VENDREDI EXPERT Quel compromis entre piéton et conducteur ?
Selon le Code de la route, le piéton est prioritaire aux abords des passages piétons et son non-respect constitue un refus de priorité donnant suite à une amende et une perte de points. Depuis le 18 septembre 2018 et l'application d'un décret, les sanctions sont renforcées avec un retrait de 6 points sur le permis (au lieu de 4 auparavant). De plus, cette sanction peut être constatée par l'intermédiaire de la vidéo-verbalisation et donc à distance.
Cette semaine, suite à une recrudescence des accidents impliquant des piétons traversant sur des passages protégés, la police de Nîmes a mis en place sur le boulevard Victor Hugo un contrôle routier spécifique. Trente-sept conducteurs ont été contrôlés et plusieurs infractions relevées dont sept pour non-respect de la priorité piéton.
Yannick Ruellan, intervenant pour l'Association départementale pour les transports éducatifs de l’enseignement public (ADATEEP) nous en dit plus : "Le comportement autour des passages piétons est l'un des volets de nos interventions dans les établissements scolaires du Gard. En particulier pour sensibiliser les jeunes au port de casque de musique ou des oreillettes mais aussi - plus grave - à l'usage de smartphone en traversant différentes routes y compris hors des passages prévus à cet effet."
Concernant le durcissement du Code de la route, "C'est un peu excessif en particulier pour les permis probatoires. Notre problème réside en particulier sur l'intention. Quand un conducteur ne s'arrête pas délibérément, il est normal de le sanctionner. Mais quand un piéton ne manifeste pas clairement son intention de traverser, comment juger ?", analyse-t-il.
Autre problème que soulève la nouvelle application de la loi en matière de passage piéton : "Dès la maternelle, nous apprenons aux enfants la distinction entre feu rouge et feu vert. Hors, à présent, le Code de la route considère le conducteur responsable y compris quand les piétons traversent n'importe où et ne respectent pas les feux."
Pour Yannick Ruellan, "il est regrettable que cette nouvelle application et ce nouveau durcissement ne soit pas le résultat d'une concertation et de compromis entre comportement des conducteurs et des piétons."