelé l'implication de la compagnie multiénergies dans le projet d'exploitation du gaz de schiste il y a quelques années, en plus de son investissement actuel sur ce même gaz en Argentine. Elle explique que Total sera impliquée dans 300 nouveaux projets gaziers en Europe sur les dix prochaines années et qu'un forage de plus de 400 puits de pétrole va être lancé en Ouganda, mettant en danger la faune et la flore locale.
Ensuite, Béatrice Ladrange, élue d'opposition à la ville d'Alès et de l'Agglomération, a poursuivi la conférence, en lâchant un petit tacle à la capitale des Cévennes : "Alès fait toute sa communication sur le fait que cette zone était une zone non constructible et non cultivable, ce qui est faux", explique-t-elle, avant d'enchaîner : "La ville est très forte pour collectionner les labels, parfois sans grand intérêt", critique-t-elle. L'élue de la liste Le Printemps alésien affirme que 9% de la consommation énergique de l'Agglo est issue des énergies renouvelables. Bien loin des 20% des autres intercommunalités de même taille.