FAIT DU SOIR Écrevisse de Louisiane : de l'étang de la Capelle aux assiettes des habitants
L'écrevisse rouge de Louisiane a été introduite en France dans les années 70. Elle était produite par des fermes aquacoles ou utilisées comme appât pour la pêche aux carnassiers. Problème : le crustacé a rapidement colonisé les milieux naturels et déséquilibre les écosystèmes aquatiques. On en trouve notamment dans l'étang et les mares de La Capelle, dans le Gard. Le maire, Xavier Gayte, a eu une idée originale pour limiter leur impact sur cette zone classée Natura 2000.
Il semble difficile d'éradiquer cette espèce invasive exotique aujourd'hui. Mais il est possible de freiner son expansion en la pêchant à l'aide de nasses, durant les assèchements périodiques des plans d'eau. Oui, mais que faire de ces centaines d'écrevisses une fois sorties de l'eau ? "On va essayer de trouver une recette pour déguster la bisque de Louisiane au bistrot de pays", imagine Xavier Gayte, maire de La Capelle-et-Masmolène. Il veut organiser deux grandes journées de capture des écrevisses avec les habitants au printemps et à l'automne, et ensuite les confier au chef Joris Nury, qui dirigera avec son compagne, Fanny Dalla Costa, le futur bistrot de pays du village qui ouvrira le 7 avril (*).
Ce défi un peu fou est rendu possible par le programme européen LIFE Terra Musiva, porté par le Syndicat mixte des gorges du Gardon avec huit partenaires dont fait partie la commune de La Capelle-et-Masmolène. Ce sont plus de six millions d'euros qui vont être injectés sur cinq ans sur le territoire pour aider à financer des actions concrètes en faveur de la biodiversité. Et parmi elles, cette prochaine pêche d'écrevisses de Louisiane suivie d'une grande dégustation avec les habitants.
"C'est l'occasion de parler écologie autour d'une bouffe locale. Il y a un côté rigolo", reconnaît le maire. Une dimension ludique, mais qui est aussi un grand pas vers la préservation de l'espèce emblématique de l'étang : le triton crêté. "Les écrevisses de Louisiane empiètent sur la faune locale, notamment le triton qui a moins d'espace pour se développer. Alors que c'est une espèce détritivore qui boulote les matières organiques mortes au fond des mares. C'est une sorte d'épurateur. Au-delà de ça, le triton fait partie du patrimoine paysager de la commune, c'est un symbole", tonne Xavier Gayte.
Bientôt un brunch 100% produits de La Capelle-et-Masmolène
Reste à obtenir l'autorisation de capture de la Direction départementale territoriale et la certification de capacité. Pour les années suivantes, le maire espère coupler cette pêche à la Féria de la biodiversité, un nouvel événement qui va également se mettre en place grâce au programme LIFE, dès 2023 normalement.
Le tout sera organisé en lien avec le futur bistrot de pays de La Capelle-et-Masmolène, qui fera bistrot, épicerie, produits de terroir, tabac, vente de journaux et point relais colis. Il sera situé juste au-dessus de la mairie, accolé à la salle polyvalente qui a été refaite à neuf également. Un endroit stratégique à égale distance entre La Capelle et Masmolène et au pied des chemins de randonnée et des pistes d'escalade.
Il sera donc possible pour les visiteurs de se restaurer après une bonne promenade ou une séance de grimpette dans ce bistrot de 125m2 ouvert toute l'année. Et durant les beaux jours, ils pourront s'installer sur la terrasse, abritée d'une pergola. Entre le bâtiment et les parkings, la commune a investi 250 000 €, aidée par le programme LEADER. Le lieu sera complété par la construction d'un terrain de pétanque. Certains jours, le chef préparera même le Cap'ten, un brunch avec 10 produits 100% du village : pain, pâtisserie, fromage de chèvre, huile d'olive, vin, miel, légumes, fruits... et pourquoi pas un peu de bisque d'écrevisse de Louisiane ?
Marie Meunier
(*) Le bistrot de pays ouvrira le 7 avril. Fanny Dalacosta, originaire de Vallabrix, et Joris Nury ont été choisis suite à un appel d'offres lancé par la commune. Ils ont une concession d'affermage qui s'étend sur cinq ans.