LAUDUN-L’ARDOISE Le port de plaisance va être « mis en stand-by »
Certains l’ignorent, mais il y a un port de plaisance sur le Rhône à Laudun-l’Ardoise, et plus précisément le long de la zone industrielle de l’Ardoise. Un port qui fermera en juin prochain, pour potentiellement mieux rouvrir plus tard.
Elle a mis sa casquette de capitaine du port pour l’occasion : Ariane Roger, à la tête de l’entreprise privée qui gère le port de plaisance de l’Ardoise par délégation de la Compagnie nationale du Rhône (CNR) depuis 2001, se prépare à le quitter. Car la concession pour l’exploitation du petit port de 35 anneaux ne sera pas renouvelée au 30 juin prochain.
C’est avec une pointe d’amertume qu’Ariane Roger l’a annoncé ce vendredi matin sur place, en présence d’une représentante de la CNR, non sans avoir défendu son travail depuis plus de vingt ans. Arguant des travaux réalisés, des animations organisées, des prestations proposées aux plaisanciers, mais aussi de son projet d’extension et de modernisation du port, Ariane Roger a tiré son bilan.
Un bilan pas uniquement financier. Il faut dire que le port dégage un chiffre d’affaires « de 100 000 euros par an en temps normal, 45 000 euros par temps de covid », du propre aveu d’Ariane Roger. Alors pour elle c’est clair, et ce depuis plus de dix ans, il faut agrandir le port de plaisance, et le faire passer de 35 à 80 anneaux. Ce vendredi matin, une vingtaine d’anneaux étaient occupés.
Las, son projet d’agrandissement et de modernisation du port de plaisance, qui prévoyait la création de trois emplois et qu’elle estimait à environ un million d’euros d’investissement, n’a pas été retenu, et ne verra pas le jour. « Malgré tous nos efforts, le port de plaisance ne va pas continuer en 2023, et au 30 juin 2023 les portes vont se fermer, la concession va se terminer », a-t-elle annoncé ce matin.
Présente sur place, la responsable du département domanial de la CNR, Marie-Ange Pourchier, confirme. La raison de cette décision est simple : la CNR a repris en 2022 la plateforme du port industriel voisin, jusque-là dans le giron de Voies navigables de France, et a lancé une étude comprenant les deux ports, le port de plaisance étant déjà dans son domaine auparavant. « Nous lançons une étude de faisabilité pour réaménager le port industriel et le port de plaisance, l’idée n’était pas de nous réengager avant les conclusions de l’étude », développe-t-elle.
Pour autant, la CNR l’affirme : « La finalité est qu’il y ait un port industriel et un port de plaisance, il y a un besoin, un manque d’installations. L’idée n’est pas de fermer définitivement le port mais de trouver une gestion plus saine qui peut bénéficier de subventions. » Le noeud du problème est là : la rentabilité d’un port de plaisance est souvent difficile à atteindre. Alors la CNR compte sur une gestion par une collectivité, « comme les autres ports de plaisance sur le Rhône, si une collectivité le veut, elle pourra rouvrir et reprendre l’exploitation du port », affirme Marie-Ange Pourchier. Ce pourrait être la commune de Laudun-l’Ardoise ou l’Agglo du Gard rhodanien, avec qui la CNR « est en lien », confirme la responsable du département domanial de la CNR.
En attendant, le port « va être mis en stand-by », confirme-t-elle. « Mais la CNR n’a pas l’intention de boucher le port », rajoute le président de l’association économique Port l’Ardoise, sans lien avec la gestion du port, Thierry Vézinet, convaincu que « l’un n’ira pas sans l’autre » en parlant des ports industriel et de plaisance.
Reste à voir à quelle échéance le port rouvrirait. Les premiers résultats de l’étude de la CNR sont attendus pour cette année, mais derrière il s’agira d’une question de volonté politique, et d’un modus vivendi à trouver. Avec, pourquoi pas, la mise en place d’une délégation de service public pour que la collectivité qui récupèrera la concession du port la confie elle-même à un délégataire. « Dans ce cas, je candidaterai », affirme Ariane Roger.