MÉJANNES-LES-ALÈS Les entrepreneurs alésiens sensibilisés au très en vogue "management positif"
Ce jeudi après-midi, au CFA BTP de Méjannes-les-Alès, le réseau Gard Entreprises, via son club 100% féminin "Un autre reGard", organisait un après-midi d'échanges et de rencontres réunissant entrepreneurs du bassin alésien et demandeurs d'emploi autour du "management positif".
Parmi les effets de la pandémie, l’un concerne notre rapport au travail. Comme pour d’autres phénomènes, les deux années qui viennent de s'écouler ont joué un rôle d’accélérateur. Pour ne pas rater le bon wagon, le réseau Gard Entreprises présidé par Jean-Pierre de Faria, via son club féminin Un autre reGard dirigé par Gladys Rath, a travaillé des mois durant à l'élaboration d'un tout nouveau rendez-vous réunissant entrepreneurs, organismes d'insertion et demandeurs d'emploi.
Un évènement organisé ce jeudi après-midi dans les locaux du BFA BTP de Méjannes-les-Alès, faisant la part belle à la notion de management positif et aux ressources humaines autour de trois piliers : recruter, fidéliser et manager. "Le but c'est de donner un point de vue différent sur des métiers sur lesquels on peut avoir des préjugés", a introduit Jean-Pierre de Faria. Et d'ajouter : "Mais c'est surtout d'essayer de mieux comprendre les demandeurs d'emploi afin d'apporter les solutions en entreprises pour répondre à cette évolution de la société."
"Réconcilier l'humain avec la performance de l'entreprise"
Gladys Rath, codirigeante de l'hôtel-restaurant alésien Le Riche, a piloté cette première édition qui en appelle d'autres : "Je pense qu'on ne peut plus se permettre de fermer les yeux. La relation salarié-patron a changé. Il faut qu'on intègre davantage la valeur humaine et la bienveillance. Les entrepreneurs ont besoin d'être formés à ce nouveau management." Alors que l'après-midi a été ponctué de plusieurs interventions de professionnels de l'emploi dont Stéphane Ozil, spécialiste de la gestion d'image, et Yann Riché de Lab Conseil, la présidente d'Un autre reGard a eu l'idée d'un job dating inversé au cours duquel les recruteurs ont dû se "vendre" auprès des demandeurs d'emploi, bienveillamment surnommés les "créateurs de compétences".
"C'est à nous (les entrepreneurs, Ndlr) de trouver les termes pour donner envie de nous rejoindre. Avec ce qu'on vit aujourd'hui, la notion de salaire est inévitable. Mais je pense que les salariés ont surtout besoin de trouver un intérêt dans leur profession, car il ne faut pas oublier qu'on passe plus de temps au travail que chez soi", a résumé Gladys Rath. Responsable de l'animation commerciale chez Harmonie Mutuelle, spécialisée dans le bien-être au travail, Carine Castello a elle aussi sa propre vision du management positif : "C'est réconcilier l'humain avec la performance de l'entreprise. Chez Harmonie Mutuelle, on travaille pour la protection de la santé du dirigeant et de ses collaborateurs. Car développer le capital humain des salariés, c'est aussi améliorer les performances de l'entreprise."
Car deux ans après l'éclatement de la pandémie et en dépit des millions de demandeurs d'emploi sur le marché, le problème du recrutement semble être "un phénomène global qui touche tous les corps de métier" d'après Gladys Rath, qui cite pèle-mêle "l'informatique, le BTP, l'hôtellerie-restauration et le transport". À cela s'ajoute la "Grande démission" associée à la pratique du "quiet quitting", autrement dit "la démission silencieuse" qui consiste à lever le pied au travail. Dans ce contexte, il convient pour les employeurs de tenir compte des nouvelles exigences exprimées de concert par les salariés et les demandeurs d'emploi.
Télétravail, semaine à quatre jours et bienveillance
"Certains attendent un meilleur salaire, d'autres une meilleure conciliation vie professionnelle et vie personnelle", expose Carine Castello. "On se doit d'écouter les salariés en comprenant que les jeunes n'ont pas les mêmes attentes que ceux qui sont proches de la retraite. Mettre un billard au milieu de la salle de repos ne conviendra pas à tout le monde", développe la responsable de l'animation commerciale. Aussi, après l'extension du télétravail auquel ont pris goût de nombreux français depuis le Covid, la semaine à quatre jours sans perte de salaire, plébiscitée en Espagne, apparaît comme une nouvelle conquête sociale.
"De toute évidence il faut en parler dans toutes les entreprises. Ce n'est pas quelque chose qu'on pourra généraliser mais on peut envisager de l'individualiser par branches de métier", explique la dernière nommée. Pour cette même Carine Castello, le management positif trouve son principal fondement dans l'écoute : "En France, on a cette fâcheuse tendance à demander si ça va sans écouter la réponse." Un avis que partage Karl, 34 ans, lequel semble avoir trouvé son bonheur lors de cet après-midi de rencontres. "Beaucoup pensent que le plus gros souci c'est le salaire, moi je ne crois pas. Je pense que c'est la reconnaissance liée à la charge de travail", analyse celui qui milite pour une "bienveillance verbale" de la part de l'employeur et la possibilité de négocier à l'amiable des RTT en cas d'heures supplémentaires.
Ex-enseignant dans le domaine de la sécurité privée, ce trentenaire envisageait une reconversion depuis plusieurs années, avant de se lancer dans le grand bain pour devenir chauffeur d'autocar il y a quelques mois. Après avoir eu un "bon feeling" avec une recruteuse de la coopérative des autocaristes réunis (C.A.R), Karl ne devrait plus tarder à exercer son nouveau métier. "Heureusement que ces rendez-vous existent, car c'est très difficile de rencontrer des professionnels directement", conclut celui qui en veut aux "dysfonctionnements" de Pôle Emploi.
Corentin Migoule