C'est le vendredi matin et c'est une habitude à prendre été comme hiver, en pleine saison comme dans le creux des jours de pluie. Le marché des producteurs sur l'avenue Jean-Jaurès fait le bonheur de tous les consommateurs de belles et bonnes choses.

"C'est toujours un plaisir de venir tôt le matin ici. On retrouve les amis même si on met encore le masque ! Ça nous fait sortir, on calcule un peu, on regarde les plus beaux produits puis on décide et on retourne à la maison préparer la bonne pitance pour la famille qui, elle, est en vacances !" affirme Philippe, retraité de 62 ans et cordon bleu quand il s'agit de faire plaisir aux siens. En ce jour saint, le poisson sera de mise ! En entrée, une rouille achetée déjà prête à consommer, en plat de résistance, un filet de loup au citron et une belle poêlée de pousses d'épinard.

Pour d'autres, le marché signifie l'été et l'été, c'est aussi la paella, les senteurs espagnoles. Là aussi, chacun y va de son anecdote, c'est aussi ça les marchés. "On vient souvent chercher notre barquette ici car c'est la meilleure ! On a nos habitudes, nous savons qu'il faut y venir très tôt ou qu'il faut réserver des portions car à 9h, il n'y a plus rien ! Le marché, c'est souvent du calcul, parfois des astuces, rarement des supplications mais toujours une bonne ambiance !" ajoute Maritie.

Sur le Jean-Jaurès, la qualité est optimale et ici plus qu'ailleurs se vérifie la légende. Le Gard dispose d'un terroir rare et sublime en tout, pour tout. Les producteurs de fruits et légumes sont bien souvent dans la démarche d'une agriculture bio, raisonnée ou ancestrale. Les éleveurs font eux aussi des efforts. Les bouchers et les poissonniers proposent des produits qu'on ne trouve pas ailleurs et les stands pour picorer sont légion.

"En fait, je viens le vendredi non pas pour faire mes courses mais pour regarder le ballet. J'aime ça, je me mets en terrasse au Pantel ou ailleurs, j'écoute les gens parler un peu fort, j'entends les blagues, je discute puis, au bout d'un moment quand la faire arrive, je file chercher des accras de morue, des falafels ou des tellines selon mes envies. Je suis mieux ici qu'enfermé chez moi !" songe à son tour Paul. Écoutant discrètement la conversation, son voisin Philippe rebondit. "Vous savez, j'ai 75 ans, je n'ai presque plus de famille et le vendredi matin, pour moi, c'est sacré ! Ici je retrouve les amis, je m'en fais de nouveaux, j'ai l'impression de vivre encore ma jeunesse même si je sais que c'est faux. Parfois on se chahute un peu, souvent on boit l'apéritif ensemble. C'est un plaisir, nous avons de la chance d'avoir un aussi beau marché !"

Évelyne est une dame sérieuse. Grande habituée des marchés de Nîmes, du lundi aux Costières au vendredi sur le Jean-Jaurès, elle aime se balader et y a ses adresses. "Je viens d'aller chez le boucher de Marguerittes, c'est fabuleux, j'adore la ferme Beauregard, les cochons et les produits qu'ils vendent ont un vrai bon goût ! Pour le poisson, on a le choix mais j'ai ma préférence. J'essaie, souvent, de varier les plaisirs, de changer de boutique, de me laisser guider par mes yeux et mon nez. Au marché, c'est bien de prendre des habitudes, c'est rassurant, mais c'est encore mieux de s'aventurer vers de nouvelles opportunités !"

"Moi je vais chez la Petite coccinelle bleue, Pascal est un vrai paysan comme on aime. Il travaille juste ce qu'il faut pour nous offrir des fruits et des légumes au top ! Je sais qu'il fait tout pour être au meilleur du goût du moment et quand on y regarde vraiment en comparaison à la grande surface qui fait venir les légumes d'Espagne, il n'est pas si cher que ça et ses terres sont à la sortie de Nîmes !" conclut Philippe, un Nîmois qui connaît les bonnes adresses.