Il "n'aime pas spécialement" les récompenses mais a reçu celle-ci avec "un grand plaisir". Ce vendredi soir, sur la scène d'une grande salle du Cratère clairsemée, Pierre Salvadori a obtenu le prix Itinérances initié l’année dernière à l’occasion du 40e Festival de cinéma d'Alès. Après Tony Gatlif, les organisateurs avaient en effet choisi d’honorer les quelques 30 ans de carrière du réalisateur de La petite bande. 

Avant l'arrivée du dernier nommé, le tandem Antoine Leclerc/Julien Camy avait planté le décor. "Ce soir, on célèbre un compagnonnage ayant rythmé l’histoire du festival", esquissait le délégué général de l'évènement, et qui dure depuis le court-métrage Ménage pour lequel Pierre Salvadori avait glané le prix du public ici-même en 1993.

La même année où le réalisateur livrait son premier long métrage, Cible émouvante, dans lequel le trio Jean Rochefort, Marie Trintignant, Guillaume Depardieu, ouvre la voie à une galerie de personnages un peu largués, souvent dépressifs, plus ou moins menteurs et toujours attachants.

Pour le président Julien Camy, le choix de couronner Pierre Salvadori relevait de l'évidence tant "il s’est imposé comme l’un des maîtres de la comédie intelligente, sensible, émouvante et toujours ancrée dans la société". Après quoi, la diffusion d'un clip compilant "les meilleurs extraits" de films de sa carrière a donné à voir l'immensité de son talent d'auteur.

Déboulant sur une standing-ovation du public, le cinéaste brisait la solennité du moment par une boutade bien sentie : "Avec cet hommage, j'ai l'impression d'être mort il y a dix minutes. J'espère qu'il y aura encore quelques films (rires)". L'heure était venue pour quatre jeunes femmes journalistes de Toute la ville en parle, journal du festival, de remettre au réalisateur le prix conçu par Souredj.

"Je suis très honoré car c'est un prix qui couvre l'ensemble d'une carrière. Il vient récompenser ce qui me tient le plus à cœur chez un cinéaste : la constance", a savouré Pierre Salvadori, ému. Les lumières de la salle s'éteignaient alors pour la projection de son film Hors de prix, sorti en 2006, dans lequel Gad Elmaleh et Audrey Tautou se donnent la réplique. 

Avant que ne débute sa projection, le lauréat du prix Itinérances s'était souvenu de ce film conçu non pas comme la comédie romantique qu'il est devenu, mais "de manière un peu plus politique", en abordant "la quête de l’argent et la perte de soi qu’elle peut générer". Le festival alésien n'en a pas fini avec Pierre Salvadori. Ce samedi 1er avril à 16h30, il réalisera une "masterclass" au Cratère, après sa carte blanche matinale (10h30) à la médiathèque Daudet au cours de laquelle le réalisateur présentera un film qu’il affectionne particulièrement : Nous avons gagné ce soir, de Robert Wise.