FAIT DU SOIR Faire son "instruction" en famille et à la maison ?
Certains parents sont désespérés de voir leur enfant évoluer dans un univers scolaire qui se délite d'année en année. La loi du 24 août 2021 confortant le respect des principes de la République a modifié les conditions d'accès à l'instruction en famille.
Le programme ne leur semble plus cohérent, les manuels seraient discutables et les manières d'aborder la vie de tous les jours ne leur sied guère. Plus de rigueur ? Moins de temps morts ? Un autre respect inculqué ? N'ont-ils pas peur de se tromper ? Même avec la meilleure volonté du monde et une envie indéniable de faire le bien, il n'est pas facile d'enseigner. Et encore plus à son enfant.
"Je n'ai pas hésité et j'ai lancé les démarches. Nous verrons comment cela se passe mais étant donné que je ne travaille plus comme avant, que je suis en télétravail et que mon fils ne se sent pas bien à l'école, nous allons tenter l'instruction en famille, avoue Marie, maman d'un Ange de huit ans. J'en ai marre qu'il parte à l'école avec la boule au ventre et que sur place ils n'apprennent rien ou presque. Quand on voit le système français et son évolution lors des trente dernières années, j'ai peur. Je préfère en assumer les conséquences plutôt que me reposer sur un enseignement qui ne mènera à rien, j'en suis persuadée."
Justifier et avancer
Comment faire ? Ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que l'instruction est obligatoire pour tous les enfants de trois à 16 ans. Elle est dispensée dans les établissements d'enseignement publics ou privés. Elle peut exceptionnellement l'être dans la famille par les parents, par l'un d'entre eux ou par toute personne de leur choix, sur autorisation préalable du directeur des services départementaux de l'Éducation nationale (DASEN).
Mais tout cela ne se fait pas en un jour et les démarches doivent être vérifiées à chacune de leurs étapes. Vous pouvez faire cette demande si vous êtes donc titulaire de l'autorité parentale de l'enfant et si les résultats du contrôle pédagogique de votre enfant, régulièrement instruit dans la famille au cours des années précédentes, ont été jugés suffisants.
"Je n'ai pas trop de doute sur les qualités des enseignements que l'on peut faire à la maison, insiste Marie. Si on met un peu de rigueur et beaucoup d'amour, je suis sûre que notre fils apprendra mieux, plus et plus rapidement. Le seul problème dans cette éducation c'est le manque de repère sociaux. J'ai peur que nous en arrivions à nous couper des autres, à vivre un peu comme des gens sauvages mais ce n'est pas du tout le but."
Vous pouvez demander l’autorisation d’instruire votre enfant dans la famille pour les motifs suivants: son état de santé, une situation de handicap, la pratique d’activités sportives ou artistiques intensives de l’enfant, l'itinérance de la famille en France, l'éloignement géographique de tout établissement scolaire public ou encore l'existence d’une situation propre à l’enfant motivant le projet éducatif.
Pour la rentrée scolaire 2023, vous devez déposer votre dossier entre le 1er mars et le 31 mai 2023. Vous devez déposer le dossier complet (formulaire rempli, daté, signé et les documents justificatifs) auprès de la DSDEN du département de résidence de l'enfant en cliquant ici.
Défaut de confiance
Ange n'est pas malheureux de ce possible changement. "Je n'aime pas trop aller à l'école. Je sais que maman saura m'apprendre les mêmes choses et si je ne comprends pas je n'hésiterai pas à le dire. À l'école, souvent, je n'ose pas et je prends du retard. L'école, c'est bien pour les copains mais l'école à la maison ne me fait pas peur, au contraire. Je sais que je verrai toujours mes amis."
De manière générale, l'autorisation est accordée pour la durée de l’année scolaire. En conséquence, vous devez déposer chaque année une demande d’autorisation d’instruction dans la famille auprès de la DSDEN du lieu de résidence de l’enfant mais une autorisation peut être accordée pour une durée maximale de trois années scolaires lorsque la demande est motivée par l’état de santé de l’enfant ou son handicap.
Les grands-parents maternels d'Ange ne sont quant à eux vraiment pas inquiets. Pour Marc, "je dis qu'il faut faire ça depuis des années. Je ne crois hélas plus en l'Éducation nationale. J'étais maître des écoles. j'ai vu les directives changer, le nivellement vers le bas se généraliser en tout et pour tout, l'appauvrissement de la langue et du langage usité, l'accroissement du manque de respect des petits mais aussi des grands envers le corps enseignant... Je pense que ma fille ne fera pas moins bien et je suis sûr que pour Ange c'est ce qu'il y a de mieux !"
Plus de renseignements à la DSDEN, 58 Rue Rouget-de-Lisle 30030 Nîmes. Tel : 04.66.62.86.00.