FAIT DU JOUR Un radar testé pour renforcer la sécurité aux cascades du Sautadet
Aussi majestueuses que dangereuses, les cascades du Sautadet, à La Roque-sur-Cèze, ont pris plus de trente vies depuis soixante ans, la dernière en juin dernier, juste avant l’ouverture de la saison estivale.
Or, sécuriser ce lieu naturel, fréquenté par jusqu’à 8 000 personnes par jour, est un casse-tête, et les différents messages de prévention et panneaux rappelant l’interdiction de la baignade au niveau des cascades ne suffisent de toute évidence pas. Alors cette année la commune, soutenue par l’Agglo du Gard rhodanien et les services de l’État dans sa démarche, a choisi de recourir aux services de l’entreprise Yzope protection, basée à Remoulins.
« Nous disposons trois personnes, une sur la rive droite, qui accueille le plus de groupes, pour faire l’accueil et de la prévention, et deux agents sur l’autre rive qui avec un sifflet et un porte-voix éloignent les gens de la zone interdite de 4 mètres », explique le gérant d’Yzope, Christophe Maurel. Un dispositif qui vient compléter celui déjà renforcé cette année par les services de l’État : « cette année nous avons renforcé la présence de gendarmes, avec notamment deux patrouilles équestres pour rappeler les gens à la vigilance », présente Christophe Perrin (*), le chef de la protection civile à la préfecture du Gard.
Pour y parvenir, l’aide de l’entreprise privée est bienvenue, « et nous permet d’intervenir de façon plus pertinente », estime le lieutenant Fabrice Revel, qui commande la communauté de brigade de Pont-Saint-Esprit. Le capitaine Christophe Perrin (**), nouveau commandant de la compagnie de gendarmerie de Bagnols, y voit quant à lui « un continuum de sécurité pour être plus efficace. »
Une « zone interdite »
Ce dispositif est renforcé depuis quelques jours par un appareil unique en son genre, en tout cas pour une utilisation en milieu naturel. Il s’agit d’un radar, conçu et développé à Toulouse par l’entreprise EPSI, dont la technologie vient de l’aéronautique, et qui sert initialement à détecter les intrusions sur les sites sensibles. « Nous avons eu l’idée avec EPSI de dévoyer l’utilisation de ce radar pour aviser les agents dès qu’il y a une intrusion dans la zone interdite de 4 mètres », explique Christophe Maurel.
Pour le test, démarré la semaine dernière et qui se poursuivra encore quelques jours, c’est un radar mobile qui est déployé sur la rive gauche. « Il est muni d’une antenne radar en haut du mât qui surveille de manière continue sur une angle de 90 degrés, détaille le technicien d’EPSI Romain Teyssedre. Il y a un calculateur qui va ensuite définir, à l’aide d’un algorythme, si ce que le radar a vu est un humain. » La zone est délimitée, et dès qu’une personne pénètre dans la zone interdite, une alarme est envoyée aux agents avec la géolocalisation et la caméra dont est munie le radar zoome sur l’« intrus » pour aider à le repérer.
Et autant dire que ni les agents, ni le radar n’ont le temps de s’ennuyer, un grand nombre de visiteurs se rapprochant dangereusement de la rive ayant dû être rappelés à l’ordre au cours de près de deux heures que nous avons passées sur site ce samedi. Reste que l’outil fait la démonstration de son efficacité pour aider les agents de sécurité à éloigner les vacanciers du danger, même s’il n’est pas calibré pour détecter une éventuelle présence dans l’eau. « Pour l’essai, il n’est pas positionné pour le faire, mais c’est techniquement possible », précise Romain Teyssedre.
« Nous sommes victimes de notre beauté »
« Je pense que c’est efficace », estime le maire de la Roque-sur-Cèze Robert Gautier. Un élu qui a depuis son élection en mars dernier la lourde charge d’un village de 190 habitants mais aussi et surtout d’un des principaux sites touristiques du département, et pas le moins dangereux. « Nous sommes victimes de notre beauté », ajoute-t-il, ayant l’expérience de mandats antérieurs. Ce site, « il faut continuer à le faire visiter, mais il faut que les gens soient plus conscients du danger et qu’ils arrêtent de jouer avec leur vie », martèle-t-il, tout en ajoutant que la fréquentation des cascades « a doublé en dix ans. »
Alors la commune a récemment délibéré pour gérer le flux touristique en partenariat avec l’Agglo du Gard rhodanien, plus à l’échelle pour prendre cette délicate question en main. Pour la sécurisation des cascades en elles-mêmes, le radar semble donc une piste intéressante. Seulement, « on a la chance de l’avoir en démonstration, ça ne nous coûte rien, mais l’année prochaine ? », pointe le maire.
Il faut dire que le radar mobile utilisé pour la démonstration coûte la bagatelle de 40 000 euros. Quant au coût d’un radar fixe, « il dépend d’une étude complète », élude le technicien d’EPSI. La question se posera si les collectivités décident de franchir le pas.
Thierry ALLARD
thierry.allard@objectifgard.com
(*) et (**) : précisons, pour votre bonne compréhension autant que pour l’anecdote, qu’il s’agit de deux parfaits homonymes.