FAIT DU JOUR Les éco-volontaires du cirque de Navacelles, entre patrouilles et délivrance d'informations
Comme chaque année, le peu fortuné syndicat mixte du Cirque de Navacelles engage des éco-volontaires pendant la saison. Des jeunes d'à peine plus de 20 ans qui font de la prévention aux risques auprès des usagers des espaces naturels, ramassent les déchets et délivrent des informations sur les richesses du territoire, les chemins de randonnée ou les horaires des navettes. Tout en découvrant un territoire exceptionnel. Pour la première fois, le syndicat mixte apporte aussi, cette année, l'information dans un secteur saturé, la cascade de la Vis à Saint-Laurent-le-Minier.
Ce matin, elles sont trois à descendre de la Baume-Auriol, côté héraultais, vers le hameau de Navacelles. Le sentier fait un peu plus de quatre kilomètres et, déjà, Catell a enfilé un gant ménager assez épais. "On peut être appelées à ramasser des déchets sur le sentier." Mais c'est rare, les randonneurs sont plutôt des gens raisonnables et disciplinés, insistent les trois éco-volontaires.
Erell, Catell et Marion entament leur descente, supervisée ce matin-là par Manon Bourg, directrice du syndicat mixte du Cirque de Navacelles, qui réunit les départements du Gard et de l'Hérault, ainsi que les communautés de communes du Pays Viganais et du Lodèvois et Larzac autour des enjeux du site majestueux. Erell venait d'achever un service civique avant de regarder les offres de volontariat. Catell, qui suit un master en gestion forestière, a cherché des stages sur le site de la fédération des parcs. Enfin, Marion vit "une année de césure". La Picarde cherchait "des stages dans différents domaines, autour de l'animation nature".
Pendant une semaine, ces trois - et quelques autres - partagent le gîte communal de Vissec et une Twingo que le syndicat loue pour que ses éco-volontaires puissent graviter sur le territoire. Et arpenter les sites à enjeux. "On fait des patrouilles plutôt le matin, explique Catell. On sensibilise, notamment, les randonneurs au risque incendie." L'après-midi, les trois volontaires croisent surtout des baigneurs dans le hameau, les randonneurs préférant les heures fraîches de la journée. "Ici, les gens sont plutôt respectueux du site", témoignent-elles en choeur.
Néanmoins, la veille, Marion, Erell et Catell ont recensé cinq foyers ayant servi à faire du feu dans un paysage asséché, et quelques personnes qui voulaient bivouaquer, alors même que c'est interdit dans ce site classé. Ce mercredi, la descente ne donne presque rien en matière de ramassage. Tout juste un petit amoncellement de cartons à la provenance non-identifiée.
Arrivées au hameau, les trois collègues installent leur stand au point d'arrivée des navettes qui descendent des belvédères de Blandas et de la Baume-Auriol. "D'ici, on démarre une visite guidée sur la géologie et l'histoire du cirque, continue d'expliquer Catell, ainsi que l'histoire du hameau." Avant de préciser : "Il a été habité, à partir du 11e siècle, par les moines de l'abbaye de Gellone."
Sur le stand, les volontaires déploient des photos de rapaces à observer sur le site, des moulages de traces de pas d'animaux, des tiroirs à insectes, etc. Mais, bien souvent, les trois filles délivrent des informations qui relèveraient plutôt de l'office de tourisme, comme l'horaire des navettes, les randonnées à faire en une matinée ou plus, avec chaussures adaptées ou pas, etc. Une façon de soulager les habitants du hameau, qui n'en pouvaient plus de renseigner les touristes.
C'est le même type de stand que le syndicat mixte a implanté cette année à la cascade de la Vis de Saint-Laurent-le-Minier. Un site désormais pris d'assaut l'été, qui donne lieu à des conflits d'usage entre familles et bandes de jeunes, notamment en fin de journée, et draine un public souvent peu respectueux du site. "On fait face à un public plus compliqué là-bas", reconnaît Manon Bourg. Et, si la mairie se débat comme elle peut avec cette affluence importante, en ayant notamment imposé un parking et un tarif de 10€ la journée, la mesure comporte un effet pervers. "Le paiment accentue encore plus le comportement de consommateurs du site."
"On mène une ou deux patrouilles dans l'après-midi", expliquent Anne-Charlotte et Simon, volontaires pour le syndicat mixte. Mais des patrouilles informatives, sans évidemment aucun pouvoir de police. "On fait passer le message du pourquoi on demande du respect pour le site, notamment par rapport aux espèces qu'on peut trouver, à la dangerosité de certains endroits, etc." Manon Bourg donne l'exemple de l'ancien acqueduc qui traverse la rive gauche de la Vis au niveau de la cascade, et sous lequel se mettent souvent des familles pour profiter de l'ombre, alors même que l'ouvrage menace de s'écrouler...
"On accroche souvent le public grâce aux enfants", poursuit Simon. Plus curieux que leurs parents, les petits sont souvent attirés par les insectes posés sur le stand. "On leur propose aussi des petits jeux, on en profite pour donner des informations sur le cirque de Navacelles". En sachant bien que, si le message est régulièrement rappelé par l'un des enfants, les adultes finissent bien pas s'y conformer...