Jusqu’à ce jour, Jérôme Bonet était le directeur central de la police judiciaire. Mais alors que la direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) est vouée à disparaitre après la réforme voulue par le ministre de l’Intérieur, il y avait urgence à trouver un point de chute à son ancien patron qui a fait toutes ses classes dans cette antenne puissante et stratégique de la police.

Commissaire de police au début de sa carrière, Jérôme Bonet a passé toute sa carrière au sein de la PJ. Spécialisé dans l’investigation, il a d’abord été, au début des années 2000, chef de section à la Direction régionale de la police judiciaire de Paris. Puis chef de section à la brigade criminelle, avant de devenir adjoint au chef de la brigade financière toujours dans la capitale à partir de 2004. Trois ans plus tard, il rejoint la brigade de protection des mineurs.

Expérimenté, il devient conseiller pour les questions pénales et de police judiciaire puis, durant une décennie, conseiller communication, chef du service d'information et de communication de la police nationale. C’est en 2019 qu’il retrouve la police judiciaire, cette fois pour en prendre le commandement. Avant d’accepter la présidence du conseil d'administration d'Europol en parallèle. L’Agence de l’Union européenne pour la coopération des services répressifs (Europol) aide les autorités policières nationales à combattre la criminalité internationale et le terrorisme.

Il ne faut pas penser que l’on va éradiquer le trafic de drogue.

Jérôme Bonet, nouveau préfet du Gard

Début 2022, chez nos confrères d’Europe 1, Jérôme Bonet appuyait le travail d’Europol au regard des résultats probants notamment dans la lutte contre les trafics internationaux de drogues : « Il ne faut pas penser que l’on va éradiquer le trafic de drogue. Notre rôle, et les chiffres le montrent, est de faire en sorte d’insécuriser ce marché. On a doublé le nombre de saisies de cocaïne. On a démantelé des réseaux criminels, des lieux de production jusqu’au point de deal. Notre mission est clairement un bouclier européen. »

Son mandat, qui a débuté le 1er janvier 2022 pour une durée de dix-huit mois, s’achève également en ce mois de juillet. En tant que nouveau préfet du Gard, il aura l’occasion à 53 ans à peine, de mettre à profit sa forte et longue expérience, dans les objectifs de démantèlement des trafics de drogue qui sévissent particulièrement dans le département.

La passation de pouvoir avec Marie-Françoise Lecaillon à la fin de l'été

Autre volet très intéressant lié à son arrivée dans le Gard : les conséquences de la réforme de la police judiciaire voulue par Gérald Darmanin. Réforme particulièrement contestée par les enquêteurs de la PJ, mais aussi par des hauts magistrats et avocats. En cause : la départementalisation de tous les services de police, y compris le renseignement et la police judiciaire sous l'autorité d'un seul directeur départemental de la police nationale, dépendant du préfet…

Jusqu’ici silencieux, l’ex-directeur central de la police judiciaire, désormais préfet du Gard, avait avoué, devant les députés lors d’une audition dans le cadre d’une enquête parlementaire à l’automne dernier, qu’il préconisait plutôt un rattachement au niveau zonal des unités spécialisées dans la lutte contre la criminalité organisée. Pense-t-il toujours la même chose maintenant qu’il est le premier représentant de l’État dans le Gard et le seul patron à décider sur l’ensemble des forces de police ?

Son arrivée officielle dans le Gard est fixée au 21 août 2023 selon nos informations. La passation de pouvoir avec Marie-Françoise Lecaillon devrait intervenir à la fin de l'été… Mais il y a fort à parier que ce changement de préfet marquera une véritable étape dans le département. Avec probablement l’envie pour l’Élysée et l’Intérieur de faire de notre département, un laboratoire efficace dans la lutte contre les violences et trafics de drogue, formidable terrain de l’extrême-droite qui compte quatre députés Rassemblement national…