FAIT DU JOUR Pour briser les préjugés, les musulmans ouvrent leurs mosquées
À l'appel du CFCM (Conseil Français du Culte Musulman), les mosquées ont ouvert leurs portes ce week-end. Après les attentats terroristes perpétrés au nom de l'islam, les musulmans souhaitent rappeler que leur culte prône la paix. Reportage dans la plus vieille salle de prière nîmoise, la Mosquée de la miséricorde.
Fondée en 1976, la salle de prière située à quelques pas de la gare est l'une des plus anciennes de la ville. Sa porte en forme d'arche, lourde et imposante, est rarement fermée. "Ici on accueille tout le monde, c'est un lieu de passage", expose fièrement Dominique Mimoun, vice-présidente de l'association cultuelle. Coiffée d'un bonnet et habillée d'une doudoune marron, elle attend les visiteurs à l'extérieur de la salle de prière. Agée de 47 ans, Dominique Mimoun est le fruit d'un mariage mixte entre une mère, catholique, et un père, musulman originaire du Maroc. C'est à l'âge de 12 ans qu'elle décide de se convertir à l'islam. De là, débute une riche aventure littéraire, entre "apprentissage de la langue arabe et travail d'interprétation des textes religieux". Voilà son parcours, son histoire. Une histoire qu'elle raconte sans pudeur, mais avec modestie, à Pierre et Marie-Luce. Le couple de catholiques vient de franchir la porte.
Après avoir dégusté un thé à la menthe et un assortiment de viennoiseries chaudes du matin, la visite démarre par la salle de prière, dont le sol est recouvert d'un tapis rouge à motifs. Près de la porte, une étagère a était installée pour y ranger les chaussures. Depuis l'extérieur, les visiteurs observent la mihrab. Une sorte de niche vers laquelle les musulmans se tournent pour prier. L'heure des cinq prières (6h50 ; 13h ; 15h05 ;17h30 ; 19h) y est également inscrite. Chaque jour, un imam accompagné d'un traducteur en français prononce le serment. Les fidèles sont entre 40 et 50, à l'exception du vendredi, prière la plus importante pour les musulmans, où ils sont près de 500, selon l'association.
"Tuer une seule personne revient à tuer l'humanité tout entière"
Pierre et Marie-Luce sont catholiques. Marie-Luce considère qu'il est important de venir pour "poser un acte de bienveillance. Après les attentats, ce n'est pas évident pour eux (les musulmans, NDLR)". Les attentats terroristes de 2015 ont un peu plus jeté le discrédit sur une communauté, déjà sujette aux polémiques appuyées par certains responsables politiques comme celle du voile intégral. Pour Dominique Mimoun, l'islam est une religion de paix : "Islam prend sa racine du mot salam qui signifie paix". Quant au mot "djihad", elle assure qu'il "ne signifie pas tuer les autres. Le djihad, c'est le papa qui va se lever le matin pour aller travailler, ce sont ceux qui se lèvent tous les jours et qui font des efforts".
Alors, s'il y a une guerre à mener, c'est celle contre l'ignorance : "parler arabe, apprendre par coeur le Coran, beaucoup le font. Mais il faut avant tout comprendre les textes et les interpréter en les remettant dans leur contexte", estime Dominique Mimoun avant de conclure : "pour un musulman, tuer une seule personne revient à tuer l'humanité tout entière".
Coralie Mollaret