FAIT DU SOIR Deux frères nîmois ont réveillé la distillerie Génestine, créée en 1845
Depuis 2021, Boris et Sébastien Jolivet se sont lancés dans une aventure complètement folle. Ces deux Nîmois ont relancé la mythique distillerie Génestine, créée en 1845 à Clermont-Ferrand, un des anciens fleurons français et mondiaux en la matière.
Sébastien Jolivet, déjà agent, grossiste en vin dans le Puy-de-Dôme, sommelier et oenologue, vendait les produits distillés d'une autre société. Un jour, il décida de se lancer à son compte. Au lieu de partir d'une page blanche, il tombe sur cette société de Clermont-Ferrand, une des plus anciennes distilleries créées en France et la plus grande du pays dans les années 20 et 30.
Elle se transmettait de père en fils, mais au milieu des années 50, le dernier enfant n'avait pas envie de reprendre le flambeau. Ce bâtiment en plein centre-ville de Clermont-Ferrand a donc fermé du jour au lendemain. Le logo de la marque, l'âme originelle de la Maison Génestine, fut dessiné par Auguste Bartholdi, créateur de la Statue de la Liberté, le plus grand statuaire de l'époque.
"J'ai travaillé pendant dix ans dans le commerce à Port-Camargue, c'est mon frère qui avait déjà beaucoup de clients dans le milieu. Il avait déjà 300 ou 400 actifs", explique Boris Jolivet, directeur commercial de la partie sud de la France. Avec une quinzaine d'agents au total, l'homme de 42 ans chapeaute plusieurs grossistes qui vendent les produits Génestine dans les hôtels, restaurants ou encore les cavistes. Au moins une soixantaine de revendeurs travaille avec la structure dans le Gard. On retrouve dans le Gard : Le Comptoir de Bacchus, la Cave Quarante et Un, Les Jolis Canons, Chez Bonnie, Les Vins de Nos Pères, les V and B à Alès et Nîmes, ou encore le Comptoir Méditerrannéen à Bellegarde.
Tout récemment, la Distillerie Génestine a commencé à travailler avec le célèbre restaurant Alexandre/Michel Kayser, doublement étoilé à Garons. "Le sommelier Lionel Delsol, historique de la maison, avait goûté nos produits chez un ami à lui qui nous revend, le Comptoir Méditerranéen à Bellegarde, et quand on a voulu prendre rendez-vous avec lui il nous connaissait déjà. Il nous a demandé si on pouvait lui faire découvrir toute la gamme", se félicite Boris Jolivet.
Plus loin, en sortant du département, la Distillerie Génestine rayonne aux quatres coins de la France mais aussi à l'étranger : en Belgique, au Portugal, au Canada, aux Etats-Unis, en Chine, à Hong-Kong, en Thaïlande, aux Emirats Arabes Unis..., "on doit avoir plus de 700 clients actifs, ça va de la prospection en direct jusqu'au travail en lien avec des grossistes. Le plus important c'est d'avoir un suivi avec ses agents, parce que les clients aiment être en relation avec les représentants de la marque", dévoile Boris.
Large gamme de produit
Les deux frères viennent d'une famille d'épicurien, où leur père fabriquait déjà des liqueurs. Un jour, il trouve un vieux grimoir, et tout commence. "Quand on faisait un gros repas, la tradition était qu'il sorte toutes ses liqueurs, on a baigné un peu dans cet univers là. Ma mère était la meilleure cuisinière du monde, on a jamais mangé de plats congelés jusqu'à mes 18 ans", se remémore Boris.
La Maison Génestine propose dix spiritueux différents à la vente. Les produits sont élaborés à base d'ingrédients purement naturels, d'eau pure d'Auvergne et d'alcool surfin, sans alcool, colorant et arôme artificiel. "On travaille les choses fraîchement. Notre verveine est produite avec nos champs à nous. On récolte, on effeuille et on produit tout de suite après. Pareil pour notre limoncello, notre mandarine et notre gentiane, on les travaille de saison et mûr", certifie Boris.
On retrouve donc un vermouth (vin rouge avec macération de plantes et épices), une gentiane (un produit qui revient beaucoup à la mode et une amertume marquante), un pastis artisanal et des liqueurs : verveine, limoncello, mandarine, menthe poivrée, liqueur de 80 plantes et deux gins.
Certains produits ont même été primés. Le plus grand salon mondial de distillateur à Londres a remis une médaille d'argent pour les designs des bouteilles, une médaille d'or pour la verveine et une en bronze pour le vermouth. Et à Paris, la distillerie a reçu une médaille d'argent pour sa menthe poivrée, et une en or pour sa gentiane. Pour les fêtes, les produits se sont arrachés comme des petits pains, pour offrir en cadeau de Noël. Les deux frères ne comptent pas s'arrêter là et réfléchissent à un rhum et un whisky dans un futur proche. Pour pousser l'expérience encore plus loin, un musée sera prochainement créé dans les caves souterraines de Clermont-Ferrand.