LE PORTRAIT Jérôme Jackel, de l’usine à l’élevage d’escargots
Pour l’heure, c’est un terrain niché dans une vallée de Saint-Alexandre, petit village situé entre Bagnols et Pont-Saint-Esprit, mais dans quelques mois, un élevage peu répendu dans nos contrées devrait l’occuper.
Jérôme Jackel, bagnolais de 34 ans, a déjà une vision très claire : « l’entrepôt sera ici », explique-t-il en pointant une partie de son terrain partiellement occupée par des vignes, « le parc sera là bas, ici le centre de reproduction, le laboratoire et là bas le point de vente », en en pointant une autre, tout à côté.
« Je voulais travailler à l’air libre, j’ai bouffé tellement d’usine »
Ce père de quatre enfants va donc se lancer dans l’élevage d’escargots, l’héliciculture de son nom savant. Une reconversion à des années lumière de sa vie d’avant : « j’étais technicien de maintenance, j’ai travaillé dans le nucléaire, la sidérurgie, la métallurgie, l’agroalimentaire, la pétrochimie, j’ai tout fait. » Jusqu’à 2011, la tuile. « J’ai eu un accident du travail et trois ligamentoplasties du genou, j’ai dû me poser la question de me recycler. »
Ce grand gaillard d’un mètre quatre-vingt cinq entreprend de passer un certificat de qualification et un diplôme de conception assistée par ordinateur, obtenus en juillet dernier. Histoire d’assurer ses arrières, car Jérôme l’affirme : « j’avais envie d’entreprendre, je ne voulais plus de patron. Et puis je voulais travailler à l’air libre, j’ai bouffé tellement d’usine que bon… »
Alors cet été, Jérôme achète 1,4 hectare à Saint-Alexandre. Une occasion à saisir, à l’abri du vent et de la superficie recherchée : « tout s’est décanté très vite. » Après avoir envisagé d’y mettre des chênes truffiers, Jérôme se tourne très vite vers l’héliciculture. « Je me suis rappelé que quand j’étais jeune, je ramassais les escargots en forêt, je les faisais jeûner, je les préparais, je savais plus ou moins comment faire, et ma mère les cuisinait. »
Alors le trentenaire sonde, se renseigne et trouve deux producteurs dans le département, à Saint-Florent-sur-Auzonnet et à Montaren-et-Saint-Médiers. Il prend son téléphone et contacte le second : « je lui ai demandé s’il formait, il m’a dit de passer, je lui ai filé un coup de main et il m’a formé pour le parc d’engraissement, la préparation et la transformation. » Entretemps, Jérôme se documente, et découvre que le père d’un ami a été brièvement héliciculteur sur Bagnols il y a quelques années : « il m’épaule. »
« J’ai déjà des commandes ! »
Jérôme est ensuite allé à la rencontre des restaurateurs du coin pour faire son étude de marché et il l’affirme : « j’ai déjà des commandes ! » Et ce alors que la première pierre de la future exploitation n’est pas encore posée… Il y aurait donc une demande ? « Ça, il y en a, de la demande ! » affirme celui qui serait le seul héliciculteur du Gard rhodanien et qui compte produire « 500 000 escargots petits et gros gris pour 2016. »
Et le futur producteur veut faire du bio, « un produit noble et reconnu pour apporter une plus value notamment aux restaurateurs de la région » et compte faire les marchés et vendre en direct, sans passer par les grandes surfaces et ce dès l’été 2016. Parallèlement, il compte aussi « faire dans la pharmaceutique avec la bave d’escargots » utilisée pour ses propriétés dermatologiques.
En attendant, même s’il a déjà mobilisé d’importantes sommes sur ses économies, il va lui falloir un prêt pour construire son exploitation, qui s’appellera « Les escargots de Jacko ». Pour en limiter le montant et mobiliser autour de son projet, Jérôme a lancé une campagne de financement participatif sur le site spécialisé Miimosa « pour financer en partie le matériel du laboratoire de transformation » et espère lever 10 000 euros, « car si je vais à la banque avec cet apport, ils me suivent pour le reste. »
Pour aider à lever ces fonds, il organisera le jeudi 10 décembre à partir de 19 heures une soirée de soutien au Château Val de Cèze de Bagnols à laquelle il a convié les élus et des entrepreneurs locaux « pour présenter (son) projet et leur donner envie de participer. »
Thierry ALLARD