SOMMIÈRES Un dernier hommage bouleversant à Enzo Robert
La communauté camarguaise de la bouvine a rendu un dernier hommage à Enzo Robert, 20 ans, décédé mercredi dernier lors d'une course camarguaise aux Saintes-Maries-de-la-Mer. Sous des trombes d'eau, son cercueil blanc a été porté jusqu'au centre des arènes de Sommières, aux côtés de 1 500 personnes affligées par la douleur.
Nul ne sait s'il a voulu mourir sur scène, mais Enzo a perdu la vie dans ses arènes chéries, l'endroit même où il affectionnait ce contact charnel, redoutable et tendre avec les taureaux, agneaux de Camargue.
Pierre Martinez, le maire du village, extrêmement ému, a pris le premier la parole pour parler du raseteur. "Cet enfant du pays et de nos traditions restera à jamais gravé dans nos coeurs", a déclaré l'élu d'une voix chevrotante, submergée par l'émotion. Avant que ses amis prennent la parole, le poème mythique de Rudyard Kipling, "Tu seras un homme mon fils" a été susurré dans les arènes endeuillées, choquées : "Si tu peux être fort sans cesser d’être tendre, et te sentant haï, sans haïr à ton tour, pourtant lutter et te défendre [...] tu seras un homme mon fils."
Silence dans les arènes, il a donc acquis le statut d'homme, Enzo, alors il nous voit et nous entend ? Les raseteurs tout en blanc qui ont entouré la piste des arènes en tee-shirt, sous la pluie pendant plus d'une heure, ne vous diront pas le contraire. Ils sont sortis avec leur ami, sanglotant de tristesse et de pluie. Ils ont compris que les traditions sont l'essence de notre pays.
Des anonymes, des représentants de la Fédération française de course camarguaise, ses amis, des raseteurs, environ 1 500 personnes sont venues rendre un dernier hommage à Enzo dans un silence saisissant, bercé par le bruit doux de la pluie par terre et sur les toits. Porté par ses amis dans son cercueil blanc, la pluie s'est arrêtée au moment précis où il est venu se poser au milieu de la piste. Et il est sorti sous une longue, longue, longue salve d'applaudissements alors que le ciel noir, aussi triste que la foule, déversait encore des tonnes d'eau sur les arènes.
Yannick Pons
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