GRAU-DU-ROI Le groupe J'm le Grau-du-roi fête ses trois ans
Si vous aviez dit à Cyril Larouzière, initiateur du groupe J'm le Grau du Roi qu'après trois ans d'existence, ledit groupe compterait presque deux fois plus de personnes que la population permanente du village, nul doute qu'il serait parti d'un grand éclat de rire.
Il a passé ses vacances d'enfance ici, avec ses grands-parents, a décroché son premier emploi comme plagiste à Port-Camargue. Il y vit à l'année et y travaille depuis quinze ans. Pour ce quinquagénaire très investi dans la vie économique de la commune, anciennement responsable du Rotary local, qui se réjouit sincèrement de chaque initiative d'animation, tout est parti de son emploi d'agent immobilier. "Souvent, je postais des photos des vues de certains appartements que je visitais. C'est devenu une habitude et je me suis aperçu que les gens adoraient ça. Puis, j'ai relayé des événements et peu à peu, on est allé vers la page dédiée. C'est devenu un besoin chez les gens, de partager des images et de s'exprimer sur les réseaux sociaux."
De 500 à 15000 abonnés
La page créée en 2015 compte aussitôt 500 abonnés. Habitants, touristes, nul besoin de certificat de graulitude absolue et multigénérationnelle pour venir. "On sortait des élections municipales, qui avaient beaucoup divisé et exacerbé de tensions. C'était une période particulière où beaucoup avaient envie de régler des comptes. Pour ma part, j'ai toujours eu besoin, sans polémique, de dire et montrer la chance qu'on avait de vivre ici, en Camargue."
Pas facile toutefois de modérer certaines ardeurs. Attaché au calme et au respect des opinions, le groupe de bénévoles qui gère la centaine de publications quotidiennes veille au grain, à la sérénité des débats et n'hésite pas à bloquer les personnes qui dérapent. Un millier pour l'instant. Pas de politique politicienne ni de polémique inutile mais du quotidien et du pratique. Un ton positif qui rassemble, résultat d'une régulation bien cadrée.
Si les publications du groupe sont surveillées de très près par toutes les tendances du conseil municipal qui, chacune à leur tour, rêvent de récupérer l'affaire et l'influence supposée, les publications aspirent d'abord à faire rêver les gens devant un beau coucher de soleil et à leur donner des infos pratiques. Babou, Cyril, Maryline, Patrick, Viviane, Thierry additionnent leurs centres d'intérêt. "On préfère le qualitatif. On a posé des barrières pour que la page ne devienne ni un Bon Coin bis, ni une tribune politique ou de la critique permanente. On est là pour valoriser une ville qu'on aime, ce qui n'exclut pas des coups de gueule, notamment à propos des parkings payants."
Le groupe a permis à un touriste de retrouver son chien perdu, de diffuser des offres d'emplois pour des jeunes en difficulté. Reste un écueil : avec le succès surprise du groupe, Cyril Larouzière est devenu un vrai accro du portable et, comme il le reconnaît en souriant : "ça ne peut pas durer, c'est chronophage !"
Florence Genestier