GARD Petit fléchissement dans la mobilisation contre le projet de réforme des retraites, en attendant samedi
Ce mardi 7 février, des manifestations ont eu lieu à Alès, à Bagnols-sur-Cèze, au Vigan, à Uzès et à Nîmes contre le projet de réforme des retraites. La mobilisation était encore forte pour cet acte III, malgré une légère baisse par rapport à la semaine dernière.
À Bagnols-sur-Cèze
"Nous sommes autant que la semaine dernière à Bagnols", se réjouit au micro, Patrick Lescure, secrétaire général de l'union locale CGT Gard rhodanien. Selon les syndicats, 3 500 personnes étaient dans le cortège ce mardi 7 février au matin. Un chiffre estimé à 1 200 du côté de la police. Quoi qu'il en soit, c'est beaucoup. C'est même "historique", d'après des manifestants de la première heure.
Malgré le froid, les cas de grippe et l'autre manifestation qui s'est tenue à Uzès, les personnes étaient nombreuses. Toutes sont parties du monument aux morts, ont descendu l'avenue Léon-Blum puis l'avenue Paul-Langevin. Le cortège est passé devant La Poste avant de remonter la rue Crémieux pour terminer place Mallet. Dans la foule, il y avait Sonia, venue de Laudun-L'Ardoise. Elle travaille en psychiatrie dans les cuisines du foyer Marie-Durand, en semaine mais aussi les week-ends, les jours fériés et en horaires décalés. "Je ne compte pas mes heures. Je ne me vois pas ne serait-ce qu'aller à 60 ans comme ça. J'ai eu plusieurs enfants, alors il faudrait que je travaille jusqu'à 66-67 ans pour avoir ma pension de retraite complète", déplore-t-elle.
Alors pour la première fois de sa vie, elle a décidé de faire grève. Comme la moitié du personnel du foyer. Elle fait un roulement avec ses collègues pour manifester. À côté d'elle, Nicolas et Yannick venus de Roquemaure, regrettent "qu'il faille finir sa carrière comme on l'a commencé. Il n'y a pas de pente douce." Leurs épouses qui tiennent une maison d'assistantes maternelles avaient d'ailleurs fait le choix de totalement fermer la semaine dernière en guise de protestation. "Aucun parent n'a posé souci, ils comprennent", assurent-ils.
Pour Louisette Moulas de Force Ouvrière, "bloquer" apparaît comme seule solution aujourd'hui pour faire aboutir les revendications. "C'est aux salariés de décider", glisse-t-elle. Dans le cortège, il y avait aussi quelques lycéens qui s'inquiètent de leur avenir : "On est en Terminale, on va vite arriver dans le monde du travail", indique Solène. Et son camarade Alexandre de rebondir : "En ce moment, on doit choisir notre orientation. On veut amorcer des études plus courtes pour rentrer plus vite sur le marché de l'emploi et ainsi pouvoir partir à la retraite à un âge correct. Ça a vraiment un poids dans notre décision."
La mobilisation fédère tous les âges mais aussi tous les secteurs. Comme Gaëtan, chargé d'affaires dans le nucléaire, qui n'avait pas manifesté depuis ses jeunes années étudiantes. Il a déjà refoulé le pavé pour protester contre le pass sanitaire : "Notre système de retraite n'est pas à jeter. Il y a des déficits mais pas nécessité à mener une grande réforme comme celle-ci, qui est en plus rejetée par le peuple."
À Alès
Avant que le cortège ne s'élance, devant la sous-préfecture, les leaders syndicaux font la moue face à une moindre mobilisation, 2 000 personnes tout au plus. La neige, tombée la nuit sur le nord du département, a sans doute découragé une partie des mobilisés, supposent alors les leaders, à moins que ce ne soit la perspective d'une autre journée de mobilisation samedi, à laquelle il sera plus facile de participer sans poser un jour de grève. Au final, et malgré un chiffre de 3 000 personnes pour la police, la manifestation aura plutôt compté 4 500 participants.
Sous son chasuble Force ouvrière, Aimée Couderc-Nétange est bien là, comme à chaque fois. "Le Gouvernement est en train de s'affaiblir", commente la syndicaliste. Seule crainte, pour cette femme d'expérience : "Macron n'a rien à perdre puisque c'est son dernier mandat. Il faut lutter", en conclut la syndicaliste octogénaire, qui a vu beaucoup de victoires... mais surtout des défaites syndicales depuis plus de 20 ans. "Petit à petit, on rogne sur nos acquis, poursuit la Grand-Combienne, c'est désespérant, que les Gouvernements soient de Droite ou de Gauche. Et les trois quarts de ceux qui sont chez eux nous soutiennent, mais ils ne viennent pas manifester. Et puis, dans le privé, il est devenu difficile de se mettre en grève."
Du débat à l'Assemblée, Aimée Couderc-Nétange attend "quelques améliorations". Mais elle se souvient aussi de sa rencontre avec Annie Chapelier, fraîchement élue députée République en marche en 2017. "Elle avait souhaité rencontrer les dirigeants syndicaux et on avait été reçus chez elle. Je lui avais alors proposé qu'avant d'être élus, les députés fassent un stage de quelques mois avec seulement 1 200 € par mois. Je suis certaine qu'après ça, on n'aurait même plus besoin de manifester..."
De l'autre côté du trottoir, ils sont quatre sous un chasuble de la fédération autonome des sapeurs-pompiers. Michel a "déjà 50 ans et 34 ans comme pompier", au départ comme volontaire, puis comme professionnel dès 23 ans. "Pour l'instant, je devrais partir en retraite à 58 ans et demi, confie-t-il. Avec la réforme, ce sera deux ans de plus. Ce n'est pas raisonnable et c'est même dangereux pour les gens que je devrais ramasser plus tard." Alors que la caserne d'Alès manque d'effectifs sur le terrain - onze personnes d'après le professionnel - Michel ne se voit pas finir sa carrière dans un bureau à remplir des tâches administratives. D'autant que "il n'y a plus de place dans les bureaux"...
À Nîmes
Dans la capitale gardoise, les chiffres font perdre la tête. La CGT Gard annonce quasiment 20 000 participants alors que du côté de la préfecture le chiffre est de seulement 4 000 manifestants. Difficile de s'y retrouver. En attendant, le cortège était une nouvelle fois bien étiré sur l'avenue Jean-Jaurès avant de tourner rue de la République pour se rendre devant la préfecture.
Évidemment, tous les syndicats et professions étaient réprésentés. Des manifestants de tout âge à l'image de ces deux lycéens. "Même si c'est dans un futur assez loin, on se sent assez proche du combat. Ma mère ne peut pas manifester donc je la représente aujourd'hui comme tous ceux qui ne peuvent pas être là", confie Corentin, âgé de 17 ans, venu avec son ami Sacha.
La principale attraction de ce cortège était la présence de Carole Delga, la présidente de la région Occitanie (voir vidéo ci-dessous). Le sénateur Denis Bouad ou encore la conseillère régionale Amal Couvreur avaient ainsi fait le déplacement tout comme Arnaud Bord, le patron du Parti socialiste gardois, situé plus loin dans la foule. Contrairement à Pierre Jaumain, accompagné de Nicolas Nadal, plus proche de l'action. Une manif' qui avait un petit goût d'élection avec le scrutin de jeudi où les militants socialistes sont appelés à désigner leur responsable de la fédération du Gard.