Publié il y a 9 ans - Mise à jour le 25.10.2015 - baptiste-manzinali - 2 min  - vu 842 fois

LE PORTRAIT Thomas Marcilly, jeune berger libre et utopiste

Thomas Marcilly, jeune berger de Massillargues-Atuech. (Photo Baptiste Manzinali / Objectif Gard)

Il a 28 ans et rêvait dans son Alsace natale de devenir berger. Avec l'aide de quelques vignerons cévenols et de l'association Grappe 3, son rêve est devenu possible. 

Comment un Alsacien fait-il pour devenir berger dans les Cévennes ? C'est avant tout une histoire de rencontres. Thomas se définit lui-même comme un "opportuniste". C'est justement le manque d'opportunité qui lui fait quitter sa terre natale pour venir s'installer dans la maison familiale à Vallerauge. "En Alsace, tout est saturé, il n'y a pas d'espace" regrette-il. Avec plusieurs de ses amis, ils s'imaginent en agriculteurs et ont des idées bien arrêtés sur l'éthique alimentaire. Mais face à la difficulté de s'installer, et par manque d'argent, le rêve s'éloigne. "On ne voulait pas refaire le monde par la révolution ou la violence, mais détourner le système capitaliste." Ils visitent plusieurs communautés utopistes, mais là aussi, la théorie se cogne à la réalité. "Celles qui marchent sans vendre de la drogue sont rares. Les autres fonctionnent au court terme ou à l'aide de dons." Thomas déchante et prend ses distances intellectuellement.

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Petit à petit, il assimile les difficultés que rencontrent les agriculteurs qu'il côtoie. L'idéaliste qu'il était devient plus pragmatique, et met de l'eau dans son vin. "On me traitait de pessimiste, je suis juste réaliste. C'est l'endettement qui pousse les agriculteurs à devenir productiviste, et je peux les comprendre". Il se penche alors sur une nouvelle agriculture appelée "biodynamie" qu'il étudie dans une école alsacienne. Lors d'une conférence en Suisse, il rencontre un viticulteur espagnol qui souhaite convertir son domaine à cette nouvelle approche. Thomas est engagé et s'embarque pour la Catalogne. Il y restera un an.

Thomas Marcilly, jeune berger de Massillargues-Atuech. (Photo Baptiste Manzinali / Objectif Gard)

En 2014, Thomas quitte une situation financière très confortable pour revenir au pays, direction les Cévennes. À la recherche d'une alternative, il apprend que les bergers se font rares autour d'Anduze, la plupart sont à 20 km plus loin vers Durfort. L'association Grappe 3, qui lutte pour une agriculture biologique, l'accueil lors d'une réunion d'information. "On a tout de suite parlé le même langage. Ils se posaient les bonnes questions et étaient ouverts." Ils tombent d'accord sur l'intérêt de faire pâturer les moutons entre les vignes, afin de limiter les passages en tracteur coûteux en gazole, et polluants. Une première parcelle biodynamique est expérimentée. "La biodynamie, c'est une philosophie. Je les ai formé là-dessus. Je ne veux pas raconter une belle histoire mais leur montrer concrètement comment cela fonctionne." À l'aide d'un financement participatif sur kisskissbankbank.com, l'association récolte 9 200 euros pour son installation d'un troupeau de moutons nomades. Il rajoute ses économies et investit 25 000 euros pour acheter 120 moutons et deux béliers.

Depuis septembre, il implante des enclos éphémères par secteur, à l'aide d'une carte. "Là, j'ai vu que mon gros défaut, c'était de ne pas être du pays" plaisante-il. Tous les jours, des petits agneaux naissent dans son troupeau. À la fin du printemps prochain, il partira en transhumance sur 55 km jusqu'au Mont Lozère, et dormira à la belle étoile.

Baptiste Manzinali

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