PONT-SAINT-ESPRIT Un « plan Marshall » contre les incivilités
Des crottes de chien abandonnées sur les trottoirs, des mégots par centaines dans les caniveaux et surtout des dépôts sauvages d’ordures et d’encombrants : il n’y a pas qu’à Pont-Saint-Esprit que ça arrive, mais ici, on en a marre. « J’ai entendu le malaise et décidé qu’il fallait agir vite et bien », lance le maire, Claire Lapeyronie.
Un maire passablement agacée par ceux qui laissent des « cochonneries » dans sa ville, et dont les exploits lui reviennent aux oreilles avec une régularité de métronome. « Ça nous arrive par les administrés qu’on rencontre, par les réseaux sociaux, par la presse. Et je suis Spiripontaine, je le constate aussi au quotidien », poursuit-elle. Et si ça l’agace, ce n’est pas uniquement parce que ces incivilités polluent et sentent mauvais, c’est aussi parce qu’elles sapent les efforts de son équipe et des agents municipaux pour « rendre la ville plus agréable. Ce manque de respect pour la ville et ses agents m’insupporte. »
Alors après la création d’une "brigade verte" en 2015, devenue "brigade environnement" en février dernier, puis plusieurs réunions de crise au cours des derniers mois, un travail entamé avec l’Agglo, chargée de la collecte des déchets, pour voir si les points de collecte et le nombre de bacs était adapté, une identification de plusieurs « points noirs » et leur surveillance renforcée, la mairie change de braquet. « J’ai décidé qu’il fallait un plan Marshall contre les incivilités », tonne la première édile.
« On va passer au cran au-dessus »
Dix mesures, la première étant le renforcement de la "brigade environnement", qui passe de deux à quatre agents. Une brigade qui, jusqu’ici, « a fait beaucoup de pédagogie, de la prévention, mais on va passer au cran au-dessus », annonce l’adjoint à la sécurité, Daniel Mouchetant. En clair : maintenant on verbalise systématiquement. Avec une difficulté, « faire du flagrant,délit », explique le responsable de la "brigade environnement", Daniel Costes, qui peut parfois planquer de longues heures près desdits « points noirs ».
C’est la raison pour laquelle une des mesures de ce « plan Marshall » consiste en la mise en place d’une veille permanente sur les « points noirs », notamment grâce à des caméras mobiles qui iront de point noir en point noir, histoire de cravater les indélicats sur le fait.
Daniel Costes les attend de pied ferme, ces caméras. Ainsi, ce mardi il a découvert, avec son jeune service civique, Logan, un dépôt sauvage sur un point de collecte proche du cimetière, avec un frigo, des vêtements, des meubles ou encore un aspirateur. Ils sont arrivés après le dépôt, mais « on a retrouvé un nom dans les poubelles, on va aller le voir », prévient le policier municipal, qui a parfois l’impression « de ne pas y arriver. »
De retour sur place une demi-heure plus tard, de nouveaux déchets sauvages se sont ajoutés aux premiers. Cette fois ce sont des dizaines de bouteilles en verre qui sont jetées dans les bacs (alors que leur point de collecte est à dix mètres de là), encore plus de vêtements, et d’autres meubles. Le pire, c’est qu’une déchetterie est disponible à Pont, tout comme un service gratuit d’enlèvement des encombrants. « Ça prendra du temps, mais on y arrivera », affirme le conseiller municipal Benjamin Desbrun.
Thierry ALLARD
thierry.allard@objectifgard.com
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Le plan : d’autres mesures figurent dans ce plan, comme la mise en place d’une charte avec les commerçants pour le ramassage des déchets et des cartons après le marché, le déploiement d’un kit d’information sur le tri sélectif, un travail commun avec l’Association des villes pour la propreté urbaine, l’achat de « Glutons » pour nettoyer les rues, une action en centre-ville contre les pigeons ou encore la mise en place d’un « grand nettoyage » ponctuel du centre-ville.
Les chiffres : depuis la mise en place de la "brigade environnement", en février, 13 verbalisations de 68 euros pour dépôt sauvage à côté des containers ont été dressées, 16 de 35 euros pour erreur de tri et 10 rapports d’infraction de 5e classe, pour les dépôts les plus importants, avec une amende pouvant aller de 700 à 1 500 euros.
Le numéro : le service des encombrants est joignable via le numéro unique 04 66 90 34 00. La déchetterie de Pont, comme toutes celles de l’Agglo du Gard rhodanien, est accessible gratuitement pour les particuliers. Il faut toutefois se faire une carte. C’est possible à CitéZen, caserne Pépin, avec un simple justificatif de domicile.