FAIT DU JOUR Les ponts tournants du Grau-du-Roi, traits d'union entre deux rives depuis plus d'un siècle
Depuis 1901 et la construction d'un premier pont reliant les rives droite et gauche du Grau-du-Roi, de nombreux édifices se sont succédés. Retour sur l'histoire mouvementée de l'un des symboles du Grau-du-Roi.
Il est le trait d'union mobile entre deux rives. Perché au dessus du Vidourle depuis 1951, le pont tournant du Grau-du-Roi attise toujours la curiosité des visiteurs lorsqu'il s'écarte pour laisser entrer les bateaux ou quitter le chenal maritime. "À chaque fois, les piétons bloqués quelques minutes en profitent pour prendre les bateaux en photo, confirme Daniel Rey, aux manettes depuis sa cabine. Être pontier, ce n'est pas si facile. Parfois les gens râlent de ne pas pouvoir passer, je me suis même déjà fait insulter."
Il faut dire que sur l'édifice, le trafic ne désemplit pas. "Il y a du passage tout le temps, mais l'on ne se rend compte de son utilité que quand il est en panne, estime Daniel Rey, l'un des trois pontiers de la commune. Il y a quelques années, un câble du pont a lâché. C'était un 16 août à 8 heures du matin. Je ne vous raconte pas la panique que ça a créé. Pour traverser, il fallait passer par le pont levant, situé à 3 kilomètres de là, et complètement saturé. Les plus contents étaient les commerçants de la rive droite, qui attire généralement moins de monde que la rive gauche, située du côté du centre-ville. Ils n'ont jamais autant travaillé que ce jour-là !"
Traversé par les abrivados depuis 30 ans
Des anecdotes sur le pont tournant, les Graulens en ont à revendre. "Dans les années 1990, j'étais adjoint aux Festivités quand nous avions décidé de faire passer une abrivado sur le pont, raconte Lucien Topie. Nous l'avions fait partir du Boucanet et les taureaux devaient aller jusqu'aux arènes. C'était un acte symbolique. Les manadiers étaient un peu craintifs. Ils ne savaient pas si les chevaux accepteraient de traverser le pont. Mais ça s'est bien passé, et depuis, c'est resté. L'abrivado traverse le pont tournant le mardi et le samedi de la fête."
"En 2016, pour ses 70 ans, nous avions exposé des photos sur des bâches géantes accrochées au pont, poursuit l'adjointe à la Culture, Nathalie Gros-Chareyre. Il est devenu à plus d'un titre un pilier de la vie des Graulens."
Pour les chalutiers et plaisanciers
De pilier justement, le pont tournant n'en a qu'un seul. Tout le mécanisme de rotation repose sur quelques vérins, des câbles hydrauliques qui permettent sa mise en action. "Le pont a été rénové en 1992, mais il est très fatigué et il va falloir le remplacer dans les prochaines années, estime Daniel Rey. Nous actionnons le pont tous les matins vers 3 heures, pour les départs des 16 chalutiers qui rentrent généralement au chenal vers 17 heures. Pour les plaisanciers, il y a des ouvertures fixées tous les jours à 8 heures, 10 heures 15, 12 heures 30, 14 heures en semaine et 18 heures 30."
"Le pont est la propriété de la Région qui finance les travaux mais c'est la commune qui le gère, précise Nathalie Gros-Chareyre. L'histoire de cette traversée du Vidourle a connu de nombreux rebondissements. Au XIXe par exemple, c'était une barque qui servait de navette payante entre les deux rives. Le premier pont remonte à 1901. À l'époque, le Grau-du-Roi n'était qu'un village de 800 habitants. Depuis les choses ont bien évolué." Le pont tournant aussi. Son histoire longue et mouvementée est à découvrir en images.
Boris Boutet