NÎMES Gérald, président des Taxis Tran Nîmes : "Si la règle est respectée par Uber, il n’y aura pas de conflit"
Hier, la plateforme de VTC (Véhicule de tourisme avec chauffeur) Uber a annoncé son implantation à Nîmes. Une arrivée qui n'est pas forcément vu d'un bon oeil par les taxiteurs. Gérald, président des Taxis Tran Nîmes, qui compte 42 chauffeurs réagit chez Objectif Gard. Interview.
Objectif Gard : Comment voyez-vous l’arrivée d’Uber à Nîmes ?
Gérald : Déjà, ce n’est pas une arrivée. Uber existe depuis une grosse année à Nîmes. Il y a des clients qui sont partis les essayer il y a un an, ils en sont revenus. Ce n'est pas une ouverture, c'est un mensonge. Uber n’en est pas à son premier jour d’exploitation à Nîmes. Est-ce que le déplacement des aînés sera favorisé par Uber ? Est-ce que les aînés sont tous équipés pour accéder rapidement à leurs services ? Voilà les questions à se poser. C’est un signal envoyé face à l'arrivée de Bolt puisque les deux applications se font concurrence. Et puis des VTC travaillant avec Uber, on en a pas vu tant que ça pendant la feria et surtout la règle n’est pas respectée.
De quelle règle parlez-vous ?
Un chauffeur de VTC doit sortir de sa voiture uniquement quand il a une réservation. Pour être membre des présidents des taxis de France et partenaire G7, ce n’est pas une nouveauté de s'interroger sur la rigueur de l’application au sujet de la réglementation des VTC. On retrouve sur l'appli, les chauffeurs VTC à proximité des gares et ce ne sont pas des chauffeurs qui sont réservés. Il n’y a pas de guéguerre entre VTC et taxis. Mais les taxis demandent qu’une chose : que les règles qui encadrent les VTC soient respectées.
Et à Nîmes ?
Dans beaucoup de villes de France, on a constaté de multiples cas où la règlementation n'est pas respectée, c’est ce qui nous amène à être en colère. Je ne vois pas pourquoi elle serait respectée à Nîmes. Maintenant quand le VTC est bien utilisé, il n’y a aucun problème. On demande à ce que les autorités soient compétentes pour contrôler les VTC et taxis. Nous respectons la règle et on a trop d’exemples où les VTC ne le font pas. Si la règle est respectée, il n’y a pas de conflit à venir.
"Ce n’est pas le Père Noël au mois de juin"
Craignez-vous que votre clientèle se tourne vers Uber ?
Les taxis ne craignent pas la concurrence mais plutôt le non-respect de la réglementation liée aux VTC. Chez Uber, la course minimum est à 27 € alors que la course moyenne à Nimes est de 12€ avec un taxi. Le tarif minimum pour une course est fixé à 7,30€. Une petite clientèle est partie tenter l’aventure Uber. Nous avons retrouvé nos clients quelques semaines ou mois après. Les chiffres parlent d’eux même sur le plan national ! Le tarif n'est pas forcément attractif et surtout se pose la question de la sécurité. Dans un taxi, le client est avec un chauffeur de taxi connu des autorités communales et préfectorales. Être chauffeur de taxi c’est rendre service et tout le monde n’a pas, notamment nos ainés, l’application Uber. Le taxi on l’appelle, on sait encore l’appeler, par le téléphone et nous aussi, nous avons une application.
C'est cette notion de service qui vous distingue d'Uber...
J'ai été démarché par cette plateforme pour que nous collaborions ensemble. Uber a un modèle économique qui transite avec des fonds qui ne sont même pas en France et favorise la précarité de certains chauffeurs. Contrairement à ce qui est dit, ce n’est pas participatif pour améliorer l'économie locale. Des chauffeurs qui vont faire 200 à 300 km pour venir travailler à Nîmes, quatre mois après ils repartent. Qu’est-ce que tu fais de tes clients le reste de l’année ? Et puis il ne faut pas oublier que les taxis étaient présents durant les deux années de la pandémie. À ce moment-là, Uber et Bolt ne sont pas souciés de servir la clientèle. Maintenant que la saison démarre, ils sont là, ce n’est pas le Père Noël au mois de juin. Il faut arrêter les bêtises !
Propos recueillis par Corentin Corger