FAIT DU SOIR À Mialet, huit caméras de vidéosurveillance animent un débat déjà agité
La mesure a été votée lors du conseil municipal de la fin septembre et donné lieu à une petite manifestation d'opposants : la municipalité a décidé la pose de huit caméras de vidéosurveillance en divers lieux de la commune où des incivilités avaient été constatées. Depuis, la commune continue de se parsemer de petits tags adressés au maire, phénomène initié le 13 juillet dernier. En fond de polémique, la palissade que la maire a imposé à l'épicerie Chez Mialet, sur demande de la préfecture, continue de faire débat.
"Ma motivation, ce ne sont pas les tags", tient à préciser Jack Verriez en introduction, pour justifier la pose de caméras de vidéosurveillance. Ces tags, le long de la départementale de la vallée des Camisards, ou petites inscriptions sur les panneaux proches de la mairie, fleurissent depuis le 13 juillet, selon le maire lui-même. "C'était le jour d'un repas au village, mon nom était écrit partout." Depuis, il continue d'être inscrit. La commune a pris une entreprise extérieure pour nettoyer, pour 1 000 €, car "mes cantonniers n'ont pas le temps de faire ça", botte Jack Verriez. Mais les tags ont fleuri ailleurs.
"L'idée d'une vidéosurveillance part d'un problème avec les points d'apport volontaire" (PAV), rembobine Jack Verriez. Soit trois sites où trier ses ordures, sur la commune, qui reçoivent régulièrement des déchets en trop ou inadaptés. "On est une commune de passage et on a parfois des camions entiers de déchets à évacuer", les PAV se trouvant, eux aussi, sur la zone de passage. "On a commencé à me parler de poser des caméras de chasse, qui se déclenchent au passage de quelqu'un. Mais elles n'ont pas de caractère officiel, donc pas de légalité."
Du coup, l'idée de quadriller la commune, aux lieux marqués par des incivilités, fait son chemin. "Partout où il y a eu des dégradations, je me suis dit "il faut en mettre". Par exemple aux courts de tennis : une boîte à clés avait été posée, elle a été saccagée. Les grillages ont été coupés et les toilettes abîmées." Le maire a tendance à mettre ceci sur le compte d'une hausse brutale des tarifs de réservation, pour lesquels la mairie n'est pourtant pas gestionnaire. En propriétaire, elle a néanmoins déposé plainte. "Cela s'ajoutait à une série de petites choses qui n'allaient pas".
La série de tags est arrivée. Puis, la détérioration de l'olivier derrière le foyer, planté comme Arbre de la liberté lors du bicentenaire de la Révolution, en 1989. "J'ai donc fait poser un grillage pour le protéger, explique Jack Verriez, ce qui a provoqué un nouveau tag : "Honte à l'arbre de la liberté mis en cage"..."
Le 24 septembre, le conseil municipal a donc voté 25 000 € de budget pour la pose de caméras "au tennis, au foyer, à la mairie, devant l'école, devant la future bibliothèque et le bureau de Poste, ainsi qu'aux trois PAV". Dans les critiques qui lui sont adressées, Jack Verriez croit aussi que lui sont reprochées une politique et une gestion participative qu'il n'aurait pas mis en place. "J'ai essayé, se justifie-t-il, mais ce n'est pas possible. Chacun donne son opinion, différente de celle de son voisin, et on n'avance pas. Or, les temps sont longs. Je vois pour le cimetière, dont le mur de fond s'effondrait et qui était prioritaire, il aura fallu trois ans et demi pour commencer à peine les travaux !"
"On est une grosse partie de la population qui souhaitions avoir une concertation, au moins une réunion publique", contredit la conseillère municipale Nathalie Servais. Élue sur la liste du maire, en 2020, elle s'en est rapidement démarquée pour divers désaccords. "Nous sommes opposés à la vidéo, parce qu'on n'en voit pas l'utilité".
L'élue d'opposition, désormais, reconnaît avoir constaté "des incivilités, mais je ne pense pas qu'il y ait eu de vandalisme. Mais de là à poser des caméras, même si elles sont subventionnées à 80 %, est-ce une raison ? Quel est le crétin qui ira se faire prendre en photo en train de mal jeter ses ordures ? Sa décision a choqué du monde, et le maire sera le seul habilité à consulter les vidéos."
"Ce qui le rend furieux, ce sont sans doute les graffitis, qui le provoquent mais ne sont pas insultants, conclut Nathalie Servais. Mais on quand même l'impression qu'on est dans une répression." Voisin de la mairie et membre de l'association Chez Mialet, Pierre Péguin pose un constat similaire. "Je ne suis pas d'accord avec la façon de faire du maire, qui oppose les gens entre eux. Il faudrait utiliser l'argent de la vidéo à rendre la vie plus agréable, réhabiliter des logements, etc. Les caméras ont peut-être leur intérêt dans les grandes villes, mais pas ici."