FAIT DU SOIR Trois Gardois ont créé un cache-cou avec masque intégré
Paul Dongier, Alexandre Guilloux et Andréa Kahil, tous âgés de 22 ans, se sont rencontrés au lycée Jean-Vilar de Villeneuve-lez-Avignon. Devenus amis depuis, ils étaient en vacances ensemble au ski quand le Gouvernement a annoncé le premier confinement. Petit à petit, une idée est venue.
Les trois camarades originaires de Domazan, Villeneuve-lez-Avignon et Saze, se disent qu’avec cette épidémie, le masque va entrer dans les mœurs, un peu comme en Chine. Mais pour ces passionnés de sport de glisse, difficile de concevoir une journée au ski avec un masque chirurgical. Déjà parce que ce n’est pas pratique. « C’est très contraignant avec les lanières du casque, sans compter si on porte des lunettes », explique Andréa Kahil. Et le risque que le masque s’envole de la poche et s’échoue dans la neige est grand. Au mieux, le skieur s’en aperçoit mais la protection est trempée et perd ses propriétés filtrantes, au pire, cela devient un déchet abandonné dans la nature…
Alors, ils ont l’idée de combiner un cache-cou et un masque. Un "deux en un" pour affronter le froid de la montagne tout en étant protégé contre le virus. Ce que n’avait pas prévu les trois amis à l’époque, c’est que le Gouvernement n’allait pas autoriser l’ouverture des remontées mécaniques cet hiver. Le comble en cette saison particulièrement abondante en neige.
Qu’importe, ils se sont rendus compte que leur cache-cou avait sa place en station mais dans bien d’autres situations : déplacements à moto, à vélo, en trottinette… et même à pied. Paul et Alexandre profitent de ce que leurs cours de commerce soient passés en distanciel et Andréa Khil du chômage partiel pour développer leur projet. À 22 ans, l’esprit entrepreneurial anime déjà les trois amis qui n’ont pas hésité à se lancer alors qu’une grande partie du monde économique marche au ralenti.
Déjà 550 cache-cous vendus dans toute la France
Pendant l’été 2020, le trio aidé par un graphiste conçoivent le dessin. « On voulait un cache-cou plus design, plus joli et plus fini que l’entrée de gamme de Decathlon », assure Alexandre. À la rentrée, ils sillonnent la France à la recherche du fournisseur qui aura le textile qu’il leur faut. Répondant aux normes sanitaires AFNOR et qui soit 100% made in France.
Dans la foulée, ils lancent la campagne de financement participatif sur kisskissbankbank. Ils doivent atteindre les 300 commandes au 1er janvier 2021 pour remplir leur objectif. Ils y arriveront finalement après quelques péripéties… Les trois Gardois ne sont pas les seuls à avoir flairé la bonne idée et une entreprise lance un produit très similaire et dépose le même nom de marque qu’eux à une lettre près à l’INPI (Institut national de la propriété intellectuelle).
Les cache-cous gardois doivent se rebaptiser au risque de causer des soucis à leurs créateurs… De "Boldair", la marque se renomme en "Lebonair". Ce problème juridique résolu et le financement participatif réussi, l’aventure démarre. Plus de 1 260 tours de cou et emballages sont stockés dans l’appartement d'étudiant de 46 m² d’Alexandre à Lyon, et un peu à Domazan. Déjà 550 commandes ont été envoyées à travers toute la France.
Une partie des bénéfices versée à une association de prévention contre la pollution en montagne
On peut trouver trois types de cache-cous dans la gamme, de divers coloris. Côté prix, cela va de 19,90 € à 34,90 €, selon le niveau de protection sanitaire et aussi la chaleur. Les deux modèles UNS1 sont garantis 100 lavages pour le même niveau de filtration, soit 95%. Vendu en taille unique, une barrette métallique au niveau du nez permet d’adapter à la morphologie de chaque visage.
Au-delà de la bonne image commerciale, les trois amis ont voulu mettre le respect de l’environnement au cœur de leur démarche. Une partie des bénéfices dégagée par la vente de leurs cache-cous est versée à l’association "Mountain riders" qui fait de la prévention contre la pollution en montagne. « Le packaging du produit est en carton recyclé et recyclable. Tout comme le papier kraft. On n’a pas mis de plastique », précise Paul Dongier. Ils ont aussi offert 80 échantillons à l’association lyonnaise "le Foyer Notre-Dame des sans-abri". Aujourd’hui, le site génère plusieurs milliers de visites par semaine. Les trois amis sont en train de prospecter pour être commercialisés dans les magasins spécialisés moto ou sport plein air. L’aventure ne fait que commencer…
Marie Meunier