FAIT DU JOUR Le poilu, nerf de la guerre ?
Hier, à l'occasion de la commémoration de l'Armistice, l'hommage aux poilus n'était pas rendu uniquement sur les squares et devant les monuments aux morts. À Lédignan, une exposition sur la première guerre mondiale avait pris possession du foyer communal, sur l'initiative de l'Association républicaine des anciens combattants.
Il est tout juste 14 heures ce lundi après-midi quand Michel Billerey, porte-drapeau et délégué de l'association, arrive devant le foyer de Lédignan avec sa camionnette, clope au bec et drapeaux français sous le bras, pour ouvrir les portes de la vaste salle où il a installé une exposition dont le thème est la première guerre mondiale. Une fois à l'intérieur, il est facile de repartir sur les traces des poilus et d'imaginer l'enfer qu'ils ont vécu. Panneaux explicatifs, exemplaires uniques d'anciens journaux imprimés depuis près de 100 ans, casques et gourdes abîmés, vieux brancard, cartes postales et photographies jaunies... Des réalités qui amènent le visiteur à se replonger dans cette terrible histoire et suscitent l'intérêt de ceux qui se préparent à célébrer le centenaire avec "preuves" à l'appui. Car des preuves que les soldats ont mené un lourd combat pendant cette période, il n'en manque certainement pas ici.
Ne pas oublier. Au-delà de l'hommage rendus à tous ceux qui sont morts pour la France, Michel Billerey souhaite "que les gens n'oublient pas que nous avons fait des guerres pour rien". Tout au long de sa vie, ce chauffeur routier aujourd'hui retraité, s'est passionné pour les guerres qui ont divisé les peuples et les territoires et n'a jamais cessé de récupérer "à droite à gauche", comme il le dit, des objets en tous genres évoquant ces parties de l'histoire. C'est ainsi que trois expositions ont vu le jour : les deux guerres mondiales et celle d'Algérie, à laquelle il a lui-même participé. "J'y ai perdu quatre ans de ma vie" lance t-il. Et de poursuivre : "La guerre de 1914-1918, sept hommes de ma famille l'ont faite du côté de mon père". S'il n'a pas connu ses deux grands-pères qui sont revenus vivants de la guerre, Michel Billerey a sondé, quand ils étaient encore en vie, certains poilus "du coin", curieux de connaître leur vécu. "Il fallait que ce soit des durs et qu'ils soient sortis des souches paysannes pour combattre, sinon nous n'aurions jamais gagné. Nous n'étions pas équipés pour, et les allemands avaient 20 ans d'avance sur nous", raconte t-il. Révolté par ce désastre humain, il regrette "que ce soit toujours les ouvriers qui payent" soulignant que "les gradés, eux, ils étaient tous à l'arrière et pas sur le front". Paul Valéry disait : "La guerre est faite par des gens qui ne se connaissent pas et qui se tuent parce que d'autres gens qui se connaissent très bien n'arrivent pas à se mettre d'accord". En évoquant cette célèbre citation, Jacques Courtieu, visiteur de l'après-midi, ajoute "n'avoir jamais vu Hitler se battre directement avec de Gaulle".
Patriotisme. En bon patriote, Michel Billerey s'indigne "de ne plus avoir d'armée en France, c'est une erreur monumentale d'avoir arrêté le service militaire ! Il faudrait imposer un an d'armée minimum à tout le monde pour leur apprendre le respect". À un an du centenaire, il compte bien continuer à présenter son exposition, toujours dans cette même salle communale "alors que certains politiques ont attendu l'arrivée de la période électorale pour s'intéresser à la guerre. Une fois que les quatres années du centenaire seront passées, ils n'y penseront plus. Moi, je continue chaque année à faire mes expositions pour mon plaisir et pour que les gens viennent". Quoi qu'il en soit, le devoir de commémoration perdure aujourd'hui et place la jeunesse au centre de ce travail afin de continuer à transmettre au fil des années l'histoire de ces guerres qui ont marqué le pays.
Elodie BOSCHET
elodie.boschet@objectifgard.com