Publié il y a 3 ans - Mise à jour le 12.05.2021 - marie-meunier - 4 min  - vu 1637 fois

OCCITANIE Craintes sur l'AstraZeneca, efficacité face aux variants, pass sanitaire... Alain Fischer répond aux questions des autorités sanitaires

Alain Fischer, président du conseil d'orientation de la stratégie vaccinale (©Thomas Padilla/MAXPPP) - /MAXPPP

Ce mardi soir, l'Agence régionale de santé (ARS) Occitanie a organisé un webinaire avec le professeur Alain Fischer, président du conseil d'orientation de la stratégie vaccinale. Il a répondu aux questions des autorités sanitaires de la région ainsi qu'aux professionnels de santé, notamment sur les vaccins AstraZeneca et Janssens, quand l'un suscite des craintes et l'autre de nouvelles interrogations. 

Avant de lui laisser la parole, Pierre Ricordeau, directeur de l'ARS Occitanie, a rappelé quelques chiffres. Dans la région, un peu plus de 2,5 millions d'injections ont été réalisées (dont 1,7 million de personnes ayant reçu la première injection, soit 37% de la population de plus de 18 ans). Des chiffres légèrement en avance sur la moyenne nationale. Et environ 380 000 personnes ont été vaccinées à l'AstraZeneca en Occitanie. Mais aujourd'hui ce vaccin inquiète au sein de la population après plusieurs cas de thromboses. Voici ce qu'on peut retenir de l'intervention d'Alain Fischer.

Qui peut accéder à la vaccination aujourd'hui ? "On a privilégié tout d'abord les personnes les plus vulnérables en termes d'âge et de maladies. Depuis peu de temps, toutes les personnes vulnérables de plus de 16 ans peuvent être éligibles. Maintenant, il reste devant nous le très grande nombre de personnes en bonne santé sans facteur de risque qui seront éligibles de façon globale vers mi-juin."

Et concernant les enfants ? "Pour l'instant, il n'y a pas d'autorisation à vacciner les enfants, même si on vient d'avoir les premières données d'efficacité pour la population des 12-15 ans du vaccin ARN Pfizer qui donne de bons résultats. On ne vaccine que pour des cas rares de maladie grave".

Quel vaccin pour quelle population ? "Aujourd'hui, il y a un seul point qui concerne cette question, ce sont les vaccins à adénovirus qui, de façon rare mais significative, plutôt chez des sujets jeunes, exposent à des risques thrombotiques. En France, c'est 28 cas pour un peu plus de 4 millions vaccinés. C'est faible mais ce sont des complications rares. Il y a eu quelques décès. On utilise donc systématiquement maintenant un vaccin ARN (Pfizer et Moderna) chez les personnes âgées de moins de cinquante ans. Y compris pour celles qui avaient reçu une première dose d'AstraZeneca, la deuxième dose sera du vaccin ARN. Il faut rappeler que ces vaccins adénovirus sont aussi efficaces que les ARN face au variant anglais. Il y a donc toutes les raisons d'utiliser le vaccin AstraZeneca et Janssens chez les personnes âgées de plus de 55 ans."

Y a-t-il des doses perdues d'AstraZeneca ? "En France, on a entre un et deux millions de doses non-utilisées d'AstraZeneca, car malheureusement, il existe cette réticence. Il faut relativiser, il y a plus de quatre millions de Français qui ont reçu ce vaccin."

Quid de la troisième dose ? "Il faut distinguer la troisième dose et le rappel. La troisième dose, c'est pour renforcer les défenses immunitaires des personnes immunodéprimées. Il faut se poser la question de l'efficacité et la durée de la protection chez les personnes très âgées, notamment en Ehpad. Il y a quelques personnes en France pour lesquelles sont survenus des covid chez des sujets totalement vaccinés. Il y a une réflexion en cours."

Quelle est la durée de protection conférée par la vaccination ? "Aujourd'hui, nous commençons à avoir des informations qui commencent à être assez précises sur les vaccins Pfizer et Moderna. Les données indiquent que six mois après l'injection, la protection reste excellente. Est-ce que ces six mois vont se transformer en neuf, douze mois ou plus ? Nous n'en savons rien. Y aura-t-il besoin pour les personnes en bonne santé et jeunes d'avoir ultérieurement un rappel saisonnier ? c'est plausible mais ce n'est pas certain. Il y a aussi une autre inconnue avec les variants... C'est évident que s'il y a une évolution du virus, cela pourrait avoir un impact sur les rappels."

Est-ce qu'une seule dose de Janssens suffit ? "Une dose de Janssens n'est pas plus, pas moins efficace qu'une dose d'AstraZeneca. C'est bien mais c'est pas top en termes de protection. Ça n'engage que moi, mais je pense qu'in fine, ce sera deux doses."

Quelle est l'efficacité des différents vaccins face à tous les variants ? "En Occitanie, le variant britannique est prédominant, comme en France. Les deux vaccins ARN et les deux adénovirus sont tout à fait efficaces, et ils le sont de manière égale. En revanche, on ne sait toujours pas si l'AstraZeneca est efficace face au variant sud-africain. Le pire scénario pour le futur serait l'émergence d'une mutation qui viendrait se greffer sur un des variants et qui le rendrait moins sensible à la réponse immune induite par les vaccins. Pour limiter ce risque, les laboratoires travaillent sur de futurs vaccins aux protéines, notamment celui de Sanofi qui devrait être disponible en fin de second semestre."

Quelle est votre position sur le pass sanitaire, qui a finalement été adoptée par l'Assemblée nationale ? "Le pass sanitaire n'est pas un passeport vaccinal qui serait une idée à rejeter, alors que la vaccination n'a pas été proposée à toute la population. Ce serait vraiment créer une inégalité. Le pass sanitaire, on peut l'obtenir soit par la vaccination, soit en montrant qu'on a déjà eu la maladie soit en démontrant que dans les trois jours précédents, on a eu un test PCR négatif. C'est pas simple mais c'est faisable. À ma connaissance, le pass sanitaire est exigé dans certaines circonstances restreintes : la participation à des manifestations avec beaucoup de monde par exemple. Il n'est pas prévu pour les musées mais sera nécessaire pour voyager hors de France."

Marie Meunier

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