LE 19H La mémoire de Samuel Paty honorée partout dans le Gard
Ce mercredi, si rien n'était officiellement prévu par la municipalité de Nîmes, plusieurs villes du Gard ont organisé des hommages à Samuel Paty, 47 ans, professeur d'histoire-géographie assassiné vendredi près de son collège à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). Citoyens, élus, professeurs, élèves et bien d'autres anonymes sont venus se recueillir à sa mémoire et à celle de sa famille.
"Face à l'horreur, comme nous l'avions fait après l'attaque du journal Charlie Hebdo en janvier 2015, nous avions besoin de nous réunir pour nous recueillir", a lancé dans son discours Claire Lapeyronie, maire de Pont-Saint-Esprit. En plus de sa casquette d'élue, elle est également professeure d'anglais au collège George-Ville et a, au début de sa carrière, enseigné au lycée de Conflans-Sainte-Honorine.
Cet acte odieux et cette attaque de "l'école laïque" l'a d'autant plus touchée : "Les enseignants sont là pour accompagner les enfants ou les jeunes adultes, leur donner des clés de compréhension pour leur vie future. Un enseignant, c'est tout sauf la pensée unique. Au contraire, il présente la multiplicité de pensées et de savoirs."
Entre 150 et 200 personnes étaient présentes à 11h devant le collège spiripontain George-Ville ce mercredi matin. Pour Madeleine (*), parent d'élève, il était important d'être là avec ses filles et de continuer à montrer des caricatures en classe : "Les caricatures, ça existe pour tout le monde, toutes les religions, pour la liberté de la presse."
Une centaine de personnes à Beaucaire
À Beaucaire, une centaine de personnes s'est réunie sur le parvis de l'Hôtel de ville ce mercredi à 12h. Une minute de silence a été respectée puis le maire, Julien Sanchez, a pris la parole s'indignant de "cette haine collective contre un homme parce qu'il a juste fait son travail avec professionnalisme. Un professionnalisme qui devient hélas aujourd'hui un courage tant l'abandon de certaines professions par l'État est manifeste."
Et l'élu Rassemblement national de poursuivre : "On ne doit pas être individualiste. On doit être unis parce que quand on s'en prend à un membre de la communauté nationale, on s'en prend à chacun de nous. Alors, nous ne devons plus accepter tout et n'importe quoi sur notre sol sous couvert d'humanisme."
Parmi ceux qui ont tenu à participer à cet hommage ce mercredi, les représentants des deux mosquées de Beaucaire, Mohamed Lahib et Thami Tabache. Ils étaient accompagnés de Saïd Ouhdouch, pharmacien. "Nous sommes venus pour démontrer que nous ne partageons pas les valeurs de ces assassins, a lancé ce dernier. Je suis né dans un pays musulman et à aucun moment on ne nous a inculqué ces choses au nom de la religion. Nous sommes là pour montrer notre désaccord total. Nous condamnons cet acte."
Un conseil municipal uni à Alès
Alors que les douze coups de midi venaient tout juste de sonner, entouré de l'ensemble du conseil municipal sur les escaliers de l'Hôtel de ville, Christophe Rivenq, premier adjoint à la mairie d'Alès, initiait un discours précis et concis. Le président d'Alès Agglomération invitait à observer une minute de silence, scrupuleusement respectée par une assistance composée d'une centaine de personnes.
Une fois la Marseillaise entonnée, le groupe s'éparpillait, chacun cherchant à croiser un regard familier pour prolonger un hommage rapide. Dans l'auditoire, une trentenaire avait fait le choix d'amener sa petite fille « pour lui montrer ce qu'est un hommage national et lui transmettre les valeurs de la République. »
Après avoir tour à tour conversé avec Jean-Michel Suau et Christophe Rivenq, Sahnoune Karrad, ancien imam de La Grand-Combe et enseignant, disait sa colère et son indignation après « un acte barbare qui ne doit pas creuser un fossé entre la communauté nationale et la communauté musulmane. » De son côté, Christian Chambon, adjoint au maire d'Alès et délégué à l'Éducation, assurait que « rien ne doit changer le comportement des enseignants. Ils ne seront pas gagnés par la peur. La République est une et indivisible. »
Vauvert clôt les hommages
À Vauvert, on a attendu 19 heures afin qu'un maximum de personnes puissent être présentes pour l'hommage républicain rendu à Samuel Paty. Une grosse centaine de Vauverdois s'est regroupée sur le parvis de l'hôtel de Ville, dont les drapeaux avaient été mis en berne pour l'occasion. "Nous sommes tous et toutes réunis en signe de refus du terrorisme, de la barbarie et de l'obscurantisme", a déclaré l'adjoint au maire, Rodolphe Rubio, dans son propos introductif.
Une courte prise de parole suivie d'une minute de silence très respectée et d'une émouvante Marseillaise. De longues secondes d'applaudissements ont suivi un moment de recueillement que quelques Vauverdois ont souhaité poursuivre sur place plusieurs minutes après à la fin de la cérémonie d'hommage.
Marie Meunier (à Pont-Saint-Esprit), Stéphanie Marin (à Beaucaire), Boris Boutet (à Vauvert) et Corentin Migoule (à Alès)