INTERVIEW Féeries du Pont : Christophe Berthonneau sur les starting-blocks
La pression monte à quelques heures du début du spectacle. Les Féeries du Pont 2015, dont le thème est lié à l'anniversaire des 30 ans de l'inscription du Pont-Du-Gard au patrimoine de l'Humanité, donne l'occasion de découvrir le groupe F comme jamais, dans une création originale. Son directeur, Christophe Berthonneau, s'est confié à Objectif Gard sur son ressenti, en pleine préparation du show.
Cette année, on célèbre les 30 ans d'inscription au patrimoine de l'Humanité du Pont-Du-Gard. Vous êtes un habitué des lieux, comment l'appréhendez-vous à chaque fois ?
Quand quelque chose est aussi beau, je ne peux que l'abimer. On a essayé de développer l'idée depuis une dizaine d'année qu'il puisse se passer quelque chose de vivant, d'un peu extraordinaire sur ce site. Ça s'est fait petit à petit. L'objectif était de développer des fictions sur le Pont-Du-Gard tout en créant de la notoriété. Aujourd'hui, le tourisme culturel est devenu un des piliers de l'économie de la région.
Comment réussir à être original sur un évènement récurrent ?
L'enjeux c'est d'éviter l'écueil d'un spectacle avec chaque année les mêmes trucs, et donc qui ne serait pas destiné au public local qui l'a déjà vu. On a décidé de faire une création par an. Là, l'actualité, c'est les 30 ans de l'inscription du Pont-Du-Gard au patrimoine de l'Humanité. J'étais content au début, et puis, je me suis rendu compte que c'était une grande responsabilité, alors je n'en mène pas large (rire). C'est une question de respect.
La plus grosse difficulté d'organisation ?
Il faut que tout soit caler au millimètre pour que la magie opère. La difficulté, c'est le public reparti sur 800 mètres d'envergure alors que l'on doit créer quelque chose de délicat dans ce même espace immense et résonnant. L'intérêt de travailler sur le thème des sites patrimoine de l'Humanité, c'est qu'il y a énormément de vestiges de pierre qui sont cousins du Pont-du-Gard. Ce sont des volumes taillés que l'on retrouve sur la texture des Pyramides, des Temples d'Angkor. C'est là dessus que l'on va jouer, beaucoup plus que sur le côté explosif.
Comment on se sent à quelques jours du spectacle ?
Hier soir, j'étais partagé. L'an dernier, au même moment, tout le final était à refaire, soit 7 minutes jetées à la poubelle, simplement parce qu'on n'avait pas assez de brillance et de reflet. On a donc recrée un final sur place. Hier, c'était le test. En partant j'ai demandé aux vigiles ce qu'ils en pensaient, ils se sont régalés. C'est important car, il va y avoir du public très exigeant, les fans du groupe F qui vont nous dire qu'il n'y a pas assez de pyrotechnie, les intellectuels du coin qui vont découper l'histoire en quatre, mais surtout la grande majorité du public aujourd'hui qui est plus populaire, et il faut vraiment que toutes les bonnes intentions fonctionnent.
Vous êtes confiant ?
Si on réussi à relier le propos cette année, on aura aussi réussi à relier le Pont-Du-Gard comme monument historique, ce que l'on n'avait pas fait jusqu'à présent. C'est la première fois que le groupe F attaque l'angle patrimonial du lieu. Là, il y a une justesse qui fait que ce devrait fonctionner. Je croise les doigts, les gens viennent de loin maintenant pour nous voir.
Propos recueillis par Baptiste Manzinali