TRESQUES Une double exposition pour les dix ans de la Tour de Guet
Dix ans que la Tour de Guet, monument du XIIe siècle qui surplombe Tresques, est devenue une galerie d’art confiée à l’artiste Akoi Aka. 120 expositions plus tard, la tour fête son anniversaire avec un grand vernissage ce vendredi soir à partir de 18 heures.
Ce dixième anniversaire, « c’était un objectif au départ », reconnaît Akoi Aka, mais pas son seul objectif : « La volonté était de faire connaître la tour et Tresques par rapport aux grosses galeries, un défi, car nous sommes dans un endroit intime, caché. » Alors plus que la quantité, la tour vise la qualité, par le bouche-à-oreille. Un lieu vertical, décalé. « C’est très intéressant comme volume, les étages permettent une scénographie particulière », souligne Didier Vesse, directeur artistique de la foire d'art contemporain Art Montpellier, qui travaille avec Akoi Aka sur les dix ans de la tour.
Ici, l’artiste Akoi Aka est devenu galeriste, en allant chercher tous les mois « des artistes de plus en plus haut de gamme », capables d’attirer le public capable d’apprécier et d’acheter les oeuvres. Pour les dix ans, Akoi Aka a choisi d’exposer le sculpteur Stéphane Szendy et la peintre Addy Mafuila. « Un choix difficile », reconnaît le galeriste, qui a longtemps hésité entre une exposition nouvelle et une rétrospective. Alors il a fait un peu les deux, avec ces deux artistes, mais aussi avec des pièces de Charles Stratos, le parrain de la galerie, et d’Anna Baldaccini, dont l’exposition l’année dernière a marqué la tour.
Pour choisir Stéphane Szendy et Addy Mafuila, Akoi Aka y est allé « au feeling », avec deux artistes que le destin a mis sur sa route à un moment ou à un autre. « Je fais confiance à cette magie-là », glisse-t-il dans un sourire. Une magie pas dénuée de cohérence, car les oeuvres entre le sculpteur et la peintre dialoguent bien, et il en ressort « une signature africaine », revendique Akoi Aka, lui même originaire, comme Addy Mafuila, d’Afrique. De Côte d’Ivoire plus précisément pour lui, et de la République démocratique du Congo pour elle.
Stéphane Szendy est quant à lui installé en Aveyron, où il créée des sculptures dans de multiples matériaux : un large nuancier de bois, de terres, de pierres, d’émaux, d’os, d’aciers… Des oeuvres sensibles d’où affleure une grande technicité. « L’art et l’artisanat sont indissociables, la technique, tout dépend de ce qu’on en fait », commente l’artiste. Ses oeuvres, il les compose à partir de « trois formes primaires : le rond, le triangle et le carré, et à partir de là on retrouve toutes les civilisations de l’histoire de l’art », explique Stéphane Szendy. Le sculpteur aime à « faire voyager » le spectateur, et ça fonctionne.
Ça fonctionne d’autant plus aux côtés des toiles d’Addy Mafuila, ancienne aide-soignante et infirmière installée à Reims, longtemps « artiste refoulée », comme elle le dit. Peintre depuis 2010, elle a repris des études en école d’art dans la foulée après des problèmes de santé l’empêchant d’exercer son métier. Dans son art, Addy Mafuila a « des choses à dire, à exprimer ». Artiste engagée, elle a notamment réalisé le portrait du gynécologue congolais et défenseur du droit des femmes le Dr Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix, mais aussi d’enfants démunis mangeant ironiquement des langoustes ou encore un portrait à la signification cachée, évoquant Patrice Lumumba, premier ministre congolais assassiné en 1961. Le tout avec beaucoup de couleurs et de fleurs, qui viennent du « Jardin d’Éden » cultivé par son père dans son enfance au Congo. Un jardin aujourd’hui disparu, mais dispersé dans ses oeuvres.
L’exposition est à découvrir jusqu’au 31 mai à la Tour de Guet, place de l’Église à Tresques. Vernissage dès 18 heures ce vendredi, animations musicales et dégustations de vins, entre autres, au programme. Plus d’informations ici.