Publié il y a 4 mois - Mise à jour le 08.07.2024 - AS - 7 min  - vu 555 fois

LÉGISLATIVES Les réactions politiques après les résultats du second tour

S.Ma

Carole Delga, Denis Bouad, Françoise Laurent-Perrigot, Jean-Christian Rey, Alain Fabre-Pujol, Catherine Bernié-Boissard et Julien Devèze s'expriment après les résultats du second tour des législatives.

La soirée de dimanche, à l'occasion du second tour des législatives anticipées a été riche de surprises. Les réactions politiques dans le Gard et à Arles n'ont pas manqué.

Carole Delga, présidente de la Région Occitanie : "Les Français ont parlé : la gauche, unie dans l’urgence démocratique au sein du Nouveau Front Populaire, autour d’un programme pour changer la vie de nos concitoyens, arrive ce soir en tête de ce second tour des élections législatives. Ce résultat clair est d’abord le fruit d’une mobilisation civique et républicaine, sans précédent depuis plus de quarante ans, animée par une volonté forte de barrer la route à l’extrême droite. Cette victoire, même sans la majorité absolue, est l’expression d’une demande de justice sociale qui émane de toute la société, qui ne veut plus de la politique macroniste menée depuis sept ans : Il faudra y répondre avec humilité et détermination en respectant nos engagements. Les Français veulent le changement : Ils ont soif de justice sociale, d’égalité et d’une vie meilleure, avec un pouvoir d’achat retrouvé, des salaires et des retraites plus dignes. Ils attendent des services publics efficaces et proches, notamment en matière de santé, d’éducation, de sécurité. Ils veulent un État plus fort, un État qui les protège au quotidien, qui accompagne la transformation écologique et qui dessine un meilleur avenir pour leurs enfants. Ils appellent, enfin, la politique à sortir des affrontements violents, mais stériles, des guerres d’égos pour reprendre en main notre destin commun. Les Français demandent de l'attention, du respect et non du bruit, de la fureur ou du mépris. Ce soir, le pays est plus que jamais divisé, fracturé. Même si le programme du RN ne convainc toujours pas une majorité de Français, ses idées dangereuses s’enracinent. L’extrême droite est à un niveau historique et reste une menace pour la France. Tout comme 1 Français sur 3 ne s’est pas déplacé aux urnes. Personne ne peut balayer cela d’un revers de main et il faudra mener une politique qui tende la main, par l’écoute et l’action, à ces dizaines de millions de Français que le Front Populaire n’a pas convaincu. Surtout, il faut désormais agir avec le sens de l’apaisement et du rassemblement. Et c’est d’abord la responsabilité première du président de la République, après cette dissolution inconséquente et dangereuse : il doit prendre acte du vote des Français. C’est ensuite le devoir du Nouveau Front Populaire et de toutes ses composantes, et de l’ensemble des élus locaux de gauche dans le pays. Notre responsabilité est immense. Ce résultat nous oblige. Nous venons à plusieurs reprises d’éviter le pire : nous devons désormais construire une République en mieux et pour tous. Pour transformer ce sursis en sursaut, il faut retrouver le chemin du dialogue et du compromis, une action politique volontariste qui concilie et réconcilie, en ouvrant largement les lieux de pouvoir et de décision à toutes les énergies positives du pays, en instaurant une démocratie sociale et territoriale au plus près des Français."

Le sénateur PS Denis Bouad : "En cette soirée électorale, en tant que gardois, mon premier sentiment est d’abord la souffrance de voir l’ensemble des circonscriptions de mon département entre les mains du Rassemblement national. J’alerte depuis de nombreuses années sur la nécessité de répondre au sentiment d’abandon qui peut exister dans des territoires comme le nôtre. Ces départements éloignés de Paris, éloignés des grands centres urbains, méritent beaucoup plus de considération. Ce soir, je suis avant tout combatif. Je continuerai toujours de me battre pour défendre le Gard et les gardois ! Car c’est en apportant des réponses et des solutions que nous ferons reculer l’extrême droite. D’un point de vue national, j’entends le soulagement de ces millions de  Français qui vivaient dans l’inquiétude de voir l’extrême droite accéder aux responsabilités et des conséquences sur leur quotidien. Aujourd’hui sur le territoire national, une majorité de Français s’est mobilisée pour dire non à l’extrême droite, y compris lorsqu’il fallait voter pour un candidat dont ils ne partageaient pas l’ensemble des idées. Cette réalité oblige chacun des députés élus au second tour face au Rassemblement national, comme elle oblige chaque responsable politique et chacun d’entre nous. Nous ne pouvons pas faire comme si le soir du 1ᵉʳ tour n’avait pas existé. Nous ne pouvons pas faire comme si nous n’avions pas tremblé. Demain, au-delà des mots, des discours et des postures, nous nous devons collectivement d’inventer de nouvelles manières de faire de la politique. Pour ma part, je crois que notre action à venir doit être guidée par deux ambitions constantes : apaiser et rassembler l’entièreté du peuple de France et également redonner confiance aux françaises et aux français dans la capacité de la politique de changer leur vie comme le voulait le programme du Nouveau Front Populaire. Il nous faut entendre l’expression des français pour plus de justice sociale, des services publics de proximité et de qualité, un pouvoir d’achat qui permet de vivre dignement de son travail. Les résultats de ce soir demandent à ce que la gauche prenne ses responsabilités dans ce travail collectif qui doit s’engager."

Françoise Laurent-Perrigot, présidente du Conseil départemental du Gard : "Le peuple Français a été à la hauteur du moment historique dans lequel il avait été plongé par cette dissolution inattendue et inopportune. La dynamique de l’unité des forces de Gauche, la rigueur des désistements et la large mobilisation transpartisane de nos concitoyens ont permis de sauver l’essentiel : l’esprit Républicain. C’est un immense soulagement pour une large majorité de Français. Pour ma part, je me félicite également que cela permette aux forces de gauche d’être en tête de ce scrutin au plan national. Concernant le Gard, les résultats ne sont malheureusement pas à la hauteur de nos espoirs. L’extrême droite est arrivée en tête dans l’ensemble de nos circonscriptions. Je le regrette amèrement. Pour autant, ce n’est pas une fatalité ni le vrai visage du département. Le Conseil départemental doit poursuivre son travail de soutien et de solidarité au service de toutes les gardoises et de tous les gardois."

Jean-Christian Rey, président de l'Agglomération du Gard Rhodanien : "Au niveau local, la candidate communiste n'a pas su rassembler et je regrette que le choix qui a été fait soit celui de l'inaction. Au niveau national, il va falloir inventer un nouveau chemin pour la France : coalition, 6ᵉ République, alliance par projets..."

Alain Fabre-Pujol, ancien Député du Gard, référent départemental de la Gauche Républicaine et Socialiste : "Le vote d’espoir républicain de ce deuxième tour des élections a sauvé l’honneur de la France, à l’exception de l’arc méditerranéen et du Gard en pleine régression raciste. Mais ce sursaut n’est qu’un sursis ! Lors des prochaines échéances, les élus locaux qui s’échinent au quotidien avec dévouement et altruisme dans nos petites villes et nos villages pourraient être balayés par la vague brune alors qu’ils assurent les derniers liens sociaux de proximité dans notre beau département. Les états-majors des partis de gauche, endormis depuis près de 20 ans, doivent se réveiller et se mettre au travail pour répondre aux angoisses de nos concitoyens : emploi, pouvoir d’achat, sécurité, immigration régulée, intégration républicaine et laïcité, dérèglement climatique …. . Sans les ambiguïtés d’aller-retour électoraux comme vécu en 2017 et 2022, sans dérive communautariste attentatoire à la République universelle, démocratique et laïque que nous chérissons ou encore de bricolages unitaires de dernières minutes. Pour ces citoyens et militants, nous prendrons les initiatives nécessaires à l’ouverture du champ des possibles « ici et maintenant ». In fine saluons l'élection de notre Animateur National Emmanuel Maurel comme premier député de la gauche républicaine et Socialiste, fruit de notre démarche unitaire."

Catherine Bernié-Boissard, géographe et ancienne élue à Nîmes : "Même les Cévennes camisardes et résistantes où selon le mot de Patrick Cabanel, « le rouge est la couleur de la République » ! Passée la sidération de voir les 6 circonscriptions législatives gardoises aux mains du RN, le temps vient de la réflexion. Une réflexion électorale d’abord. Il faut évaluer l’influence du mot d’ordre « ni-ni » (ni le RN ni le Nouveau Front Populaire) lancé par les républicains et leurs grands élus dans l’ensemble du département, qui a contribué à banaliser le discours et le vote d’extrême-droite. Une réflexion historique ensuite. Le Gard n’est pas seulement un département de gauche, mais une terre où l’extrême-droite s’est implantée durablement dès le XIXe siècle. En 1893 la xénophobie génère le massacre d’ouvriers italiens à Aigues-Mortes. Plus tard, dans les années 1950, le mouvement poujadiste fait une percée remarquable dans le département avec 22% des voix aux législatives. Plus tard encore le Front national Charles de Chambrun est élu député du Gard aux législatives de 1986. Il devient maire de Saint-Gilles, première ville française de plus de 10 000 habitants à élire un maire d’extrême-droite. En 2002, Jean-Marie Le Pen réalise autour de 25% des voix dans le Gard. Gilbert Collard sera député de la Petite Camargue. Une réflexion socio-politique sur l’urbain et le rural La gauche résiste bien dans les villes les plus importantes, Nîmes en premier lieu, comme au niveau national. En revanche, c’est dans les petites villes et villages que le vote RN est le plus élevé. L’éloignement de l’emploi et des services avec la désertification, l’obligation d’un moyen de transport individuel, le sentiment de relégation et de mépris, souvent combinés à une précarité de la vie quotidienne, conduisent à l’expression d’une colère sans issue. La gauche s’est petit à petit effacée du paysage des campagnes et du périurbain qui est une terre d’élection des classes moyennes. Du coup, la population ne s’y confronte plus directement à son discours, ses valeurs et ses propositions, excepté en campagne électorale. Les contre-exemples de la Grand-Combe ou du Vigan montrent que ce n’est pas le rural qui, par essence, serait plus porté sur le RN que l’urbain. Dans le pays grand-combien, le NFP fait 72%, tandis que le RN en fait 28%. Au Vigan, le NFP fait 66% et le RN près de 34%. Preuve que lorsque la gauche répond aux attentes et aux besoins des ouvriers, des employés, des petites gens, elle fait refluer le discours décliniste et le vote « On n’a pas essayé »."

Julien Devèze, secrétaire national en charge du Projet Les Centristes, délégué départemental du Gard : "Ce soir, le résultat de ces élections législatives a indiqué clairement que les francais ne voulaient pas d'une majorité Rassemblement National. Cependant dire ce dont on ne veut pas n'implique pas nécessairement qu'on ait dit ce que nous voulions. Beaucoup de députés élus ce soir l'ont été par le jeu des alliances et des désistements. Dans ce contexte les sensibilités, qui portent bien souvent des divergences majeures de point de vue sur des sujets essentiels, ont été écrasés par les rapports de force d'appareils politiques. C'est le mode de scrutin majoritaire à 2 tours qui en est la cause. Nos institutions doivent être profondément refondées pour apaiser, et stabiliser notre démocratie; pour prendre en compte chaque voix, de chaque français afin qu'elle pèse de son juste poids dans la politique de notre pays; afin, enfin, de changer le logiciel de notre vie politique, et de faciliter l'objectivité et le compromis tout en responsabilisant l'opposition. Avec Hervé MORIN, Charles de COURSON et tous les parlementaires "Les Centristes" nous souhaitons faire de la reconstruction de notre démocratie une priorité pour le pays."

AS

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