PONT-SAINT-ESPRIT Débat électrique autour des orientations budgétaires de la commune
Le traditionnel débat d’orientations budgétaires, un des principaux temps forts de l’année municipale, se tenait jeudi soir lors de la séance du conseil municipal de Pont-Saint-Esprit. Et comme c’est désormais de coutume, les échanges entre la majorité et l’opposition ont été électriques.
Les Spiripontains ont pu pour la première fois regarder le conseil en direct vidéo sur Facebook. Et les habitués, délogés pour cause de huis-clos, n’ont pas dû être dépaysés par la nature des échanges entre majorité et opposition.
Parlons du fond d’abord. L’adjoint Benjamin Desbrun a présenté des orientations budgétaires « vigilantes et ambitieuses », d’après ses termes, du fait du « contexte inédit » lié à la crise sanitaire. Des orientations qui consistent notamment à « poursuivre ce qui n’a pu être achevé en 2020 », comme la RD 6086, « optimiser nos ressources », « poursuivre la maîtrise de la section de fonctionnement » ou encore « élaborer un plan pluriannuel d’investissement », déroule Benjamin Desbrun.
La section fonctionnement devrait être de 12,02 millions d’euros en dépenses et 13,78 millions en recettes, ces dernières « estimées à 219 000 euros de moins que l’an dernier », note l’adjoint. De quoi permettre tout de même de dégager une épargne brute d’1,67 million d’euros, qui fond à un peu moins de 85 000 euros après remboursement du capital de la dette et des autres dettes. Reste que la mairie présente 12 % de taux d’épargne brute. « Une bonne santé financière c’est plus de 10 %. Les indicateurs sont au vert, mais il faut rester vigilant », commentera Benjamin Desbrun.
Au niveau des investissements, 3,48 millions d’euros seront dépensés en 2021, principalement sur la RD 6086 (905 000 euros), la première tranche des escaliers Saint-Pierre (630 000 euros) et la rénovation de l’éclairage public (450 000 euros). Les recettes seront quant à elles à 3,62 millions d’euros. Quant à la dette, « il faudra attendre 2023 pour retrouver un peu de marges de manœuvre, sous réserves de dotations de l’État stables, pour retravailler la fiscalité de la commune », note l’adjoint. Enfin, côté ressources humaines, la mairie compte 251 agents, dont 56 % ont plus de 50 ans et 18 % plus de 60 ans.
« Au moins on ne pourra pas dire qu’il n’y a pas eu de débat »
Voilà pour la présentation, et voici ce qu'en pense l’opposition par la voix de Catherine Chantry (groupe UCS). L’opposante a déroulé un (très) long texte. Elle y dénonce, entre autres, l’absence « d’une vision des enjeux de la commune au moins à moyen terme », « d’une vision prospective » ou encore « d’une intégration communautaire. » De quoi indiquer, d’après l’opposante, « une vision carencée. »
Sur l’épargne nette, Catherine Chantry estimera qu’il s’agissait « d’un signal d’alerte majeur » avant de demander comment cette épargne nette « se comporte dans le temps », puis de dénoncer « un flou. » L’opposante reviendra ensuite sur la baisse des impôts qu’elle demande depuis la campagne. « Vous ne baissez pas les impôts car vous gaspillez l’argent sur des projets dont les coûts pourraient être diminués voire supprimés », estime-t-elle à propos des escaliers Saint-Pierre ou de l’achat d’un terrain pour 450 000 euros.
Catherine Chantry reprochera ensuite à la maire Claire Lapeyronie, par ailleurs vice-présidente de l’Agglo du Gard rhodanien, d’être « complice de dérives de gestion patentes » et de « l’absence » des enjeux communautaires dans le rapport d’orientations budgétaires de la mairie. L’opposante posera ensuite une série de questions aussi variées que les projets d’investissements, la consultation de la population, la pétition des commerçants par rapport aux incivilités, les pigeons ou encore l’informatique dans les écoles. Quant aux ressources humaines, Catherine Chantry dénoncera « un climat délétère persistant. »
« Vous remercierez votre plume de ma part », lui rétorquera Benjamin Desbrun avant de qualifier l’intervention de Catherine Chantry de « logorrhée. » « Vous parlez d’absence d’ambition pour Pont-Saint-Esprit, vous vous en avez de l’ambition, mais pas sûr que ce soit pour Pont-Saint-Esprit », relancera l’adjoint avant de dire que « sur l’épargne nette, je suis heureux que vous soyez d’accord avec moi. » Ce sera d'ailleurs la seule fois.
L’adjoint rappellera que le « flou » dénoncé par l’opposante venait de la nature du débat d’orientations, « le budget ce sera le 1er avril, là vous aurez le détail. » Sur les impôts, « il faut arrêter de ruminer », répondra l’adjoint en rappelant que « un point en moins d’impôt, c’est 100 000 euros de recettes en moins pour la commune » et que l’épargne nette était de 85 000 euros.
Sur l’Agglo, dont « la situation financière est très complexe », précisera-t-il, Benjamin Desbrun rappellera que Catherine Chantry, conseillère communautaire depuis 2014, « n’a à aucun moment pris la parole » et voté les budgets, y compris celui de 2020. Sur ce point, l’opposante lui reprochera « une interpellation très personnelle » : ayant perdu sa mère la veille du conseil communautaire du vote du budget 2020, elle avait donné procuration en demandant à s’abstenir.
Une demande visiblement pas respectée. Dans l’ensemble, l’ex-adjointe désormais opposante reconnaîtra avoir « peut-être commencé un peu tard à (se) réveiller. » Après quelques nouvelles passes d’armes, la maire sifflera la fin des échanges : « Au moins on ne pourra pas dire qu’il n’y a pas eu de débat. » Le match retour sera donc pour le 1er avril avec le vote du budget primitif.
Thierry ALLARD