FAIT DU SOIR La campagne vaccinale freinée dans son élan
Vaccination ouverte aux 55 ans et plus, vente d'autotests dans les pharmacies... Depuis lundi, c'est un véritable branle-bas de combat qui s'est déclenché autour de la campagne vaccinale. Mais depuis, le soufflet est retombé.
La campagne vaccinale a pris un nouveau tournant avec l'entrée en vigueur de plusieurs nouveautés depuis le lundi 12 avril. D'abord, les 55 ans et plus sont désormais autorisés à recevoir les vaccins AstraZeneca et Johnson & Johnson en pharmacie ou chez leur médecin. Le premier suscite encore des réticences après sa période de suspension pour des craintes d'effets secondaires graves. À tel point que certaines pharmacies gardoises ont eu du mal à écouler leur stock de vaccins du laboratoire anglo-suédois. "Il y avait pourtant une forte demande. Mais d'une part les doses ont mis un certain temps à arriver, d'autre part nous avons eu beaucoup de désistements liés au fait que c'était le AstraZeneca ", explique Saïd Ouhdouch, rencontré lundi dans son officine, la Pharmacie du Quai à Beaucaire. Même son de cloche du côté de la Pharmacie du Port. "Nous avons même dirigé des personnes âgées vers le centre de vaccination de Beaucaire où sont délivrées des doses du vaccin Pfizer", explique Anne Sarramegna, assistante du directeur. Ce dernier, Michel Laget l'assure, il ne commandera plus de vaccins AstraZeneca. "Il m'en reste quelques doses que je réserve pour les rappels."
Tout comme Saïd Ouhdouch, il s'est tourné vers le vaccin Johnson & Johnson. Les officines ont droit à un flacon soit cinq doses, par semaine. "C'est clairement insuffisant", a réagit Éric José, pharmacien à Saint-Gilles et co-président du syndicat des pharmaciens du Gard. Contacté mardi matin par téléphone, il s'interrogeait : "Comment faire une vaccination de masse dans de telles conditions ?". Depuis ce coup de téléphone, le groupe pharmaceutique américain a annoncé le report du déploiement de son vaccin unidose en Europe après le signalement de cas sévères de caillots sanguins aux États-Unis. Un nouveau coup de frein dans la campagne vaccinale.
Autotests : encore un peu de patience
Abordons maintenant le sujet des autotests. C'est d'ailleurs pour eux que nous nous sommes précipités en pharmacie lundi après-midi. N'y allons pas par quatre chemins, nous en sommes repartis bredouilles. "C'est normal, répond Éric José. En France, on a l'habitude de prendre des arrêtés le dimanche. C'est compliqué ensuite de s'organiser pour les fournisseurs comme pour les pharmaciens. L'approvisionnement de l'ensemble des pharmacies devrait être fait entre le 19 et le 20 avril." Ces autotests sont réservés au dépistage uniquement chez les personnes asymptomatiques de plus de quinze ans. Ils s’inscrivent en complémentarité du système de diagnostic « au moindre doute » bien établi s’appuyant sur les tests RT-PCR en laboratoire de biologie médicale et les tests rapides antigéniques sur prélèvement nasopharyngé notamment réalisés en officine.
Saïd Ouhdouch en a commandé 25 boîtes mais il ne sait pas exactement ce qu'il recevra. "Beaucoup de choses sont dites, mais sur le terrain ensuite c'est différent. Une chose est sûre, il y a de la demande, nous avons reçu des appels pour savoir si nous avions les autotests", commente le directeur de la Pharmacie du Quai. À l'officine de la rue de la Couronne à Nîmes, ils sont arrivés mardi. Bonne nouvelle. Mais ce qui interpelle c’est la quantité livrée : une boîte de cinq autotests... Autant dire qu’il ne faut pas traîner pour en bénéficier.
Les autotests peuvent être vendus jusqu'à 6€ l'unité jusqu'au 15 mai puis 5,20€ maximum. Pour certaines professions en contacts fréquents avec des personnes à risque, une dispensation gratuite avec prise en charge intégrale par l’assurance maladie est prévue. Il s’agit des salariés de services à domicile ou de particuliers employeurs intervenant auprès de personnes âgées ou en situation de handicap, des accueillants familiaux et des familles accompagnant des personnes âgées ou en situation de handicap. La réalisation des autotests deux fois par semaine est ainsi recommandée à ces professionnels s'ils n’ont pas encore été vaccinés.
Stéphanie Marin