NÎMES Une omelette en pleine rue pour défendre l'élevage de plein air
Hier midi, devant la préfecture du Gard, une trentaine d'éleveurs ont participé à un acte symbolique : organiser une omelette au milieu de l'avenue Feuchères. Une action pour dénoncer l'obligation de claustration de tous les élevages afin de lutter contre la grippe aviaire. Les éleveurs regrettent une généralisation de ces mesures alors qu'aucun cas n'a été enregistré dans le Gard.
Le Conseil d’État vient de rejeter les trois recours déposés par la Confédération paysanne et sept syndicats qui demandaient l’annulation des arrêtés grippe aviaire généralisant l’obligation de claustration de toutes les volailles sur tout le territoire national. Pour les éleveurs, ces mesures nuisent au bien-être des animaux, à la qualité des produits et ne sont pas efficaces pour lutter contre la propagation de la grippe aviaire. "La politique de prévention devrait être axée sur les causes. Il faut une désintensification de l'élevage industriel", reproche Paul Ferté, représentant gardois de la Confédération paysanne.
Avec la flambée de l'épidémie principalement dans l'Ouest de la France, les sociétés d'abattage et d'équarrissage sont débordées par l'abattage d'animaux sains. "Face à cet afflux, on a même demandé à certains éleveurs de couper la ventilation et la distribution d'eau", s'émeut un éleveur présent à la manifestation. Ce que les éleveurs gardois n'acceptent pas, c'est de devoir appliquer des contraintes localement alors que la maladie ne semble pas circuler dans le Gard. "Même si notre département est un couloir de migration par sa situation géographique, il n'y a aucun cas de grippe aviaire enregistré et ce depuis plusieurs années. Mais nos volailles ne devraient pas voir la lumière du jour et être claustrées !", poursuit Paul Ferté.
"Ce n'est pas la solution de taper sur l'élevage de plein air"
La plupart des éleveurs gardois ont fait le choix de ne pas appliquer ces consignes et continuent d'élever illégalement leurs poules en plein air. Ainsi, officiellement, les oeufs ne sont pas considérés comme consommables pour le grand public. En signe de protestation, ils étaient une trentaine réunie, hier midi, sur l'avenue Feuchères pour cuisiner une omelette au beau milieu de l'avenue Feuchères face à la préfecture. Avec des oeufs qu'eux considèrent tout à fait propre à la consommation. Une action pour défendre l'élevage de plein air et demander à l'État de revoir son dispositif pour lutter contre la grippe aviaire avec la mise en place de mesures par territoire.
"Même avec l'obligation de claustration, on a dû abattre quatre fois plus de volailles lors de cette dernière crise. On voit que ce n'est pas la solution de taper sur l'élevage de plein air", regrette David Desvernes, qui compte 1 300 poules dans son exploitation située à Beauvoisin et qui évalue à 14 millions le nombre de bêtes abattues pour le moment en France. La Confédération paysanne met aussi en avant le bien-être animal et tient à alerter sur le fait qu'enfermer des poules ensemble entraînent des perturbations. "Elles se piquent et à terme c'est le taux de production qui chute", assure David qui s'inquiète d'une flambée du prix des oeufs dans les prochaines semaines.
Corentin Corger