UZÈS Les trufficulteurs européens engagés pour faire avancer leur filière
Le Groupement européen truffe et trufficulture (le GETT), qui regroupe les fédérations de trufficulteurs de France, d’Espagne ou encore d’Italie, a tenu ce samedi matin son assemblée générale à Uzès, en plein Week-end de la truffe. L’occasion de faire le point sur une filière qui compte peser lors des élections européennes.
« La culture du secret est finie » : la phrase, signée du président sortant du GETT, Jean-Charles Savignac, qui a passé ce samedi la main à l’Uzétien Michel Tournayre, en dit long sur l’évolution du monde de la truffe deux décennies après la création du groupement. Car des relations entre les trufficulteurs, notamment ceux des trois principaux pays producteurs, la France, l’Espagne et l’Italie, se sont tissées et sont entretenues via le GETT. « Nous allons voir à l’étranger ce qui se passe, et nous sommes liés par la recherche », explique Jean-Charles Savignac.
Liés également par un marché qu’ils n’arrivent pas à approvisionner : « En réalité nous ne sommes pas concurrents, poursuit-il. On ne produit pas assez de truffes pour répondre à la demande mondiale. » De fait, en 2018 l’Espagne a produit 48 tonnes, la France 30 tonnes (« mais c’était une mauvaise année », précise Jean-Charles Savignac) et l’Italie, qui n’a pas communiqué de chiffres officiels, se situerait autour de 15 tonnes. Les autres pays européens émergents sur la question de la production, comme la Suisse, ne représentant encore que l’épaisseur du trait.
Et l’arrivée de pays plus inattendus, comme l’Australie, n’est pas vue d’un mauvais oeil par le GETT. Une représentante des trufficulteurs australiens était présente samedi, pour donner notamment un chiffre : au pays du kangourou, on a produit en 2018 12,5 tonnes de diamant noir, dont 90 % sont partis à l’exportation, surtout dans l’hémisphère sud. « Ils exportent au moment où nous n’avons pas de truffes, car les saisons sont inversées, donc nous ne sommes pas concurrents », commente le président sortant du GETT.
Et si l’année a été largement plus pluvieuse que la précédente, ce qui laisse prévoir un rebond de la production, les trufficulteurs ont des revendications en vue des élections européennes de mai prochain. On y retrouve la possibilité d’irriguer, l’amélioration de la traçabilité des truffes, la protection de la truffe naturelle par rapport aux produits issus d’arômes ou encore la protection de l’environnement pour les truffières naturelles. « Nous devons porter un discours commun et exister pour améliorer la reconnaissance de la filière de la truffe, qui engendre de nombreuses retombées économiques », estime Michel Tournayre. « La truffe fait partie du patrimoine gastronomique de l’Europe », rappellera pour sa part Jean-Charles Savignac.
Ce sera un des prochains chantiers du GETT et de son nouveau président, qui compte également insister sur la promotion de la truffe, et pas qu’en France : « En Espagne il y a un marché interne à développer, car il n’y a pas cette culture gastronomique de la truffe. Nous allons les aider. »
Thierry ALLARD