VALLABRÈGUES La vase qui a fait déborder le port
La halte nautique de Vallabrègues a fait peau neuve après les travaux de désenvasement de la berge. Plus de 8 200 m3 de sédiments non polluants ont été curés et rejetés dans le Rhône.
Un dragage jamais réalisé auparavant qui devenait indispensable car les sédiments accumulés bloquait le trafic fluvial. Les bateaux stationnés étaient totalement ensablés et ne pouvaient plus circuler. Au point que seulement 11 places étaient utilisables sur les 18 disponibles. "Je suis resté bloqué pendant près d'un an et demi. Sous mon bateau, il y avait 2,80 mètres de vase et plus que 60 centimètres d'eau ! ", explique Hervé,qui vit sur la halte depuis trois ans avec sa femme Jocelyne. Comme eux, quatre bateaux sont amarrés toute l'année. Des riverains qui revivent et qui sont prêts à accueillir de nouveaux voisins.
8 200 m3 de sédiments retirés
"C'est une belle réalisation pour notre village", s'exclame Jean-Marie Gilles, maire de Vallabrègues. Et il a de quoi ! Avec un port désenvasé et désormais 25 anneaux proposés, la circulation fluviale va reprendre. Dix-huit contrats annuels de plaisanciers sont enregistrés, ce qui permet également de faire vivre les commerçants de la commune, notamment en haute saison. Des bateaux présents à l'année et d'autres de passage comme notamment les "Boat bike tours" où les passagers descendent de bateau et visitent les alentours en vélo. Un flux de touristes non négligeable pour la petite commune bordée par le Rhône. Des travaux financés entièrement par la Communauté de communes Beaucaire Terre d'Argence, pour un montant de 364 000 euros.
Et des élus qui regrettent un allongement de la durée de cette opération. "Deux ans et demi de rendez-vous administratifs pour seulement deux mois de travaux. Cherchez l'erreur !", s'insurge le maire de Vallabrègues. "On a été ralenti pour tout un tas de contraintes environnementales et heureusement que les sédiments n'étaient pas pollués sinon cela aurait coûté trois plus cher", conclut-il. "On nous a demandé parfois des choses un peu exagérées", complète Juan Martinez, président de la CCBTA.
Le patron de la communauté qui en a profité pour réaffirmer son attachement à son territoire : "on a des petits bijoux avec de beaux équipements, on se doit de les conserver". Juan Martinez, qui s'est rattaché à l'actualité et qui a glissé au passage un message d'encouragement au maire de Nîmes, Jean-Paul Fournier : "on a un aéroport et on me dit que ce n'est pas sûr qu'on le garde. Oh ! Monsieur le maire il faut se battre." Coach Martinez s'inquiète de ne plus pouvoir partager notre territoire avec les touristes : "s'ils atterrissent à Marseille, ils visiteront Marseille et plus le Gard", poursuit-il.
Un pare-embâcle qui pose problème
Si maintenant les quais sont propres et totalement désenvasés, l'objectif est d'éviter de reproduire la même opération dans trente ou quarante ans. Pour limiter le fait que les sédiments stagnent à nouveau, tout est question de la circulation de l'eau et du courant qui emporte la vase sur son passage. Mais aucun obstacle ne doit empêcher ou freiner le courant naturel. Le pontant flottant installé ne semble pas poser de problèmes, sauf quand plusieurs péniches y sont amarrées.
"Le problème relève surtout d'un pare-embâcle en béton qui bloque la création d'un courant" clarifie Hervé Boulle, directeur général de la CCBTA. L'essentiel est de laisser l'eau filer le long de la berge, car c'est de là que débute le dépôt des sédiments avant de s'accentuer dans le fleuve. Même si Juan Martinez a aussi précisé qu'il faut "garder en mémoire le Rhône, son histoire et le fait qu'il prendra d'autres aises", aucun travaux pour déplacer cette barrière en béton n'ont été évoqués. Les riverains souhaiteraient que le pare-embâcle soit maintenu mais posté bien plus en amont du fleuve. Un problème mesuré, qu'il va falloir maintenant régler. Évidemment, ça coule de source !
Corentin Corger